TIC

Technologies / Le programme international Argo poursuit son développement avec OneArgo

Publié

sur

Initié en 1999, le programme international Argo déploie des flotteurs-profileurs dans les océans du monde entier afin de mesurer des paramètres tels que la température et la salinité de l’eau. Ce projet rentre dans une nouvelle phase, appelée OneArgo, dont l’objectif est de répondre aux nouveaux enjeux scientifiques, notamment sur le rôle de l’océan profond sur le climat, la désoxygénation et l’acidification des océans, ou encore le cycle du carbone. 800 nouveaux flotteurs vont ainsi être déployés chaque année et viendront s’ajouter aux 4 700 flotteurs déjà en opération dans l’ensemble des mers de la planète.

Classée au troisième rang mondial en termes de nombre de publications basées sur Argo derrière les États-Unis et la Chine, la France est un contributeur important de ce programme. Elle participe à son financement à hauteur d’environ 10 %. Et pour cette nouvelle phase, 21 millions d’euros seront investis dans trois projets distincts. Le premier, appelé ObsOcean du CPER (Contrat plan État Région) Bretagne, prévoit l’acquisition de flotteurs classiques et d’autres appelés Deep Argo, capables d’aller dans de grandes profondeurs, jusqu’à 6 000 mètres. Des flotteurs BGC, c’est-à-dire équipés de capteurs biogéochimiques, seront aussi achetés et pourront mesurer l’acidité à travers le pH, la quantité d’oxygène de l’eau, la chlorophylle, la lumière et le nitrate. Au total, ce sont environ 80 flotteurs par an qui devraient être mis à l’eau à l’initiative d’Argo France durant la prochaine décennie.

Le projet PIANO (Plan d’Investissement Argo Nouvelles Observations), porté par l’Ifremer, vise principalement aux développements technologiques de flotteurs, ceux-ci devant être plus perfectionnés, avec une fiabilité et une durabilité améliorées. Une deuxième génération de flotteurs profonds et de nouveaux capteurs pour enrichir la gamme de flotteurs biogéochimiques vont être développés. « La mise au point de ces flotteurs profonds exige des améliorations technologiques majeures, notamment en termes de résistance à la pression qui est 600 fois plus forte à 6 000 m de fond qu’à la surface, précise Xavier André, ingénieur en instrumentation marine à l’Ifremer. Et nous devons également développer de nouveaux capteurs acoustiques et d’imagerie dédiés à la recherche écologique marine. » Ces flotteurs « made in France » devront aussi permettre de réaliser des analyses chimiques in situ grâce à des capteurs à miniaturiser. Le développement d’un capteur innovant multi-longueur d’onde pour mesurer la concentration en chlorophylle et en particules est également prévu.

Étendre le travail de recherche à l’écologie marine

Enfin, le projet Equipex Argo-2030 servira de démonstrateur scientifique et technique afin d’analyser les données issues des flotteurs de deuxième génération. Ceux-ci fourniront des observations allant de la dynamique physique aux niveaux trophiques élevés (zooplancton et petits poissons), étendant ainsi le champ d’application d’Argo à la recherche écologique marine. Quant aux flotteurs profonds, en échantillonnant les couches abyssales et en fournissant des observations biogéochimiques, ils devraient révolutionner les sciences océaniques en résolvant, à terme, le problème du sous-échantillonnage chronique des couches et écosystèmes marins abyssaux. « Les nouveaux flotteurs profonds Deep Arvor capables de recueillir des données jusqu’à 6 000 mètres vont nous aider à quantifier et comprendre comment l’excès de chaleur absorbé par l’océan dû au réchauffement climatique se répartit dans les couches profondes au-delà de 2 000 voire 4 000 mètres de profondeur, explique Virginie Thierry, océanographe physicienne à l’Ifremer. Nous pourrons ainsi évaluer l’impact de la dilatation de l’océan profond en réponse à ce réchauffement sur l’élévation du niveau de la mer ».

En 2030, le nouveau réseau Argo devrait être complètement opérationnel. Jusqu’ici, ce programme a permis de démontrer qu’un réchauffement des océans s’opère et qu’il a permis de stocker plus de 90 % de l‘excès de chaleur dû aux activités humaines. Ce phénomène permet donc d’atténuer l’impact des activités humaines sur le climat, mais n’est pas sans conséquence sur les océans. Ceux-ci se dilatent et il a été démontré que 40 % de l’augmentation du niveau de la mer est due à la dilatation thermique des océans, le reste étant lié à la fonte des glaciers et des calottes polaires.

Source : techniques-ingenieur

Cliquez pour commenter

LES + LUS DU MOIS