Chronique. Encore raté. Il y a à peine un mois, le 3 novembre, le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, se présentait confiant devant les députés, pour leur détailler le budget rectificatif de fin d’année. Si l’inflation grignotait déjà le pouvoir d’achat à travers la hausse des prix de l’électricité et des carburants, ce n’était que la conséquence de la reprise en fanfare de l’économie. Quant aux prévisions macroéconomiques de Bercy, elles semblaient déjà caduques, mais par excès de prudence. « L’hypothèse de croissance du gouvernement [+ 6,25 % attendus cette année ] devrait être dépassée », indiquait M. Le Maire, assurant que les recettes fiscales issues de la meilleure dynamique conjoncturelle iraient à la réduction du déficit, probablement inférieur aux 8 % pronostiqués.
Un mois plus tard, l’atmosphère s’est notoirement refroidie, et pas seulement à cause de l’arrivée des frimas hivernaux. La cinquième vague de la pandémie de Covid-19, conjuguée à l’apparition du variant Omicron, a engendré une désagréable impression de déjà-vu. Lundi 6 décembre, à trois semaines des fêtes de fin d’année, le premier ministre, Jean Castex, a annoncé la fermeture des boîtes de nuit pour un mois. Il a également appelé à favoriser le télétravail et à un respect renforcé des gestes barrières. Les commerçants, voyagistes et autres professionnels de la culture scrutent avec angoisse l’évolution de la situation.
Pour le moment, le gouvernement tente de rassurer : les discothèques et les entreprises du secteur de l’événementiel pénalisées par ce nouveau tour de vis verront leurs coûts fixes pris en charge en totalité et leurs salariés pourront bénéficier du chômage partiel. Bercy n’a pas communiqué sur le coût de ces nouvelles mesures mais compte sur la « cagnotte » de 2 milliards d’euros mis de côté à cet effet dans le budget rectificatif de fin d’année pour éponger ces nouvelles dépenses.
Vieux réflexes
Jusque-là, l’économie s’était pourtant spectaculairement redressée. Le 30 novembre, l’Insee a confirmé que le produit intérieur brut a crû de à 3 % au troisième trimestre. L’activité du pays est revenue quasiment à son niveau d’avant-crise, à peine 0,1 % en dessous de son niveau du quatrième trimestre 2019. Mais les consommateurs se rendront-ils avec le même allant dans les galeries marchandes pour leurs cadeaux de Noël ? Ceux qui prévoyaient des séjours à l’étranger ne vont-ils pas les décaler ? Les entreprises freineront-elles leurs projets d’investissement en raison du manque de visibilité ?
Source : lemonde