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Technologies / Les forces spéciales françaises misent sur le Flyboard Air de Franky Zapata

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Si Franky Zapata s’est d’abord fait un nom dans le sport professionnel comme pilote de jet ski, le Marseillais a surtout fait la une de tous les journaux en 2019 quand, le 4 août, il a traversé la Manche aux commandes d’un engin de son invention : le Flyboard Air. Un engin qui intéresse les armées, et pas qu’en France.

Moitié jet-pack, moitié hoverboard façon Retour vers le futur, l’engin se présente sous la forme d’une sorte de planche propulsée par cinq réacteurs fixés sous les pieds du pilote, alimentés par du kérosène contenu dans son sac à dos. Il est capable d’atteindre les 190 km/h, mais dispose d’une autonomie limitée à une dizaine de minutes, car le Flyboard Air est vraiment très gourmand : il lui faut deux kilogrammes de carburant par kilomètre, soit 250 litres aux 100 km. De quoi faire revenir vers le dur sol de la réalité cet engin volant tiré tout droit d’un univers de science-fiction et mis au point en 2016.

Trop bruyant, trop gourmand

Des défauts rédhibitoires qui ont d’ailleurs mis des bâtons dans les turbines de Franky Zapata : à Sausset-les-Pins, commune du sud de la France où il réside, les voisins se sont régulièrement plaints des nuisances sonores de la machine volante qui peut monter à 120 décibels (soit le seuil de douleur), ainsi que de fortes émanations de kérosène. Le Flyboard Air a ainsi été soumis dès 2021 à de sévères restrictions de vol et la mairie a demandé à Zapata de ne pas « porter atteinte à la tranquillité, à la sécurité et à l’hygiène publique ».

Un temps incompris dans son propre pays – l’administration française l’interdisant de faire des vols-tests -, Zapata a envisagé s’expatrier vers les États-Unis, jusqu’à ce qu’il obtienne les autorisations nécessaires à ses expérimentations en 2017. S’ensuit une période faste, avec un atterrissage sur les Champs-Élysées pendant le défilé du 14 juillet 2019, et puis la fameuse traversée de la Manche à la seconde tentative le mois suivant.

Le 14 juillet 2019, Zapata au-dessus de la place de la Concorde. Crédit: ISOPIX

Rôle militaire pour machine volante

Il faut dire qu’entretemps, la Défense française s’est intéressée à l’étrange machine de M. Zapata. Elle a en effet réagi après que Zapata Industries a attiré la convoitise de l’armée américaine. Les Français ont vite mis le holà. La firme a reçu le soutien du ministère des Armées en 2018, via l’Agence de l’innovation de Défense [AID]. Une enveloppe de 1,3 million d’euros lui a été allouée afin d’améliorer le Flyboard Air. Car la machine semble être une piste prometteuse vers un vieux fantasme des états-majors : un outil capable de donner à des soldats, à l’échelle individuelle, des moyens de se déplacer sur le plan vertical, et donc de survoler des obstacles, de surveiller une zone en altitude, de se poser sur le toit d’un bâtiment, voire d’attaquer via une direction par laquelle on ne les attend pas. On en revient à l’image du jet pack, version raid de commandos.

Dans sa forme première, la machine de Zapata accusait toutefois toujours les mêmes défauts, une consommation hallucinante et un niveau de bruit vraiment peu compatible avec la discrétion d’un commando. Mais le projet reste d’actualité, selon les confidences de la ministre française des Armées, Florence Parly, lors du Forum Innovation Défense: « Le premier FID avait été l’occasion de mettre en avant un projet qui pourrait paraître fou, celui du Flyboard de Franky Zapata. Si l’AID s’est intéressée à ce projet, c’est parce que d’autres nations expérimentent cette nouvelle forme ‘d’hyper-mobilité, et parce que nos forces spéciales pourraient y trouver des applications dans le futur. »

Quoi qu’il en soit, selon la ministre, les travaux conduits depuis trois ans ont donc permis « d’améliorer la discrétion acoustique, l’autonomie du Flyboard et d’optimiser la masse de son moteur. Prochainement, les forces spéciales expérimenteront une plateforme volante individuelle, pilotée, dérivée du Flyboard-R, laissant le pilote libre de ses pieds et de ses mains. J’attends de voir cela. »

Mobilité aérienne individuelle »

La France n’est pas le seul pays à espérer voir ses troupiers capables d’évoluer à plusieurs mètres du sol dans un futur proche : l’US Army aussi est sur la brèche. L’agence de recherche du Pentagone a révélé dans un document récent qu’elle cherchait à développer à « système de mobilité aérienne individuelle portable en tirant parti « des technologies de propulsion électrique émergentes » ou « des piles à combustible à hydrogène. » Un budget de 1,5 million de dollars pour financer les frais de développement de l’engin est prévu. Celui-ci devra être capable de porter un fantassin sur au moins 5 kilomètres à basse et moyenne altitude, et ce aussi discrètement que possible.

Le 14 juillet 2019, quand il a survolé la place de la Concorde, Franky Zapata s’était encombré d’un jouet, une mitraillette en plastique. Un geste qui n’avait rien d’anodin.

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