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Santé / le pari risqué des transferts de malades

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Un an après le début du confinement de mars 2020, qui allait marquer l’entrée de la France dans une interminable crise sanitaire, trois régions, l’Ile-de-France, les Hauts-de-France et Provence-Alpes-Côte d’Azur restent sous haute tension. Elles font l’objet d’une riposte « locale et graduée », ainsi que l’a défini le gouvernement.

La notion de « local » n’a cependant plus grand sens lorsque l’on parle de l’Ile-de-France. La région abrite près de 20 % de la population nationale et produit environ 30 % de la richesse nationale. Elle est, en outre, une zone de passage intense. Si le président de la République était, par malheur, contraint de la reconfiner, sa décision aurait une portée nationale.

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Elle serait immédiatement interprétée comme un aveu d’échec ou d’impuissance, après le coup de poker du 29 janvier. Contre l’avis d’une bonne partie du corps médical, Emmanuel Macron avait alors rejeté l’hypothèse d’un reconfinèrent du pays après avoir pris en compte tous les dégâts collatéraux d’une telle décision sur l’activité économique du pays, la santé mentale de ses habitants, les risques de désobéissance civile, voire d’explosion sociale, et les effets délétères d’une nouvelle fermeture des écoles. Cette décision était éminemment personnelle. Elle n’a depuis guère été contestée, mais l’engorgement des services de réanimation, manifeste depuis une semaine dans certains départements de la région parisienne, rend la situation de plus en plus critique.

Le week-end des 13-14 mars ont commencé les premières évacuations sanitaires de patients atteints par le Covid-19 vers des régions moins touchées par le virus. Le mouvement va s’intensifier cette semaine, le gouvernement prévoyant de procéder à une centaine de transferts par TGV spéciaux. Cette mesure, qui frappe l’opinion publique, s’ajoute à une autre, tout aussi lourde : la déprogrammation massive d’opérations de patients atteints d’autres pathologies jugées moins graves. Ordre a été donné la semaine dernière d’en reporter 40 %.

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Le jeu en vaut-il la chandelle ? Personne n’est aujourd’hui en mesure de répondre clairement. Des médecins, jugeant le seuil critique largement dépassé, appellent à un reconfinèrent rapide et massif. Mais ils l’avaient déjà fait en janvier, et leur parole s’est quelque peu démonétisée. Les pouvoirs publics, eux, mettent en avant l’imprévisibilité de l’épidémie, due notamment à la rapide propagation de nouveaux variants, pour défendre une gestion au jour le jour. En Ile-de-France, celle-ci ne dépend plus de la batterie d’indicateurs naguère utilisés. Elle repose essentiellement sur un indicateur : la situation des services de réanimation, dont il faut éviter la saturation, en espérant que chaque jour gagné rapprochera la région d’une situation moins tendue grâce à l’accélération promise de la vaccination.

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Le pari est devenu si aléatoire qu’il fait reposer sur l’exécutif une très lourde responsabilité. A partir de quel moment et sur quels critères Emmanuel Macron juger a-t-il, ou non, que des décisions plus lourdes sont devenues inévitables ? S’il est acculé à les prendre, comment parviendra-t-il à associer des élus locaux qui se plaignent de n’être jamais suffisamment écoutés ? Conscients de l’extrême fragilité du pays, ils n’appellent pas au durcissement. Anne Hidalgo, la maire de Paris, s’est récemment opposée à un reconfinement – même limité au week-end – de la capitale, jugeant que le couvre-feu à 18 heures était déjà une contrainte difficile à supporter. A l’heure du choix, le président de la République risque de se retrouver, une fois de plus, très seul.

Source : lemonde

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