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Niger / Éducation et protection en faveur des mineurs demandeurs d’asile
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3 ans depuissur
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Admin 1La ville d’Agadez est un point stratégique sur le trajet des demandeurs d’asiles qui espèrent gagner l’Europe en passant par les côtes Algériennes et Libyennes. Pour assurer la protection et l’éducation des enfants et adolescents demandeurs d’asile dans la ville de transit, l’ONG INTERSOS, sur financement de l’Unicef, met en œuvre un projet pour faciliter leur insertion au sein de la communauté locale. Aujourd’hui, grâce aux actions ciblées menées en faveur des demandeurs d’asiles et de la communauté d’Agadez, l’offre de l’éducation a été renforcée en qualité et en infrastructures. Les instruments de protection ont pu être vulgarisés et un comité de gestion des plaintes mis en place.
Le projet «Accès à l’éducation et à la formation professionnelle pour renforcer la résilience et l’intégration des enfants et adolescents demandeurs d’asile à Agadez» financé par l’Unicef, est aujourd’hui salué en matière d’accueil de demandeurs d’asile en général, et des mineurs et adolescents de la communauté en particulier. Pour la base INTERSOS d’Agadez chargée de sa mise en œuvre, les impacts multiformes du projet ont largement contribué au développement de l’enfant à travers des activités culturelles, sportives et professionnelles qui leur sont destinées, mais aussi la réinsertion dans la vie économique des autres membres plus âgés de la communauté des demandeurs d’asile. Ce qui donne encore plus de succès au projet, ce sont les échanges instaurés entre les deux communautés : les demandeurs d’asiles, principalement des soudanais, apprennent la culture du Niger et des Nigériens apprennent leurs cultures.
Mme Delphine Aurore Essa, officier de protection et cheffe de base INTERSOS à Agadez, explique que le succès du projet découle de la pertinence et de l’adéquation des actions qu’il réalise en matière de prévention, de protection et de réinsertion des demandeurs d’asile, en particulier des enfants et adolescents. INTERSOS, poursuit-elle, leur apporte un appui en kits d’articles non alimentaires (kits NFI) et en éducation, en plus des efforts que fournissent l’ONG et ses partenaires pour améliorer les conditions des enfants. «Nous menons des activités psychosociales qui visent à améliorer le bien-être psychosocial des enfants demandeurs d’asile et ceux de la communauté hôte. Nous faisons aussi la gestion des camps». Toutes ces activités permettent de prévenir les abus dont sont parfois victimes les enfants dans les pays d’origine, de transit et d’accueil.
Le bailleur qu’est l’UNICEF et l’ONG de mise en œuvre siègent périodiquement avec l’ensemble des acteurs, précise Mme Delphine Aurore Essa, pour passer en revue les réalisations faites sur le terrain et apporter des améliorations à d’éventuels manquements constatés. Ce panel permet de proposer des décisions qui permettent d’améliorer les conditions de vie de l’enfant, aussi bien à Agadez au Niger, qu’à l’extérieur de cette ville et du pays parce que «ce panel a pour rôle de siéger sur les solutions durables pour l’enfant, notamment la réinstallation qui peut être à l’étranger, la réintégration locale ou la réunification familiale transfrontalière», indique-t-elle. Mme Delphine Aurore Essa plaide ainsi pour la poursuite de ce partenariat qu’elle estime adéquat au regard de son impact durable chez les enfants et les autorités régionales d’Agadez.
Le chef du service communal du développement et de l’aménagement du territoire, point focal communal du projet, abonde dans le même sens que la cheffe de base d’INTERSOS à Agadez. Selon M. Abdoul-Razak Mamane Issaka, cette ONG, dès son arrivée, a opté pour une approche participative. «Elle travaille avec le maximum d’acteurs de la commune et nous en tant que chef de service développement communautaire avons en charge l’accompagnement des ONG dans ce qu’elles font sur le terrain», affirme-t-il, tout en se réjouissant de la signature par INTERSOS d’un protocole de mise en œuvre du projet avant de démarrer ses activités dans la région d’Agadez.
Les échanges transversaux entre l’Unicef, l’ONG de mise en œuvre et les services techniques régionaux de l’Etat, reconnaissent l’ensemble des acteurs, assurent une mise en œuvre judicieuse des activités du projet d’accès à l’éducation et à la formation professionnelle qui vise à renforcer la résilience et l’intégration des enfants et adolescents demandeurs d’asile à Agadez. «On a mis en place un comité de suivi au niveau de la commune, présidé par le maire et dont je suis le rapporteur. C’est un comité qui tient des réunions périodiques, qui fait la situation des activités qui sont réalisées sur le terrain. Ses membres effectuent également, de temps en temps, des missions de supervision pour constater de visu les réalisations de l’ONG sur le terrain», révèle M. Abdoul-Razak Mamane Issaka, chef du service communal du développement et de l’aménagement du territoire et point focal communal du projet.
Eduquer pour redonner confiance et mieux préparer l’avenir
Depuis le début de l’insertion des enfants et adolescents demandeurs d’asile qui a commencé à partir de l’année 2019, une demi-douzaine d’écoles de la ville d’Agadez accueille les enfants de cette communauté. La stratégie adoptée est de créer des classes passerelles pour mieux répondre aux besoins spécifiques des enfants demandeurs d’asile et de les préparer à intégrer des classes traditionnelles, en fonction de leurs connaissances. Il y’a aussi la dotation des écoles partenaires en fournitures scolaires, en plus de la construction de nouvelles classes et la réhabilitation des anciennes. Toutes ces réalisations ont permis d’atteindre des résultats satisfaisants par le projet.
Moussa Ousmane Moutassim et Boubacar Diakité sont deux (2) preuves vivantes du succès du projet «Accès à l’éducation et à la formation professionnelle pour renforcer la résilience et l’intégration des enfants et adolescents demandeurs d’asile à Agadez» financé par l’Unicef. Le premier est un jeune soudanais de 11 ans qui étudie à l’école Sabon Gari, en classe de CE1, alors que le second est un adolescent guinéen qui étudie en 2ème année de mécanique automobile au Centre de formation professionnelle (CFP) d’Agadez. Cet enfant et cet adolescent, bien intégrés dans la communauté locale, sont catégoriques : il n’est point question, nous disent-ils, de retourner dans leurs pays et de revivre les horreurs qu’ils ont vécues.
«Je me sens en sécurité et j’apprends des choses ici, comme la langue française. Je désire devenir médecin ou magistrat après mes études», confie Moussa Ousmane Moutassim, qui se montre particulièrement reconnaissant envers ses bienfaiteurs, l’Unicef et INTERSOS. Boubacar Diakité insiste lui sur son choix pour la formation en mécanique automobile. «J’ai choisi ce métier parce que c’est un métier qui me plait beaucoup et qui est porteur. Je l’ai choisi personnellement. Personne ne m’a imposé de le faire», déclare-t-il fièrement. Le rêve de cet adolescent guinéen venu à Agadez en 2020 est, une fois sa formation terminée, d’ouvrir son propre atelier de réparation de véhicules afin de gagner honnêtement sa vie.
Pour équilibrer les chances, favoriser la coexistence pacifique et contribuer efficacement à l’intégration des demandeurs d’asile, le projet soutient également la scolarisation des enfants de la communauté hôte. Zaliha Ibrahim, une étudiante en électricité de 20 ans qui a quitté le système éducatif traditionnel en classe de 5ème, fait partie du groupe des autochtones choisis pour bénéficier des avantages liées à la mise en œuvre du projet, au même titre que les demandeurs d’asile. «Je suis reconnaissante d’apprendre l’électricité ici, en tant que membre de la communauté locale. Je souhaite que quelques-uns de mes camarades de classe et moi-même s’associent pour créer quelque chose de durable dans le futur», dit-elle. Les camarades de classe auxquels elle fait référence sont tous des garçons demandeurs d’asile. Ce qui ne l’empêche pas de faire un plaidoyer pour plus de filles dans le métier d’électricien.
Face à de tels succès obtenus en si peu de temps, l’inspecteur communal de l’enseignement primaire d’Agadez 1, M. Mahaman Ali, se dit satisfait de l’intervention de l’ONG INTERSOS au niveau de la communauté urbaine d’Agadez. L’exemple qui l’a le plus marqué, relate-t-il, est l’intégration des enfants demandeurs d’asile qui fréquentent l’école Katanga de l’inspection Agadez 1. Timides au début, ces enfants se sont rapidement adaptés et «ont fini par avoir des relations très étroites, non seulement avec les élèves, mais également avec les enseignants», affirme-t-il, avec comme résultat final une 1ère de classe en CM1 issue de la communauté des demandeurs d’asile. M. Mahaman Ali énumère également les appuis multiformes apportés dans le cadre du renforcement des capacités des enseignants et de l’encadrement des conseillers pédagogiques.
Protéger les enfants et adolescents demandeurs d’asile
Pour mieux protéger les enfants, INTERSOS a mis en place, dans le cadre de l’exécution du projet «Accès à l’éducation et à la formation professionnelle pour renforcer la résilience et l’intégration des enfants et adolescents demandeurs d’asile à Agadez», un mécanisme complet de gestion et de prise en charge des plaintes des enfants âgés de zéro (0) à dix-sept (17) ans. En plus des espaces de protection logés à l’intérieur du centre humanitaire et dans la ville, le projet financé par l’Unicef a permis de mettre à la disposition des enfants, un autre espace de protection dénommé «Case de protection».
Dans le processus de protection des enfants qui présentent plus de vulnérabilité par rapport à leur camarade, la case de protection permet de fournir un logement adéquat et de suivre le groupe cible, à l’égard de toute influence négative. Le processus de relogement de ces enfants est assujetti à l’obtention d’une ordonnance de placement délivrée par le juge des mineurs du tribunal de grande instance d’Agadez. Ces enfants avec des conditions psychosociales ou sanitaires spécifiques gardent toujours leur libre arbitre une fois relogés. Le personnel d’encadrement écoute attentivement leurs avis, dans ce cas précis, conformément aux règles de protection qui mettent l’enfant au centre de toute prise de décision le concernant.
A l’intérieur de l’espace sécurisé de la case de protection, une équipe complète formée de travailleurs sociaux, de formateurs et d’un personnel domestique, veille à ce que les enfants retrouvent confiance et surmontent leurs difficultés personnelles. Pour y parvenir, les enfants de la case ont accès à des jeux, des cours de langue française et de formation professionnelle, de même qu’a des sorties récréatives. Ils y resteront dans cet espace douillet, s’ils le désirent, jusqu’à ce que le psychologue pose un diagnostic favorable à leur départ vers les autres centres mis à disposition des enfants et adolescents demandeurs d’asile de la ville d’Agadez.
Mme Delphine Aurore Essa, cheffe de base INTERSOS à Agadez, explique que la protection est entendue comme l’ensemble des activités qui visent la prévention et la protection de toute exploitation ou abus sexuel à l’endroit des enfants. C’est pourquoi, dans l’intérêt supérieur de l’enfant, un panel d’outils a été mis en place à Agadez. Ce panel qui siège régulièrement en comité, regroupe la brigade des mineurs, le juge des mineurs, les officiers de protection de l’enfance de l’Etat du Niger et les partenaires humanitaires que sont INTERSOS et l’Unicef. Ce panel délibère sur les dossiers des enfants qui nécessitent une prise en charge spécifique.
Ce mécanisme, précise Mme Atti Tamari, travailleuse sociale au guichet unique d’Agadez et point focal de la gestion des plaintes à la direction régionale de protection des enfants, est une innovation mise entièrement en œuvre par l’ONG INTERSOS, avec la participation de l’Etat du Niger. Ce dernier, poursuit-elle, voudrait s’assurer de la pérennité d’un tel mécanisme qui améliore significativement la protection des enfants âgés de 0 à 17ans. «Ce partenariat avec l’ONG a renforcé nos capacités. De même, on est aussi outillé en matériels de communication, ce qui nous permet de rapidement faire suivre les plaintes des enfants au comité mis en place», dit-elle.
La cheffe de base INTERSOS à Agadez, se réjouit ainsi que ce comité soit devenu un outil important utilisé pour amélioration les conditions de vie de l’enfant dans la région. «Comme nous l’avons dit, les enfants font souvent l’objet de problèmes de violence basée sur le genre. Ils font aussi parfois l’objet de maltraitance basée sur le genre. Ce comité permet de prendre des décisions qui ont pour impact d’améliorer les conditions de vie de l’enfant», déclare Mme Delphine Aurore Essa. Elle fonde l’espoir que le soutien de l’Unicef sera maintenu pour continuer et pérenniser les acquis obtenus grâce au projet «Accès à l’éducation et à la formation professionnelle pour renforcer la résilience et l’intégration des enfants et adolescents demandeurs d’asile à Agadez».
Source aniamey
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