Le salon de l’agriculture a ouvert ses portes ce samedi 26 février et des milliers de visiteurs vont affluer jusqu’à sa fermeture ce 6 mars. Au-delà des produits du terroir et de l’exposition d’animaux de la ferme, c’est aussi l’occasion pour la French Tech de mettre en avant ses innovations dans l’agriculture, l’agroalimentaire, la technologie et le numérique à une échelle industrielle. Louis Fleuret, directeur adjoint de La French Tech explique que ce label permet de « mettre en avant des entreprises déjà avancées, au niveau national et international ». A ce jour, seulement deux entreprises du Next40/120 2022 sont dans le domaine de l’agriculture et agro-alimentaire : Ynsect et Agriconomie. Les deux start-ups, lancées respectivement en 2011 et 2013, veulent répondre aux divers enjeux futurs du monde agricole.
La plupart des startups du classement Next40 sont en effet dédiées aux au domaine de la santé, des RH, de la transformation numérique. En ce sens, Louis Fleuret souhaite aller plus loin pour le domaine agri-agro et annonce la création d’un nouveau classement, Agri20, dédié exclusivement aux innovations dans ce secteur. Ce classement, poussé par le ministre de l’Agriculture, Julien Denormandie et le secrétaire d’Etat au numérique, Cédric O, devrait permettre de faire émerger 20 champions. Les entreprises doivent déjà avoir un modèle économique stable ainsi que des équipes établies et plusieurs bilans pour intégrer le classement. Les candidatures sont ouvertes depuis le 28 février et le jury sélectionnera 20 profils en mai prochain. Ce palmarès annuel sera un rendez-vous récurrent chaque année. Paolin Pascot, co-fondateur d’Agriconomie et de l’association La Ferme Digitale est également membre de ce jury. Il précise que plusieurs noms sont déjà en lice, opérant dans la robotique, la génétique ou encore l’IoT. Pour rappel, le Gouvernement a déjà lancé des initiatives en faveur de ce secteur. Le 30 août 2021 la « French AgriTech » a ainsi vu le jour pour accélérer le développement de l’innovation agricole avec une enveloppe de 200 millions d’euros.
Répondre aux problématiques de demain
« Nous devons répondre à cinq enjeux de demain : nourrir mieux, avoir une énergie plus verte et plus locale, avoir un accès pour tous à l’eau douce, affronter la réalité climatique et enfin, faire vivre les agriculteurs » détaille Paolin Pascot. L’objectif est de taille et les défis à relever sont nombreux. Le classement Agri20 pourrait donc répondre à ces problématiques comme l’explique Louis Fleuret. « Il s’agit de créer un programme pour 20 entreprises qui répondent aux principaux défis de l’agriculture d’aujourd’hui, qui nous permettent de mieux connaître les enjeux spécifiques à ce domaine que représentent l’agriculture et l’alimentation ». L’intégration de ce label devrait servir de tremplin pour les filières agro-alimentaires et agricoles, avec des moyens nécessaires pour chercher davantage d’investisseurs, surpasser les lenteurs de l’administration et s’étendre à l’international.
« C’est un label mais aussi un programme d’accompagnement » admet Louis Fleuret. 60 personnes sont notamment disponibles pour ces jeunes entreprises afin de les aider dans leurs démarches administratives. Ynsect en a fait l’expérience, s’appuyant sur ces référents pour des problématiques d’exportation à l’étranger. Antoine Hubert, son dirigeant, précise que l’export de ses produits en Europe représente la moitié de son chiffre d’affaires. Ynsect débute également l’export aux Etats-Unis et au Japon. Présente dans le Next40 depuis la première édition, soit trois ans, la jeune pousse a su grandir et emploie aujourd’hui 260 personnes réparties entre le siège social à Paris, le centre de recherche à Évry-Courcouronnes, et ses trois fermes d’élevage basées dans le Jura, aux Pays-Bas et à Amiens (cette dernière est en construction). La start-up Ynsect est en effet spécialiste dans l’élevage d’insectes destinés à la nutrition végétale, animale et humaine. A terme, elle souhaite ouvrir une dizaine de fermes de 100 personnes chacune. A ce jour, une centaine de postes sont à pourvoir, notamment des opérateurs, des ingénieurs, des techniciens ou encore des data scientists.
La start-up Ynsect, basée à Paris, a doublé ses effectifs en l’espace d’un an et prévoit de recruter une centaine de personnes prochainement. (Crédit : Ynsect)
Pilotant ses fermes à grande échelle, Ynsect traite des millions de données. Antoine Hubert estime que la ferme d’Amiens en construction devrait, une fois active, générer plus d’un milliard de données par jour sur la croissance des insectes, leur comportement, la température,… Elle utilise également l’analyse d’image et le machine learning pour surveiller la croissance et les rendements des insectes mais aussi le pilotage de ses machines grâce à la maintenance prédictive.
Favoriser les investissements et recrutements
Pour Paolin Pascot, ce label French Tech Next40/120 est en effet un moyen supplémentaire dans la recherche d’investisseurs et dans le recrutement. Proposant aux agriculteurs d’acheter tout ce dont ils ont besoin sur leur exploitation depuis une marketplace, l’entreprise a su devenir un acteur important sur ce marché. Avec 100 000 clients français et 15 000 clients étrangers (présents en Allemagne, Belgique, Espagne, Italie), Agriconomie répond à une demande croissante. Elle emploie à ce jour 70 personnes et poursuit son recrutement avec une vingtaine de postes ouverts. L’entreprise prévoit de se développer davantage à l’étranger et annonce un chiffre d’affaires de 60 millions d’euros pour son prochain bilan bouclé en juin 2022.
Source : lemondeinformatique