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Technologies / Sans Soyouz, l’Europe spatiale devrait-elle se tourner vers SpaceX ?

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Les sanctions et contre-sanctions suite à l’invasion de l’Ukraine mettent plusieurs lancements de satellites européens dans l’impasse. L’opérateur OneWeb s’est déjà tourné vers SpaceX, tandis que les agences de l’UE et l’ESA tentent de modifier leur planification. Car Ariane 6 se fait encore attendre…

L’industriel allemand OHB a visiblement déjà pris position.

Une seule fusée vous manque…

Depuis presque un mois, le débat agite les institutions, les industriels, les opérateurs comme les assureurs : comment remplacer Soyouz ? En réponse aux sanctions européennes, la Russie a retiré ses équipes du Centre spatial guyanais , tandis que les vols opérés pour le compte de OneWeb sur les cosmodromes russes ont aussi été abruptement stoppés. Pour les clients privés, l’alternative est simple : se tourner vers un autre partenaire commercial fiable, de préférence qui disposerait de créneaux de lancements orbitaux en 2022. Pas si facile à trouver…

Le Japon n’a pas cette souplesse dans les vols, l’Inde est en pleine réorganisation de son secteur et évolue lentement, et l’Europe est en pleine transition vers ses futurs lanceurs. Restent les États-Unis, qui accueillent ces prospects à bras ouverts… Même lorsque ce sont leurs concurrents. Ainsi OneWeb a annoncé hier transférer les lancements pour compléter sa constellation de connectivité internet de Soyouz à SpaceX ! Inimaginable il y a plus d’un mois.

Cherche lanceur européen désespérément

Le cas le plus épineux est en réalité celui des lancements institutionnels publics au profit des États européens, de l’Union européenne et de l’ESA. Deux paires de satellites Galileo devaient décoller avec Soyouz cette année, sans oublier les satellites EarthCare (ESA) et le télescope spatial Euclid début 2023, ou le satellite de la défense française CSO-3. Si ce dernier patientera visiblement jusqu’à l’arrivée d’Ariane 6, cela représente un nombre important de satellites qui ne pourront probablement décoller en 2022… À moins d’acheter les services d’un opérateur étranger.

L’agence européenne rendra son rapport en avril avec des recommandations, mais d’ores et déjà les industriels poussent dans différentes directions. Les Échos rapportent notamment le cas d’OHB (Allemagne), industriel de référence des satellites Galileo actuels, qui pousserait pour que les quatre unités les plus urgentes soient envoyées grâce à SpaceX, puis les suivantes sur son propre lanceur en développement avec sa filiale-start-up de référence, RFA (Rocket Factory Augsburg). La crise actuelle pourrait représenter une aubaine pour les acteurs du NewSpace… mais pour la majorité d’entre eux, leurs lanceurs sont encore loin de leur premier décollage.

Le dossier le plus urgent du spatial européen… Crédits : ArianeGroup/CNES

L’épineux problème du report des vols

L’autre option est évidemment d’attendre l’entrée en service d’Ariane 6. Le grand lanceur européen est en retard, ce qui n’est pas une exception dans l’industrie spatiale (ses équivalents autour du monde le sont aussi), mais tombe au mauvais moment face à l’invasion de l’Ukraine.

En effet, alors que le premier vol « glisse » officieusement vers le premier trimestre 2023 avec un calendrier déjà très contraint pour sa première année en fonction, il est peu probable d’y reporter tous les vols prévus en 2022 avec Soyouz, sauf à accepter de les mettre sous cloche, pour certains jusqu’à là mi (ou la fin) 2024.

Et inutile de penser à Ariane 5 : tous ses derniers vols sont réservés, tandis que le petit lanceur Vega et son successeur Vega C ont leurs propres problèmes d’approvisionnements et de futur à moyen terme.

Source : clubic

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