Voilà une raison de plus de suivre la préparation de ce robot multi-rotor qui devrait décoller pour la plus grande lune de Saturne en 2027. Le CNES et la NASA ont signé un accord pour une contribution française à Dragonfly : le chromatographe en phase gazeuse de DraMS, l’un de ses quatre outils scientifiques principaux.
Une marque de confiance, mais aussi un sacré travail à fournir pour les laboratoires français !
Une destinée titanesque
Dragonfly est l’une des plus ambitieuses missions robotisées qui se dessine pour la fin de la décennie 2020. Un robot de 450 kg, à huit rotors, équipé de patins et d’une pile radioactive thermique RTG, qui aura la difficile mission d’aller se poser puis s’envoler à plusieurs reprises pour parcourir le paysage de… Titan.
À pratiquement 1,5 milliard de kilomètres de son point de départ, Dragonfly disposera d’amples fonctions pour étudier son environnement de façon autonome, et quatre suites instrumentales principales. La première est centrée sur sa vision avec la DragonCam, la deuxième est une petite station météo couplée à un sismomètre, DraGMet, la suivante est l’ensemble de spectrométrie de masse DraMS, et le dernier est le spectromètre neutron – rayon gamma, ou DraGNS, qui examinera la composition du sol sous l’engin volant. La France, via un accord tout juste signé entre le CNES et la NASA, participera à cette mission, en particulier sur l’instrument DraMS (et sur DraGMet).
La France, et pas n’importe laquelle…
Le LATMOS (Laboratoire atmosphères, milieux et observations spatiales, CNRS/Université Paris Versailles, Saclay/Sorbonne) s’occupera de la contribution principale, un chromatographe en phase gazeuse, le DraMS-GC. Il permettra, avec le reste de la suite DraMS, de rechercher et d’identifier une gamme de composés organiques et même de potentielles biosignatures dans des échantillons d’atmosphère et de surface.
Une participation qui fait directement référence à l’instrument SAM de Curiosity , actuellement dans sa dixième année de fonctionnement sur la surface de Mars : son chromatographe en phase gazeuse était déjà un apport du LATMOS, et du LESIA (les laboratoires LISA et LGPM participeront aussi à Dragonfly).
Titan et son épaisse atmosphère, observée avec Saturne en fond… Crédits : NASA/JPL-Caltech
La libellule la plus lointaine de sa génération
Voilà une excellente nouvelle pour les scientifiques français, qui pourront donc participer à l’exploration active de l’une des plus impressionnantes (et à de nombreux égards, l’une des plus mystérieuses) lunes de notre Système solaire.
Titan, sur laquelle l’atterrisseur européen Huygens s’était posé en 2005, reste unique avec sa dense atmosphère chargée de CO2, ses lacs d’hydrocarbures et ses blocs de glace orangée. Voler sur place sera un exercice aussi ambitieux que périlleux. Une aventure et une opportunité unique cependant : il s’agira là de la première mission en 30 ans à partir plus loin que Jupiter (depuis Cassini en 1997), avec un atterrissage prévu sur Titan en 2034.