Six étudiants rennais sur dix présentaient des signes de détresse psychologique à l’issue du second confinement, selon une enquête auprès de trois grandes écoles qui invite à «réestimer les risques et les bénéfices des mesures impactant directement la vie des étudiants». Menée auprès de 784 étudiants rennais, cette enquête est la seule à avoir été réalisée à l’issue du deuxième confinement, selon ses auteurs, un groupe de chercheurs de l’École des hautes études en santé publique (EHESP), de l’Institut Pasteur et de Santé Publique France.
Elle a été menée auprès d’étudiants issus de l’EHESP, de Rennes School of Business et de Sciences Po Rennes dans le cadre d’une enquête épidémiologique sur les facteurs de risque et les comportements des étudiants de Rennes face à l’épidémie de Covid-19 (Étude COVER).
L’étude montre que 60,6% des étudiants présentaient «des signes de détresse psychologique» en décembre 2020, au moment où ils ont répondu à un auto-questionnaire en ligne pour évaluer leur santé mentale. La part d’étudiants ayant «un soutien social faible» s’élevait à 22,7% et plus d’un étudiant sur deux souffrait d’un sentiment de solitude, selon l’enquête rendue publique ce jeudi 25 février. En outre, 38% des étudiants présentaient des symptômes d’anxiété et 23,2% des symptômes de dépression.
Les femmes étaient plus à risque de présenter une détresse psychologique et des symptômes d’anxiété que les hommes. Ce risque augmentait également chez les étudiants présentant des difficultés financières, bénéficiant d’un faible soutien social, se déclarant en mauvaise santé, ou ayant un sentiment de solitude. «Les prévalences estimées de détresse psychologique, de symptômes dépressifs et anxieux sont inquiétantes dans cette population déjà vulnérable», écrivent les auteurs. «Les symptômes et signes identifiés sont probablement transitoires (…) Néanmoins, ces résultats invitent à réestimer les risques et les bénéfices des mesures impactant la vie des étudiants».
Les chercheurs précisent qu’une enquête sur la détresse psychologique et le stress réalisée en mars 2017 auprès de 1149 étudiants rennais avait déjà révélé une prévalence de la détresse psychologique de 34,2%. La détresse psychologique des étudiants a donc presque doublé dans le contexte de crise sanitaire. «Cette forte augmentation soulève l’hypothèse d’un effet important du second confinement du mois de novembre et de la situation épidémique liée à la Covid-19 sur la santé mentale des étudiants», écrivent les auteurs. «De plus, on ne peut exclure que les confinements successifs ont pu entraîner un isolement plus important de certains étudiants.»
«Sans remettre en cause le bien-fondé de la lutte contre la propagation virale», les chercheurs prônent «une stratégie de prévention des risques psychologiques, en particulier dans la population étudiante, comme la mise en place de plateformes d’écoutes ou de soutien entre pairs».
Source : lefigaro