Différencier le visage d’un être humain de celui créé par l’Intelligence artificielle devient de plus en plus ardu. Le photoréalisme de ces portraits fictifs atteint des niveaux de perfection tels que l’observateur les trouve plus fiables et dignes de confiance que l’authentique bouille d’un quidam. Si elle a le pouvoir de divertir, cette technologie d’effets spéciaux, désormais accessible et démocratisée, peut aussi tromper.
Avec l’Intelligence artificielle, pas facile de distinguer le vrai du faux. Surtout lorsque cette technologie est utilisée pour générer des visages ultra-réalistes. Des chercheurs de l’université de Lancaster ont constaté qu’il est extrêmement difficile de différencier un visage réel d’un autre créé de toutes pièces par des algorithmes.
Ils ont réalisé plusieurs expériences pour déterminer à quel point ces visages de synthèse sont réalistes. Les chercheurs ont d’abord demandé à 315 participants d’identifier, parmi 800 portraits, les visages de personnes réelles et ceux générés par l’Intelligence artificielle. Ils ont obtenu un taux d’exactitude de 48,2 %, soit un peu moins que le hasard. Un deuxième groupe de participants a suivi une formation pour apprendre à reconnaître les visages artificiels, avant de se soumettre au même test. Leur résultat ? 59 %.
Ces scores médiocres ne sont pas étonnants au vu du degré de sophistication des logiciels d’Intelligence artificielle utilisés pour créer des visages ultra-réalistes en quelques clics. Ils le sont tellement que des internautes les utilisent à des fins de divertissement ou de parodie. L’un d’entre eux s’est amusé à faire apparaître Elon Musk dans le film de Stanley Kubrick, 2001, l’Odyssée de l’espace, tandis qu’un autre a créé un deepfake de Barack Obama traitant Donald Trump de « connard ».
Des visages qui inspirent confiance
Ce type de scénario fait couler beaucoup d’encre et soulève de nombreuses questions concernant l’utilisation des deepfakes pour diffuser de fausses informations. Les chercheurs de l’université de Lancaster ont voulu vérifier si les visages de synthèse suscitent un sentiment de confiance chez les spectateurs. Ils ont ainsi demandé à 223 participants d’évaluer la fiabilité de visages réels et de synthèse en leur attribuant une note de 1 à 7. Les visages générés par l’intelligence artificielle sont perçus, en moyenne, comme 7,7 % plus dignes de confiance que ceux humains. Un phénomène perturbant que les chercheurs expliquent par le fait que les visages de synthèse sont assez lambda. Cette apparente normalité inspire un sentiment de confiance chez la plupart des individus.
« Notre évaluation du réalisme photographique des visages générés par l’Intelligence artificielle indique que les moteurs de synthèse ont réussi à franchir la vallée de l’étrange [une théorie du roboticien Masahiro Mori selon laquelle l’affinité pour les robots augmente en fonction de leur ressemblance à l’humain, ndlr] et sont capables de créer des visages indiscernables – et plus dignes de confiance – que les visages réels », peut-on lire dans l’étude, récemment publiée dans la revue scientifique PNAS.
La prudence est donc de mise lorsque l’on tombe sur une photo ou une vidéo sur Internet. Surtout celles créées avec l’application chinoise Zao. Elle permet à ses utilisateurs d’insérer, en quelques secondes, leur visage dans des extraits de films ou de clips avec un simple selfie. Le résultat est parfois impressionnant de réalisme. La preuve que, sur Internet, il faut plus que jamais se méfier des apparences.
Source : futura