Les deux médias russes, considérés comme de puissants outils de propagande, sont bannis des réseaux sociaux du groupe Meta, mais aussi de YouTube et de TikTok .
Alors que la Russie poursuit son invasion de l’Ukraine, l’Union européenne a prononcé des sanctions économiques d’envergure contre Moscou, mais ces sanctions peuvent aussi être numériques de la part de l’Occident. Dans la foulée des déclarations de la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, qui veut bannir les médias RT (Russia Today) et Sputnik de la zone, plusieurs plateformes sociales de renom ont tour à tour annoncé, ces quarante-huit dernières heures, avoir banni les deux médias russes de leurs plateformes.
Des pages inaccessibles sur plusieurs réseaux sociaux de poids
Les géants du numérique ont décidé d’emboiter le pas, voire d’anticiper même, des sanctions de l’Union européenne. Le groupe Meta a annoncé, lundi, avoir restreint l’accès aux pages et comptes RT et Sputnik de ses deux réseaux sociaux phares, Facebook et Instagram , et ce dans toute l’Europe. Autrement dit, depuis le début de la semaine, les utilisateurs du Vieux continent n’ont plus accès aux deux médias russes depuis les deux plateformes.
Nick Clegg, le patron des affaires publiques du groupe de Mark Zuckerberg, a expliqué avoir reçu des demandes émanant de plusieurs pays de l’Union européenne, tous désireux de prendre des mesures supplémentaires concernant les médias contrôlés par l’État russe. « Compte tenu de la nature exceptionnelle de la situation actuelle, nous restreindrons l’accès à RT et Sputnik dans toute l’UE pour l’instant », a-t-il précisé sur Twitter.
Le groupe Meta fut devancé lundi après-midi par TikTok, qui a rendu inaccessibles les vidéos de RT et de Sputnik sur sa plateforme. Le réseau social chinois, détenu par le géant ByteDance, a visiblement souhaité marquer le coup.
L’État appelle les plateformes à prendre leurs responsabilités
Mardi, c’est un autre géant des médias sociaux qui a décidé de sévir. YouTube, plateforme vidéo de Google, a en effet annoncé, mardi après-midi à nos confrères de l’AFP, avoir bloqué les chaînes des deux médias russes, et ce « avec effet immédiat ». Outre les groupes Meta, Google et ByteDance, et avant la publication d’une réglementation européenne officielle en la matière, Twitter, Microsoft, Qwant ou encore Snap ont été invités à bloquer eux aussi et à leur tour les comptes de RT et Sputnik.
Sur France Inter aujourd’hui, le secrétaire d’État chargé de la Transition numérique et des communications électroniques, Cédric O, a confirmé avoir rencontré, la veille, les représentants français des principaux réseaux sociaux de la planète, pour leur demander d’anticiper, sur leur plateforme, le blocage ou la suppression des comptes, pages et chaînes de RT et de Sputnik, à l’instar de ce qui avait été fait, un an auparavant, avec l’ex-président américain Donald Trump.
RT et Sputnik se défendent, Cédric O interpelle vivement Twitter
De leur côté, les deux médias russes ont chacun répondu aux actions menées à leur encontre. Sputnik invite par exemple ses utilisateurs à consulter ses contenus via… Telegram et livre même l’astuce du VPN (en en citant plusieurs) pour celles ou ceux qui souhaitent accéder à sa chaîne YouTube, celle-ci n’étant bloquée qu’en Europe. RT, de son côté, indique avoir constaté le blocage de sa page Telegram, et dénonce la suspension de ses pages sur les diverses plateformes numériques. La chaîne YouTube du média compte près de 1,2 million d’abonnés.
Les pages françaises de RT et Sputnik étaient toujours accessibles sur la version hexagonale de Twitter lors de l’écriture de ces lignes. Mais chaque tweet de ces comptes est accompagné de la mention « Média affilié à un État, Russie ». Une mention sévèrement dénoncée et jugée largement insuffisante par Cédric O : « Je le dis et le répète encore plus ici : Twitter doit prendre ses responsabilités. Se contenter de simples messages d’avertissement dans la situation actuelle est ridicule et indécent ».
Le Syndicat national des journalistes (SNJ), qui rappelle que « fort logiquement, le positionnement éditorial de RT France est souvent discuté et contesté », considère toutefois que « s’en prendre à des journalistes, les expulser, interdire les chaînes ou les journaux dans lesquels ils travaillent constitue, quelles que soient les intentions affichées, un acte de censure qui réduit le pluralisme de l’information ».