C’est une bonne nouvelle : jeudi 11 mars, l’Agence européenne des médicaments (AEM) devrait autoriser un nouveau vaccin contre le Covid-19, celui de Johnson & Johnson, qui viendra donc s’ajouter à ceux de Pfizer-BioNTech, Moderna et AstraZeneca, déjà administrés sur le Vieux Continent. C’est d’autant plus une bonne nouvelle qu’il ne nécessite qu’une dose, et pas deux comme ses prédécesseurs.
Mais, avant même que cette étape soit franchie, la capacité de l’industriel américain à respecter ses engagements, et à livrer au deuxième trimestre 55 millions de doses à l’Union européenne (UE), est sujette à caution. « Bien sûr, quand vous commencez à produire, c’est une route cahoteuse », a commenté, mardi 9 mars, Thierry Breton, qui a eu des échanges informels avec Johnson & Johnson et s’apprête à en intensifier le rythme dès que l’AEM aura donné son visa.
Le commissaire européen, chargé du volet industriel de la stratégie vaccinale communautaire, ne juge pas pour autant utile, à ce stade, de revoir ses prévisions. « Je ne suis ni inquiet ni préoccupé », assure-t-il. Pourtant, en l’état, la chaîne de production du groupe américain peut laisser présager quelques difficultés. Elle passe par les Etats-Unis – où sont envoyés les vaccins produits aux Pays-Bas afin d’y être mis en flacons, avant d’être réexpédiés en Europe – et, de ce fait, se trouve sujette au bon vouloir de Washington. Car outre-Atlantique, où Johnson & Johnson a déjà revu à la baisse ses livraisons au premier trimestre, les exportations de vaccins comme de composants sont soumises à autorisation.
« Il y a effectivement des risques que Johnson & Johnson ne livre pas les 55 millions de doses promises au deuxième trimestre. Mais le groupe et l’équipe de Thierry Breton cherchent activement des solutions », reconnaît un haut fonctionnaire européen. Des usines en Espagne et en Italie pourraient notamment être mises à contribution, « ce qui permettrait déjà de nous mettre à l’abri de la menace d’un “export ban” américain », poursuit cette source. Dans le même temps, Bruxelles et Washington discutent. « Les chaînes de production américaines et européennes de vaccins sont hautement interdépendantes. Même si nous n’avons pas les mêmes règles, nous avons des intérêts en commun », juge Thierry Breton.
Dans ce contexte, les Européens envisagent de se doter d’un mécanisme de contrôle des exportations de composants utiles à la production de vaccins, en plus de celui qu’ils ont mis en place le 30 janvier pour les vaccins, dans la foulée de l’affaire AstraZeneca. Quelques jours avant, l’anglo-suédois avait annoncé qu’il livrerait moins du tiers des 120 millions de doses promises aux Vingt-Sept pour le premier trimestre. Et fait naître le soupçon, chez ses clients européens, qu’il avait vendu au Royaume-Uni des vaccins qui leur revenaient.
Source : lemonde