La Semaine nationale de lutte contre la Résistance aux antimicrobiens (RAM) a été lancée jeudi 18 novembre 2021 à l’Hotel Palm club de Cocody.
La cérémonie de lancement de cette 3ème édition de la Semaine de lutte contre la RAM a été faite en présence du ministre des Ressources animales et halieutiques, Sidi Tiémoko Touré et de la présidente du groupe multisectoriel de la RAM, Pr Mireille Dosso, par ailleurs, directrice de l’Institut Pasteur de Côte d’Ivoire.
Cette Semaine qui a pour thème « sensibilisons, maitrisons la résistance aux antimicrobiens » et pour sous-thème « « consommation des antibiotiques en temps de Covid-9 », permettra de sensibiliser, éduquer et former tous les acteurs impliqués, et principalement les populations de la lutte contre la RAM.
“Les activités de cette Semaine permettront d’encourager les vétérinaires, les éleveurs et les partenaires à avoir une attention particulière dans l’exécution de leurs activités afin de freiner les risques de propagation de la maladie, car les antimicrobiens sont essentiels pour avoir une sécurité alimentaire et sanitaire autant pour l’homme que pour et les animaux”, a affirmé Sidi Touré.
Il a expliqué qu’il y a 46% de RAM dans le monde, tandis que 500 000 meurent chaque année en Côte d’Ivoire en matière de production animale pour cause de RAM.
Selon Pr Mireille Dosso, la problématique de la RAM est la résistance des bactéries. Elle a indiqué que les antibiotiques sont des médicaments qui tuent les bactéries ou qui ralentissent leur croissance, tandis que les antimicrobiens tuent ou ralentissent la croissance de différents organismes, notamment les bactéries, les champignons, les virus et les parasites.
“Nous dénombrerons 10 millions de morts d’ici 2050 dus à la RAM dans le monde si rien n’est fait. Il faut de vraies sensibilisations car c’est une épidémie silencieuse, par rapport à la COVID-19 qui fait l’objet de tous les regards actuellement. Ces RAM sont de plus en plus constatées parce qu’on utilise trop d’antibiotiques. Les exemples sont légion: paludisme, infection virale, automédication, le non-respect de la posologie des traitements, médicaments de la rue très souvent périmés et mal conservés… il faut sensibiliser la population à arrêter de prendre des antibiotiques comme des bonbons ! Aussi, un antibiotique qui traite l’infection d’un individu n’est pas forcément efficace pour un autre…”, a-t-elle prévenu.
Elle a aussi invité chaque citoyen à miser sur l’hygiène des mains, des domiciles, des quartiers, etc.
“Au niveau des ressources animales, des mesures doivent également être respectées par les éleveurs pour éviter la RAM car les produits issus de ces élevages se retrouvent malheureusement dans nos assiettes. Il faut respecter les mesures de biosécurité, de vaccination du bétail et d’hygiène pour limiter l’introduction des germes dans les fermes. Ces mesures feront que les éleveurs auront moins tendance à utiliser les médicaments à la ferme. Aussi, il faudrait respecter les circuits de distribution des médicaments vétérinaires pour éviter un usage excessif d’antibiotiques dans l’élevage et la pisciculture”, a conseillé un vétérinaire, Dr Bitty.
Les mauvaises pratiques habitudes exposent à long terme les hommes à la RAM. “Il faut une fermeté des autorités dans l’application des lois pour freiner un tant soit peut la vente des médicaments de rue, par exemple, qui a connu un véritable boom malgré les campagnes de sensibilisation contre leurs usages. Un autre exemple est le détournement des produits issus de l’abattage des bétails/volaille malades, qui est fumé par des individus et remis à la vente, alors que ces abats doivent être incinérés. N’oublions pas l’orpaillage clandestin qui infecte les rivières qui irriguent les maraîchers, la nappe phréatique des puits, et les terres cultivables de nos contrées. Les produits issus de ces entités se retrouvent malheureusement dans nos assiettes…”, a interpellé la présidente de la faîtière des ONG de lutte pour l’environnement et l’assainissement, Mme Solange Koné.
La Semaine nationale de lutte contre la RAM, célébrée dans tous les pays est une initiative de l’OMS. En Côte d’Ivoire, le Groupe technique de travail multisectoriel est composée du ministère de la Santé, du ministère des Ressources animales et halieutiques, du ministère de l’Environnement, du ministère de l’Enseignement supérieur et de la recherche scientifique ainsi que de la société civile.
Cette Semaine a pour objectifs de créer un cadre réglementaire de lutte contre la RAM, de sensibiliser, éduquer et former sur la RAM, de prévenir, contrôler les infections liées à la RAM, de mieux gérer les antimicrobiens et de mobiliser les fonds pour de nouveaux médicaments.
Source : AIP