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Santé / Cinq clés pour comprendre les campagnes de vaccination en Afrique

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La vaccination a démarré dans la majorité des pays grâce aux premières doses allouées dans le cadre de l’initiative Covax. En écho à son statut de premier pays africain ayant signalé un cas de Covid-19 sur son territoire, l’Egypte est la première à avoir lancé sa campagne de vaccination contre la maladie le 24 janvier 2021. Elle a été suivie par le Maroc le 28 janvier, puis par l’Algérie. Avec l’Afrique du Sud, les pays d’Afrique du Nord sont les premiers à avoir démarré des campagnes de vaccination de masse.

Ils ont été suivis par la plupart de ceux d’Afrique subsaharienne au fur et à mesure qu’ils recevaient les doses, notamment dans le cadre de l’initiative Covax qui vise à permettre aux nations les moins nanties de vacciner au moins 20% de leur population. En Afrique, 38 pays ont reçu « plus de 25 millions de doses de vaccin (…) et 30 ont lancé des campagnes de vaccination », selon le bureau régional pour l’Afrique de l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Ainsi, « près de sept millions de doses » ont déjà été injectées sur le continent.

A l’exception des personnels de santé, des personnes âgées ou à risque, les populations prioritaires sont différentes de celles désignées, par exemple, dans la plupart des pays occidentaux. Ainsi le Ghana, qui a été le premier pays à recevoir en Afrique des doses dans le cadre de l’initiative Covax, a choisi de vacciner en plus des cibles habituelles les forces de sécurité et « les représentants des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire en première ligne », rapporte l’OMS. En Côte d’Ivoire, deuxième pays africain à recevoir l’allocation Covax, priorité a été aussi faite aux « forces de défense et de sécurité » mais aussi aux enseignants. De nombreux pays africains ont fait le même choix. A compter du mois d’avril, les enseignants devraient commencer à être vaccinés, a annoncé en février le ministre sud-africain de la Santé Zweli Mkhize. Au Malawi, où la campagne a démarré le 11 mars, on retrouve parmi les premières personnes éligibles à la vaccination, outre les enseignants, par exemple, les détenus. De même, l’Afrique du Sud compte vacciner très vite les plus de 18 ans.

Pour anticiper la défiance que suscite la vaccination contre le Covid-19, à cause de la désinformation entre autres, les premières doses ont été injectées aux dirigeants et responsables politiques. Au Maroc, c’est le roi Mohammed VI qui donnait le ton le 28 janvier 2021. Des images similaires des présidents ghanéen Nana Akufo-Addo, de son homologue sénégalais Macky Sall ou encore du chef de l’Etat sud-africain Cyril Ramaphosa, ont été diffusées. En Côte d’Ivoire, le président Alassane Ouattara ne s’est pas prêté à l’exercice, mais son Premier ministre par intérim d’alors, Pascal Achi, a pris la pose devant les photographes, quelques jours avant d’être confirmé à son poste à la suite de la disparition de son prédécesseur Hamed Bakayoko.

Plus de 16 millions de doses d’AstraZeneca ont été distribuées dans le cadre de l’initiative Covax à 27 pays, a indiqué le Dr Richard Mihigo, coordinateur du programme de vaccination et de développement des vaccins au bureau régional de l’OMS pour l’Afrique, lors de la conférence hebdomadaire de la structure le 18 mars 2021. AstraZeneca « reste de loin le vaccin qui est le plus utilisé (à l’échelle de tout le continent)« . En dehors de l’initiative Covax, des pays ont reçu des dons de doses d’AstraZeneca de l’Inde, du Serum Institute of India (un des fabricants du vaccin), ou l’ont acheté. Au total, conclut le Dr Mihigo, AstraZeneca est « pratiquement à 90% » le sérum le plus administré.

Interrogé sur la conduite à tenir face à la suspension du vaccin dans des Etats européens suite à des troubles de coagulation sanguine et quelques heures avant la confirmation par l’agence européenne du médicament (EMA) que le sérum AstraZeneca était « sûr », le bureau Afrique de l’OMS avait de nouveau recommandé, le 18 mars, de continuer à injecter les doses disponibles. D’autant que le lot qui a provoqué la suspension en Europe n’a pas été distribué sur le continent, a indiqué l’OMS. « J’encourage les pays à poursuivre leurs campagnes de vaccination et à ne pas faire de pause car nous sommes dans une course contre la montre », a alors exhorté le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « Plus les gens sont protégés, moins il y a de chances que des mutations produisent des variants plus dangereux du virus, mettant en danger le monde entier. » 

Des pays comme la République démocratique du Congo (RDC), le Cameroun ou le Liberia ont suspendu « par précaution » leur campagne de vaccination avec AstraZeneca en attendant d’êtres rassurés. D’autres, comme le Maroc, qui s’appuient sur les données de pharmacovigilance collectées, et l’Ethiopie, qui vient de lancer sa campagne, n’ont pas remis en cause le sérum AstraZeneca. « Nous avons eu quatre déclarations d’accidents thromboemboliques qui se sont manifestés environ une semaine à 10 jours après la prise du vaccin. Ces accidents sont survenus chez des patients âgés, qui présentent d’autres facteurs de risque comme le diabète, l’hypertension ou la sédentarité », a récemment confié à l’agence de presse marocaine MAP la directrice du Centre antipoison et de pharmacovigilance du Maroc (CAPM), Rachida Soulaymani Bencheikh. « En sachant que plus de 4 millions de personnes ont été vaccinées au Maroc, ça fait moins de un cas par million d’habitants, contre une incidence générale habituelle de 1,5/1 000 personnes », a-t-elle poursuivi. 

A l’exception du Moderna, tous les vaccins aujourd’hui disponibles sont utilisés sur le continent, y compris ceux produits par la Chine et la Russie. Dès décembre 2020, le Maroc annonçait qu’il se fournirait en Chine auprès de Sinopharm. Le Maroc a passé commande de 65 millions de doses aux laboratoires britannique AstraZeneca et chinois Sinopharm pour ses 36 millions d’habitants, rapporte l’agence de presse turque Anadolu. L’Egypte, l’Algerie, la Tunisie, la Sierra Leone ou encore le Sénégal se sont également procurés des doses de Sinopharm. Dans le cadre de Covax, la Tunisie vient de réceptionner des doses Pfizer-BioNTech qui sont déjà disponibles au Cap-Vert et au Rwanda. L’Afrique du Sud, elle, a dû renoncer au vaccin AstraZeneca peu efficace sur le variant sud-africain, comme le confirme encore une nouvelle étude selon la SABC, le média public sud-africain. Ces doses ont été offertes à l’Union africaine quand la nation arc-en-ciel s’est rabattue sur le vaccin Janssen de l’Américain Johnson & Johnson pour démarrer sa campagne le 17 février 2021. Outre l’Algérie, de nombreux pays africains ont mis une option sur le vaccin russe Spoutnik V, notamment dans le cadre du programme de pré-commande (The Africa Vaccine Acquisition TaskTeam, AVATT) mis en place par l’Union africaine.

Selon le quotidien argentin Nacion, cité par la presse marocaine, le Maroc figure dans le top 6 des pays dont les stratégies vaccinales sont actuellement les meilleures dans le monde. Au 18 mars 2021, plus de 4,2 millions de personnes ont été vaccinées, selon les chiffres publiés par la MAP. A titre de comparaison, un peu plus de 5 millions de Français ont bénéficié à ce jour d’une première injection du vaccin. « En dépit du fait que l’Afrique a reçu les vaccins tardivement et en quantités limitées, il n’en reste pas moins que beaucoup de chemin a été parcouru en très peu de temps. Ceci est dû à la grande expérience du continent en matière de campagnes de vaccination de masse et à la détermination de ses dirigeants et de sa population à endiguer efficacement (la maladie) », a souligné le 18 mars le Dr Matshidiso Moeti, directrice régionale de l’OMS pour l’Afrique. « La phase initiale de déploiement des vaccins dans certains pays africains a permis de toucher un nombre bien plus élevé de personnes que dans les pays d’autres régions qui ont eu accès aux vaccins beaucoup plus tôt », a-t-elle ajouté. 

Cependant, tous les pays africains ne semblent pas aussi efficaces. Ce serait le cas de l’Afrique du Sud dont la campagne a démarré à la mi-février et qui a administré, au 18 mars, quelque 177 000 doses. L’universitaire sud-africain Alex van den Heever estimait début mars, qu’à ce rythme, « il faudrait 20 ans pour vacciner l’ensemble du pays », rapporte le site d’informations Businesstech. Cependant, le pays n’en est qu’à sa première phase qui ne concerne que les personnels de santé et connaît quelques difficultés d’approvisionnement. La deuxième phase, prévue en avril et mai, concerne une population plus large. L’Afrique du Sud, pays le plus touché sur le continent, compte aujourd’hui plus de 1,5 million de personnes infectées et l’hiver se rapproche.

Source : acotonou

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