Les États-Unis ont autorisé, mercredi, l’injection d’une troisième dose de vaccin anti-Covid de Pfizer à partir de 65 ans, et pour les personnes à «risque», a annoncé l’Agence américaine des médicaments. La dose de rappel pourra être administrée, à partir de six mois, après la deuxième injection.
Entre 18 et 64 ans, les personnes éligibles pour cette dose de rappel comprennent celles présentant un «haut risque» de développer une forme grave de la maladie, y compris à cause d’une «exposition fréquente» au virus liée à l’exercice de leur profession ou à leur situation, selon un communiqué de l’agence américaine (FDA). Cette définition permet d’inclure «les travailleurs de santé, les enseignants et personnels scolaires, les employés de supermarchés et ceux dans des refuges pour sans-abri ou des prisons, et d’autres», a déclaré la cheffe par intérim de la FDA, Janet Woodcock, citée dans le communiqué.
Revers pour l’administration Biden
Un comité d’experts des Centres de prévention et de lutte contre les maladies (CDC), principale agence fédérale de santé publique du pays, doit à son tour se réunir jeudi pour discuter de la question. Ces experts devront notamment préciser qui doit être compris dans le terme «haut risque» selon eux, avant que les CDC ne publient leurs recommandations détaillées à destination des professionnels qui administreront ces troisièmes doses. Si les catégories de population concernées sont potentiellement très larges, cette décision de la FDA reste un revers pour l’administration du président Joe Biden, qui avait annoncé mi-août que les rappels pourraient être administrés à tous les adultes américains sans distinction. Le gouvernement a depuis été très critiqué pour avoir semblé anticiper la décision des instances scientifiques, et a été accusé d’avoir ainsi semé la confusion.
La FDA a finalement choisi de suivre l’avis de son comité consultatif. Celui-ci, composé notamment d’épidémiologistes et de spécialistes des maladies infectieuses, s’était prononcé la semaine dernière pour limiter l’injection d’un rappel à certaines catégories de populations, notamment les plus âgés et les personnels de santé. Ce panel avait entre autre justifié son avis par un manque de données et des inquiétudes concernant les risques de myocardite, une inflammation du muscle cardiaque, chez les adolescents et jeunes adultes masculins. La dose de rappel est du même dosage que les deux premières, et est permise sous le régime d’une autorisation en urgence.
Moderna et Johnson & Johnson attendus
La décision de la FDA est une «étape importante dans la lutte actuelle contre la maladie», a déclaré dans un communiqué le PDG de Pfizer, Albert Bourla. Son entreprise avait toutefois déposé une demande pour une autorisation d’une dose de rappel dès 16 ans. Le gouvernement de Joe Biden avait lui assuré qu’une vaste campagne de rappel des vaccins de Pfizer et de Moderna serait lancée à partir de la semaine du 20 septembre, pour tous les Américains huit mois après leur deuxième injection. Il avait alors justifié cette annonce par de premières données montrant que l’efficacité des deux produits commençait à baisser avec le temps chez les personnes vaccinées, à mesure que le moment de la deuxième injection s’éloignait.
Le conseiller du gouvernement sur la crise du Covid-19, l’immunologue Anthony Fauci, a rejeté dimanche l’idée que la décision des experts sanitaires soit un revers pour le gouvernement. «Cela a toujours été suspendu à l’évaluation de toutes les données (…) par le comité» de la FDA, a-t-il déclaré sur CNN. Selon lui, la décision sur une dose de rappel pour les deux autres vaccins autorisés aux États-Unis, ceux de Moderna et de Johnson & Johnson, pourrait intervenir dans les semaines qui viennent.
Inégalités vaccinales
Moderna a soumis tout début septembre à la FDA de premières données montrant l’efficacité d’une dose de rappel, qui doivent encore être analysées. Johnson & Johnson vient pour sa part tout juste de livrer ces données mardi. Certaines personnes immunodéprimées peuvent déjà recevoir une troisième dose des vaccins de Pfizer ou de Moderna aux États-Unis depuis début août. D’autres pays, comme la France ou l’Espagne, ont déjà lancé des campagnes de rappel à destination d’une partie de leur population. En Israël, le gouvernement est allé plus loin: toutes les personnes de plus de douze ans peuvent recevoir une troisième dose du remède de Pfizer.
Une mesure que l’Organisation mondiale de la santé (OMS) a désapprouvée à plusieurs reprises, dénonçant les inégalités vaccinales entre pays riches et pauvres. Selon l’OMS, il serait à la fois plus éthique, mais aussi plus pragmatique d’un point de vue de santé publique, de d’abord vacciner un maximum de personnes dans le monde.
Source : Lessentiel.lu