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Technologie / La 5G pourrait perturber les prévisions météo

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Alors que les premières fréquences 5G sont activées mercredi, en France, nombre de météorologues redoutent des interférences sur les satellites nécessaires aux prévisions météo.

En cause, les émissions à très haute fréquence, sur la bande dite millimétrique des 26 gigahertz (GHz) qui ne font pas partie du premier lot attribué en France pour le lancement de la 5G. Des ondes de faible portée mais de grande capacité, nécessaires par exemple aux énormes quantités de données du futur «Internet des objets», à l’industrie ou aux centres urbains surpeuplés.

Jim Bridenstine, patron de la Nasa, résumait l’impact potentiel de leur déploiement en avril 2019 devant la Chambre des représentants: «Cette partie du spectre est nécessaire pour prédire où un ouragan va toucher terre. Si vous ne pouvez prévoir ça avec précision, vous pouvez ne pas évacuer les bonnes personnes. (…) Et il y a une très grande probabilité que nous perdions beaucoup de données» si ces fréquences sont attribuées aux données mobiles.

«Imaginez que vous avez un voisin qui écoute la radio très fort»

Le problème est leur proximité avec les ondes électromagnétiques permettant la mesure des composants chimiques de l’atmosphère. Particulièrement «la colonne de vapeur d’eau, c’est-à-dire toutes les caractéristiques de formes chimiques que peut prendre l’eau, depuis le brouillard, la gouttelette, la pluie, jusqu’à la grêle», données indispensables aux prévisions météo, explique Eric Allaix, de l’Organisation météorologique mondiale (OMM).

«Imaginez que vous avez un voisin qui écoute la radio très fort. Eh bien s’il l’écoute plus fort que votre cloison peut isoler ce qui correspond pour vous à du bruit, vous allez être gêné, et c’est exactement ce qui pourrait se passer», poursuit-il.

Des limites «pas assez contraignantes»

Fin 2019, l’OMM, épaulée par plus d’une trentaine de pays, notamment européens, a soulevé le problème lors de la conférence mondiale des radiocommunications de l’Union internationale des télécommunications (UIT), tout en insistant qu’il «ne s’agit évidemment pas de s’opposer au lancement de nouvelles technologies de communication».

Après de longues discussions, cette instance a défini des fréquences d’émission pour la 5G permettant que «les services par satellite à l’appui de la météorologie et de la climatologie (…) (soient) protégés contre les brouillages radioélectriques préjudiciables».

Mais ces limites «ne sont pas assez contraignantes», estime l’Agence spatiale européenne (ESA). Son chef du Bureau de gestion des fréquences Enrico Vassallo souligne que les propositions européennes à l’UIT résultaient déjà «d’un compromis» qui «n’offrait pas de marges» de sécurité satisfaisantes. Une situation d’autant plus problématique «qu’il n’y a pas de techniques d’atténuation actuellement connues», souligne-t-il. «C’est « le » point important: il n’y a pas de plan B», renchérit M. Allaix.

De nouvelles normes appliquées plus vite

Outre l’incidence sur les prévisions météo à court et moyen terme, les conséquences pourraient se faire sentir sur les bases de données destinées à l’étude du changement climatique, comme celles utilisés par les experts onusiens du Giec. «Toutes ces données ont été faites sur la base d’un certain référentiel de mesure, un certain niveau de variations dans ces fameuses bandes. Si vous changez ce référentiel, vous perdez toute la profondeur temporelle des données collectées», explique M. Allaix.

Pour essayer de limiter ces inconvénients, l’UE a décidé en avril d’avancer du 1er septembre 2027 au 1er janvier 2024 l’application des nouvelles normes édictées par l’UIT. Avec l’espoir de devancer le déploiement à grande échelle des équipements 5G pour la bande des «26 gigas», et peut-être influer ainsi sur les équipementiers (les matériels respectant ces limitations étant plus chers).

Source : Lessentiel.lu

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