Les objectifs de vaccination contre la Covid-19 sont loin d’être atteints, a alerté, vendredi dernier, le chef de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) alors que le nombre de cas et de décès dus au virus continuent d’augmenter.
Près de 4 millions de cas ont été signalés à l’OMS la semaine dernière. «Selon les tendances actuelles, nous nous attendons à ce que le nombre total de cas dépasse les 200 millions au cours des deux prochaines semaines», a déclaré le Directeur général de l’OMS, le Dr Tedros Adhanom Ghebreyesus, lors d’un point de presse à Genève. «Et nous savons que c’est une sous-estimation», a-t-il précisé.
En moyenne, dans cinq des six régions sanitaires de l’OMS, les infections ont augmenté de 80%, ou presque doublé, au cours des quatre dernières semaines.
«En Afrique, les décès ont augmenté de 80% sur la même période», a alerté le Dr Tedros. «Une grande partie de cette augmentation est due au variant Delta hautement transmissible, qui a maintenant été détectée dans au moins 132 pays».
Depuis son apparition en décembre 2019, le virus de la Covid-19 a changé, «et il continue de changer». Jusqu’à présent, quatre variants préoccupants sont apparus, «et il y en aura plus tant que le virus continuera de se propager», a prévenu le chef de l’OMS.
Selon lui, cette augmentation des cas est également due à une mixité sociale et à une mobilité accrues, à une utilisation incohérente des mesures de santé publique et sociales et à une utilisation inéquitable des vaccins. «Les gains durement acquis sont menacés ou perdus, et les systèmes de santé de nombreux pays sont submergés», a-t-il dit.
L’augmentation du nombre d’infections crée une pénurie de traitements tels que l’oxygène vital pour les patients. Vingt-neuf pays ont des besoins en oxygène élevés et croissants, et de nombreux pays n’ont pas suffisamment d’équipements de base pour protéger les agents de santé de première ligne.
Pendant ce temps, les taux de dépistage dans les pays à faible revenu sont inférieurs à 2% de ce qu’ils sont dans les pays à revenu élevé. «Sans de meilleurs taux de tests à l’échelle mondiale, nous ne pouvons pas lutter contre la maladie en première ligne ou atténuer le risque d’émergence de nouvelles variantes plus dangereuses», a prévenu le Dr Tedros.
L’OMS soutient les pays avec des approvisionnements en oxygène, avec des conseils pour aider les pays à mieux détecter les variants. «Nous continuons à travailler quotidiennement avec nos réseaux mondiaux d’experts pour comprendre pourquoi le variant Delta se propage si facilement», a dit son Directeur général. Mais l’agence onusienne appelle à faire plus : renforcer la surveillance, plus de tests.
Nous avons besoin d’une surveillance renforcée, des tests plus stratégiques, soins cliniques précoces pour les patients, plus d’oxygène pour traiter les personnes gravement malades et sauver des vies ; plus de recherche et développement, et plus de vaccins. «Toutes les régions sont à risque, mais aucune plus que l’Afrique»
L’objectif de l’OMS reste d’aider chaque pays à vacciner au moins 10% de sa population d’ici la fin septembre, au moins 40% d’ici la fin de cette année et 70% d’ici le milieu de l’année prochaine. «Nous sommes loin d’atteindre ces objectifs», a reconnu le Dr Tedros. Jusqu’à présent, un peu plus de la moitié des pays ont complètement vacciné 10% de leur population, moins d’un quart des pays en ont vacciné 40% et seuls trois pays en ont vacciné 70%. Malgré les mis en garde concernant la menace du «nationalisme vaccinal» et du «piétinement» des personnes pauvres «dans la ruée vers les vaccins», la distribution mondiale de ces derniers demeure injuste.
«Toutes les régions sont à risque, mais aucune plus que l’Afrique», a rappelé le chef de l’OMS. Selon les tendances actuelles, près de 70% des pays africains n’atteindront pas l’objectif de vaccination de 10% d’ici fin septembre. Environ 3,5 millions à 4 millions de doses sont administrées chaque semaine sur le continent africain, mais pour atteindre l’objectif de septembre, cela doit passer à 21 millions de doses au moins chaque semaine.
«De nombreux pays africains se sont bien préparés à déployer les vaccins, mais les vaccins ne sont pas encore arrivés», a déploré le Dr Tedros. Moins de 2% de toutes les doses administrées dans le monde l’ont été en Afrique. A ce jour, seulement 1,5% de la population du continent africain est complètement vaccinée.
Face à ce «problème très grave», le chef de l’OMS estime que la question n’est pas de savoir si le monde peut se permettre de faire les investissements nécessaires dans le déploiement mondial des vaccins mais «s’il peut se permettre de ne pas le faire»
Source : alome