La « chasse aux sorcières » que mènent les universités contre la tricherie virtuelle vient souvent pénaliser les personnes honnêtes, déplorent plusieurs étudiants.
Le Journal publiait en novembre que des universités constatent une hausse de la tricherie et du plagiat depuis le début de la pandémie dans un contexte d’évaluations virtuelles.
Les moyens pris pour pallier ce problème créent parfois un « cercle vicieux », observe Jade Marcil, présidente de l’Union étudiante du Québec.
Dans un des témoignages publiés sur Ensemble, de près ou de loin, un étudiant raconte avoir été un des rares de son groupe à ne pas avoir triché en ouvrant ses livres… pour finalement apprendre que le niveau de difficulté de l’évaluation avait été haussé, prévoyant que la plupart des étudiants tricheraient.
« Si on demande la même performance qu’en temps normal, on peut intensifier l’anxiété de performance, et ainsi, l’envie de tricher », explique Mme Marcil.
Pour l’étudiant Pier-Alexandre Désilets, la pandémie aurait dû être une occasion de réformer le système, qui repose souvent sur la compétition et la performance au détriment des apprentissages réels, trouve-t-il.
Par exemple, il n’est pas normal qu’en 2020, des professeurs se rabattent encore sur des examens où il faut apprendre la matière par cœur et la recracher, illustre-t-il. Or, c’est justement ce type d’évaluation qui nécessite de la surveillance et prête le flanc à la tricherie.
Lourd pour les profs
De leur côté, les enseignants ont eux aussi dû rebâtir leur cours, sans adaptation de leur charge de travail, explique Michel Lacroix, président du syndicat des profs de l’UQAM.
Pendant ce temps, des évaluations doivent répondre à des critères externes, comme lorsque le domaine est encadré par un ordre professionnel.
« Dans beaucoup de programmes, cela se passe bien », remarque-t-il. À la lumière de plusieurs sondages effectués auprès des étudiants, les cas d’insatisfaction sont plutôt minoritaires, résume M. Lacroix.
L’Union étudiante du Québec estime que 40 % des étudiants sont insatisfaits de leur session. « C’est beaucoup trop », dit Mme Marcil.
Source : journaldemontreal