Encore quelques semaines, et les solutions de paiement digitales prendront le pas sur le cash qui domine encore le marché. Et pour cause, l’Agence des services et systèmes d’information (Assi) est à pied d’œuvre pour concrétiser la Plateforme nationale de paiement électronique.
Une révolution se prépare pour réduire la part de l’argent liquide dans les paiements. La Plateforme nationale de paiement électronique (Pnpe) en cours de réalisation s’annonce comme un catalyseur des affaires à travers le développement des services en ligne et d’une administration intelligente. Elle favorisera le paiement électronique marchand et le commerce en ligne encore à la traîne au Bénin.
Qu’il soit client de l’administration publique ou du secteur privé, le consommateur final des services numériques pourra « librement et en toute sérénité » choisir le moyen de paiement qui lui convient, fait savoir Serge Laurent Adjovi, directeur de l’Agence des services et systèmes d’information (Assi), structure en charge de l’exécution du projet.
L’ambition, c’est de faire de la plateforme une interconnexion des différents modes de paiement digitaux et du mobile money ce qu’est la carte bancaire dans les pays occidentaux, informe Jean-Yves Ogoundélé, chef du projet à l’Assi. « La Pnpe sera un levier majeur pour la transformation numérique au Bénin ; elle aidera à la réduction de la masse fiduciaire en circulation et sera un pourvoyeur de croissance à travers la baisse des coûts de transaction et la mutualisation des services », poursuit-il.
Le Trésor public, le fisc, les grands facturiers que sont la Sbee, la Soneb, les collectivités territoriales, les banques et autres Fintechs seront connectés à la plateforme transactionnelles à travers tous les types de canaux de distribution : terminal de paiement électronique (Tpe), guichets automatiques, kiosques multimédias, internet, et tous les types de cartes et produits traditionnels et cartes de crédit Emv (Mastercard et Visa) de tous les grands réseaux.
Au Bénin, le cash est toujours roi. Les paiements se font en majorité en liquide, avec comme corollaires des risques liés à leur manipulation tels que les vols, la contrefaçon de monnaie, la corruption, le blanchiment d’argent.Une partie des flux financiers épars échappe au contrôle, entraînant des déperditions pour l’économie nationale. La Pnpe se veut une solution contre la fuite des capitaux et favorisera la traçabilité des flux, la disponibilité des statistiques pour la prise des décisions stratégiques adéquates.
En effet, moins de 500 points de vente acceptent les paiements par cartes, fait remarquer Jean-Yves Ogoundélé. De même, ajoute-t-il, en dépit de l’essor de l’émission de monnaie électronique,moins de 5000 points de vente actifs acceptent le paiement par mobile money et il n’y a quasiment pas de sites internet avec acquéreur local proposant le paiement par carte bancaire ou mobile money.
Par contre, le nombre de personnes ayant un compte mobile money actif dépasse aujourd’hui les 3 millions. Le déploiement de la plateforme de paiement électronique contribuera donc à réduire la fracture numérique en termes de paiement. Il palliera la répartition inégale sur le territoire national des guichets de paiement parfois déconnectés ou inaccessibles en dehors des heures de travail des usagers. Cette situation impacte souvent les délais de réalisation des formalités et d’entrée en possession des paiements et engendre de longues files d’attente ainsi que la perte de temps aux guichets, des coûts supplémentaires : frais de transport.
Selon Jean-Yves Ogoundélé, la Pnpe est basée sur quatre piliers : technique, légal, économique et gouvernance. Entre autres, elle est prévue pour traiter un volume important de transactions et offrir des gages de sécurité. Les activités bancaires de la Pnpe doivent être conformes aux réglementations de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa). L’émission de monnaie électronique est notamment encadrée par l’Instruction n°008-05-2015 du 21 mai 2015 de la Bceao régissant les conditions et modalités d’exercice des activités des émetteurs de monnaie électronique dans les Etats membres de l’Union.
Les services publics à distance payants seront encadrés par le Code du numérique. Sous la responsabilité de l’Etat, la Pnpe a une vocation sociale mais se doit d’être économiquement rentable pour être pérenne, tout en offrant un mécanisme de revenu sharing avantageux pour les fintechs et un modèle de compensation avantageux pour tous, indique Martin Fetani Biaou, assistant technique sur le projet.Il souligne qu’un partenariat gagnant-gagnant peut se créer entre l’écosystème de ces sociétés et la Pnpe, en leur permettant de capitaliser l’existant, de trouver de nouvelles sources de revenus, de créer de la valeur ajoutée aux services proposés et une plateforme Api. La technologie Open Banking permettra de sécuriser les données financières avec un tiers qui a la possibilité d’initier le paiement au nom des usagers, à travers l’ouverture de comptes, des prêts instantanés à la caisse, les prélèvements automatiques, la gestion de fonds.
Le projet est subdivisé en deux phases. La première prendra en compte le paiement de factures de la Soneb, la Sbee, les canaux tels que les services publics, les moyens de paiement offerts par les réseaux de téléphonie mobile de la place. Lors de la seconde phase, s’ajouteront de façon graduelle le paiement des services de la direction générale des Impôts, la direction générale du Travail, les versements des prestations de la Caisse nationale de sécurité sociale (Cnss), le paiement des factures par carte bancaire Gim (Groupement interbancaire monétique), l’intégration Mobile Banking, puis le paiement de factures et de services par carte Visa/ Mastercard sur le portail et via application, le Switch national.
Source : acotonou