La disparition des messages est désormais généralisée sur WhatsApp. Les utilisateurs peuvent activer cette fonction pour l’ensemble de leurs conversations – individuelle et de groupe – et choisir parmi de nouveaux délais de disparition (24 heures ou 90 jours). Une généralisation des messages éphémères qui n’est pas vue d’un très bon œil par une organisation de protection des enfants.
Le renforcement de la sécurité et de la confidentialité sur les applications de messagerie telles que WhatsApp, Messenger ou encore Instagram fait régulièrement l’objet de critiques. Le fait est qu’en renforçant la confidentialité des utilisateurs, ces applications protègent d’une certaine manière les abus qui ont lieu sur leur plateforme. Et c’est justement cela qui est critiqué.
Rendre invisibles les abus
L’annonce d’une généralisation des messages éphémères sur WhatsApp – option qui doit être activée par les utilisateurs – n’a pas manqué de faire réagir l’association caritative britannique pour les enfants, la National Society for the Prevention of Cruelty to Children (NSPCC). Selon cette dernière, cette nouvelle option a été « mal pensée » et créera un « cocktail toxique de risques » lorsque les plans de Meta pour crypter l’ensemble des messages envoyés à travers ses services – Messenger et Instagram – seront appliqués.
« Les délinquants manipulent les enfants sur des plateformes ouvertes comme Instagram avant de les rediriger vers WhatsApp pour d’autres abus où il y a moins de chance d’être détectés », a averti le responsable de la politique en ligne de la sécurité des enfants à la NSPCC, Andy Burrows, rapporte The Guardian.
« Cette décision de conception mal réfléchie permettra aux délinquants de supprimer rapidement les preuves de maltraitance d’enfants, ce qui rendra encore plus difficile pour les forces de l’ordre d’inculper les délinquants et de protéger les enfants. »
Éphémère et cryptage de bout en bout
La disparition automatique des messages combinée au chiffrement de bout en bout – fonction attendue prochainement sur Messenger et Instagram – va tout simplement empêcher les forces de l’ordre de faire leur travail et de récolter des preuves d’exploitation sexuelle d’enfants.
Craintes auxquelles le géant groupe américain Meta a déjà répondu, affirmant que des mesures seraient tout de même mises en place pour assurer la protection des utilisateurs. Il est en effet question d’utiliser les données non cryptées, de même que les informations de compte et des rapports d’utilisateurs pour détecter d’éventuels abus. Un système déjà mis en place sur WhatsApp et qui a déjà permis de transmettre des rapports aux autorités compétentes, souligne l’entreprise.
« Notre récent examen de certains cas historiques a montré que nous aurions toujours été en mesure de fournir des informations critiques aux autorités, même si ces services avaient été cryptés de bout en bout », a déclaré Antigone Davis, responsable de la sécurité au sein de Meta, en prévision du déploiement du chiffrement de bout en bout sur l’ensemble des applications de messagerie du groupe.
Une affirmation qui n’a pourtant pas convaincu le ministre britannique de l’Intérieur, Priti Patel, qui estime malgré tout que le cryptage de bout en bout sera une entrave à la capacité des forces de l’ordre de lutter contre les « actes criminels odieux ». Le chiffrement de bout en bout au sein de WhatsApp – pierre angulaire de l’application – rend déjà le travail des forces de l’ordre difficile.
D’un autre côté, la mise en place de mesures trop intrusives pour lutter contre les abus sur mineurs est tout aussi critiquée. Apple s’est en effet attiré les foudres des protecteurs de la vie privée après avoir annoncé le déploiement d’outils de détection de clichés à caractère pédopornographique sur ses appareils. Des critiques qui ont poussé la firme de Cupertino à mettre son projet en suspens. Trouver le bon équilibre entre la confidentialité et la protection des mineurs se révèle être une tâche particulièrement complexe pour les entreprises de technologie.