La Gambie a réussi à éliminer le trachome en tant que problème de santé publique, devenant ainsi le troisième pays africain à être validé par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) comme ayant éliminé la maladie en tant que menace pour la santé publique.
Le trachome est une maladie tropicale négligée de l’œil qui touche principalement les enfants et dont l’incidence devient moins récurrente avec l’âge. Chez les adultes, les femmes sont jusqu’à quatre fois plus susceptibles que les hommes d’être touchées par les complications tardives du trachome, principalement à cause de leur contact étroit avec des enfants infectés.
Une enquête sur le trichiasis trichomateux (qui se trouve être le stade avancé de la maladie) réalisée en 2018-2019 en Gambie a révélé que la prévalence de la maladie chez les personnes âgées de 15 ans et plus variait entre 0 % et 0,02 %, dépassant le seuil requis pour l’élimination du trachome en tant que problème de santé publique. Il s’agit là d’un accomplissement énorme, surtout lorsque l’on compare la situation à celle qui prévalait au milieu des années 80 où une enquête nationale a estimé que la maladie était responsable de près d’un cas de cécité sur cinq dans tout le pays.
Le succès obtenu par la Gambie dans l’élimination du trachome est largement attribué à la solide collaboration du pays avec les organisations partenaires qui lui a permis d’appliquer la stratégie d’élimination mise au point par l’OMS, résumée dans l’acronyme « CHANCE », qui prévoit la chirurgie pour traiter le trichiasis (cils retournés), les antibiotiques pour traiter l’infection, le nettoyage du visage, et le changement de l’environnement (en particulier l’élargissement de l’accès à l’eau et à l’assainissement) pour réduire la transmission.
« Ceci est une réalisation remarquable qui a sauvé bon nombre d’enfants, de mères et de familles d’une déficience visuelle ou d’une cécité évitable et qui a amélioré leur qualité de vie, ainsi que leur bien-être », a déclaré Dr Matshidiso Moeti, Directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique.
La Stratégie mondiale de lutte contre les maladies tropicales négligées 2021-2030 vise à prévenir, à combattre ou à éradiquer 20 maladies ou catégories de maladies d’ici à 2030.
À l’échelle mondiale, le trachome constitue un problème de santé publique pour 45 pays et l’on estime que 137 millions de personnes vivent dans des zones où il est endémique. Sur les 45 pays d’endémie du trachome dans le monde, 29 sont des pays africains.
Des progrès remarquables ont été accomplis ces deux dernières années dans la Région africaine dans la lutte contre le trachome. Le nombre de personnes ayant besoin d’un traitement antibiotique contre le trachome dans la Région a diminué de 72 millions, passant de 189 millions en 2014 à 117 millions en 2020.
Le trachome est une maladie oculaire dévastatrice due à une infection oculaire par une bactérie, Chlamydia trachomatis. L’infection est transmise d’une personne à l’autre par contact avec des doigts, des vecteurs passifs ou des mouches contaminés qui ont été en contact avec l’écoulement oculaire ou nasal d’une personne infectée.
Les facteurs de risque environnementaux de la transmission du trachome comprennent le manque d’hygiène, le surpeuplement des ménages, l’accès insuffisant à l’eau, tout comme le manque d’accès à des installations d’assainissement ou encore le fait de ne pas utiliser ces installations.
Après des années d’infections répétées, l’intérieur de la paupière peut se couvrir de tissus cicatriciels au point que le bord de la paupière se retourne vers l’intérieur et que les cils frottent contre la cornée, ce qui provoque une douleur constante (trichiasis trichomateux), qui, faute de traitement, conduit à l’apparition de déficiences visuelles et de la cécité.
Source : AIP