L’Agence européenne des médicaments (AEM) reste « fermement convaincue » des bénéfices du vaccin d’AstraZeneca contre le Covid-19, a annoncé, mardi 16 mars, sa directrice, Emer Cooke, après le signalement de possibles effets secondaires, notamment des caillots sanguins (thromboses), mais sans lien avéré pour le moment.
« A l’heure actuelle, rien n’indique que la vaccination ait causé ces problèmes. Ils n’ont pas été mentionnés dans les essais cliniques et ils ne sont pas répertoriés comme effets secondaires connus ou attendus », a dit Mme Cooke, ajoutant que l’Agence prend la situation « très au sérieux ». Les essais cliniques ont montré « de très petits nombres de développements de caillots sanguins », a également souligné la directrice de l’AEM.
Le comité de sécurité de l’Agence se réunissait mardi pour évaluer de nouvelles informations et devrait arriver à une conclusion lors d’une réunion spéciale jeudi, a déclaré Mme Cooke.
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Une quinzaine de pays, dont l’Allemagne, la France, l’Espagne et l’Italie, ont suspendu par précaution l’utilisation de ce vaccin. La Suède a fait de même mardi. L’Agence suédoise de la santé publique (FHM) a pris cette décision « jusqu’à ce que l’enquête de l’Agence européenne des médicaments sur les effets secondaires suspects soit terminée », a-t-elle commenté dans un communiqué. L’Agence suédoise a précisé qu’aucun effet secondaire grave n’avait, pour l’instant, été recensé dans le royaume scandinave.
Du côté du Royaume-Uni, où 11 millions de personnes ont déjà reçu au moins une dose de ce vaccin de conception britannique, le premier ministre, Boris Johnson, a assuré mardi que le vaccin était « sûr » et « extrêmement » efficace. Il « marche extrêmement bien », a affirmé le dirigeant conservateur au quotidien The Times, soulignant qu’il était aussi « relativement facile à distribuer » et « dispensé à prix coûtant ».
Parallèlement au questionnement sur son innocuité, l’Union européenne (UE) n’exclut pas de poursuivre le laboratoire suédo-britannique en justice suite aux importants retards de livraison, a déclaré mardi Clément Beaune, le secrétaire d’Etat français aux affaires européennes. Le groupe AstraZeneca avait annoncé samedi 13 mars de nouveaux délais, invoquant des restrictions d’exportation.
« Il y a des inquiétudes et plus que ça, sans doute un certain nombre de coups de canif dans le contrat, et l’Europe ne sera pas une forme de bisounours sympathique qui donne de l’argent et n’attend rien en retour », a déclaré Clément Beaune sur Radio Classique. « Il faut mettre la pression, on est plus fort entre Européens que si la France le faisait toute seule », a-t-il poursuivi. « Avant les recours judiciaires, il y a la pression politique, ou même du conseil d’administration, en interne dans l’entreprise », a-t-il temporisé, ajoutant : « S’il faut faire des recours juridiques, on les fera, mais ça met du temps. Aujourd’hui, l’urgence, c’est produire. »
Sur ce sujet, Clément Beaune a affirmé que l’UE produirait entre deux et trois milliards de doses annuelles de vaccins d’ici à la fin de l’année, faisant d’elle le premier producteur de vaccins du monde avec les Etats-Unis. L’UE doit par ailleurs recevoir 200 millions de doses du vaccin contre le Covid-19 de BioNTech-Pfizer au deuxième trimestre, après un accord prévoyant une « accélération » des livraisons, a annoncé mardi la Commission européenne.
Source : lemonde.fr