Tribune. Nos associations représentent des patients transplantés, dialysés, atteints de cancers hématologiques, soumis à des traitements lourds. Ils ont en commun d’être profondément immunodéprimés, très vulnérables aux risques de formes graves de Covid19 ou de décès, et pas ou mal protégés par la vaccination. Ces fragilités ont donné lieu à leur accès « ultraprioritaire » à la vaccination dès janvier 2021, puis à la recommandation d’une 3e dose vaccinale systématique en avril.
Malheureusement, à l’issue de cette 3e dose, et parfois d’une 4e, voire d’une 5e, une part importante d’entre eux ne présente toujours pas de réponse suffisante à la vaccination. Face à cette impasse vaccinale, un accès précoce a été autorisé dès le 4 août 2021 à un médicament – le cocktail d’anticorps monoclonaux Ronapreve (casirivimab-imdevimab) – permettant de leur apporter une protection effective contre la contamination, dans le cadre d’une stratégie de prophylaxie préexposition.
Ce traitement injectable, qui nécessite une administration mensuelle, représente une planche de salut pour celles et ceux qui, depuis le tout début de la crise sanitaire, vivent une anxiété considérable et souvent une véritable réclusion sociale, dans l’angoisse d’être contaminés par leur entourage, leurs enfants scolarisés, leurs collègues de travail, etc. Pourtant, quatre mois après cette autorisation et alors qu’une cinquième vague s’abat sur la France, l’accès à ce traitement reste extrêmement limité.
Des difficultés organisationnelles
A ce jour, seulement 3 500 doses ont été utilisées pour 57 000 patients relevant des indications. Les causes avancées pour ne pas administrer ce médicament sont nombreuses, mais peu convaincantes. Une pénurie a tout d’abord été évoquée. Elle a été démentie par l’Etat, qui s’est aussi engagé à assurer les réapprovisionnements nécessaires. Une partie de ce stock (près de 40 000 doses) dort actuellement dans les pharmacies des hôpitaux, alors que sa date de péremption se rapproche.
Du reste, le coût du traitement ne peut en aucun cas justifier un refus d’utilisation, toutes ces doses ayant déjà été achetées par l’Etat. Pour certains professionnels, la stratégie de confinement (ou de « cocooning ») reste préférable et suffisante pour ces patients. Cette approche, impossible en pratique (notamment pour les personnes ayant besoin de soins hors domicile ou parents d’enfants non vaccinables), occulte les conséquences sociales, professionnelles et psychologiques de l’isolement.
Par ailleurs, les difficultés organisationnelles ont représenté un frein majeur et réel, dans un contexte de crise des hôpitaux : ressources humaines insuffisantes, absence de lieu adapté, difficultés à contacter les patients, lourdeur de la procédure, manque de temps et de lits en hôpital de jour.
Source : lemonde