Le vaccin chinois contre le coronavirus, déjà testé sur 600 volontaires, sera administré aux personnels hospitaliers indonésiens, et ce dès début novembre, a fait savoir le gouvernement. Une annonce qui semble précipitée et qui inquiète certains scientifiques.
Travailler dans un hôpital indonésien en temps de coronavirus était déjà assez risqué, avec plus de 200 docteurs et infirmiers morts du Covid-19, mais s’ils sont aussi les premiers à tester le vaccin chinois, leur sécurité ne s’améliorera pas nécessairement, assure l’épidémiologiste Dicky Budiman.
« Ils sont un groupe à haut risque et si on leur administre ce vaccin dont on est pas encore sûr de sa sécurité, car il n’y a pas de preuve scientifique chinoise de cela, affirme le professionnel. Ils disent dans leur média que c’est sans danger, mais il y a pas d’étude de revue scientifique. Et donc si on donne ce vaccin [au personnel soignant], notre fardeau sera encore plus grand, ils seront encore plus vulnérables, et si certains d’eux, ou beaucoup d’entre eux, tombent encore malade, comment fera-t-on sans leur expertise et leurs compétences ? »
Et pour l’épidémiologiste, précipiter la distribution d’un vaccin est encore plus risqué que d’administrer des traitements expérimentaux : « Quand l’Indonésie a autorisé l’utilisation d’urgence du Remdésivir, je n’ai pas trop protesté, car il n’y avait pas de raison de penser que ce médicament pouvait être dangereux ou donner la mort, mais surtout car ce médicament était administré aux cas critiques, aux malades sans autres alternatives. Le vaccin serait lui administré à des millions de personnes, et des personnes en bonne santé ! »
Dicky Budiman craint enfin que des premiers résultats médiocres du vaccin entravent à long terme la réputation de campagnes de vaccinations plus tardives et globales.
Source : Rfi