Manifestations, pétition et menaces de poursuites judiciaires: la pression montait pour revoir le système d’évaluation.
En Grande-Bretagne aussi, les épreuves du bac ont été notées sur la base du contrôle continu. Et les résultats ont déçu les lycéens. Face à la gronde des recalés, le gouvernement britannique a opéré lundi une volte-face spectaculaire sur l’évaluation des élèves, rehaussant massivement les résultats des examens jugés injustes, conséquence de l’annulation des épreuves en raison de la pandémie de nouveau coronavirus.
Manifestations, pétition et menaces de poursuites judiciaires: la pression montait sur le pouvoir, y compris dans son propre camp conservateur, pour revoir le système d’évaluation bien que le ministre de l’Éducation, Gavin Williamson, l’ait dans un premier temps exclu.
D’autant que la fronde déclenchée la semaine dernière par les résultats des A-levels (l’équivalent du bac) risquait de repartir de plus belle jeudi avec ceux des GCSE (l’équivalent du brevet).
Environ 300.000 lycéens anglais, dispensés d’épreuves du bac, ont découvert jeudi leurs résultats, basés sur l’évaluation de leurs enseignants, mais ensuite corrigés par un organisme indépendant (Ofqual) sur des critères statistiques, notamment la performance passée des écoles. Résultat: près de 40% des notes des professeurs ont été abaissées, notamment dans les quartiers plus défavorisés, remettant en question l’accès de nombre d’entre eux à l’université. «Nous comprenons qu’il a été éprouvant pour les étudiants de s’être vu accorder la semaine dernière des résultats d’examens qu’ils n’ont jamais passés», a concédé le président de l’Ofqual, Roger Taylor, dans un communiqué. «Après réflexion, nous avons décidé (…) d’accorder l’évaluation sur base de ce que les enseignants ont soumis», a-t-il ajouté, tant pour les A-levels que les GCSE. Après avoir défendu mordicus le système retenu, le ministre de l’Education, confronté également à la tâche délicate de préparer la rentrée de septembre malgré la résurgence actuelle du virus, a présenté ses excuses.
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Au Royaume-Uni, où chaque nation constitutive est compétente en matière d’éducation, l’Angleterre suit ainsi l’exemple de l’Ecosse qui, face au tollé provoqué par sa méthode d’évaluation, a été la première à présenter ses excuses et à décider de se fonder uniquement sur les estimations des enseignants.
En Irlande du Nord, l’exécutif local a aussi annoncé lundi que les résultats des GCSE seraient basés uniquement sur les avis des professeurs afin d’»apaiser les angoisses». Des lycéens ont manifesté pendant le week-end, avec des pancartes proclamant «Merde à l’algorithme» et «Faites confiance à nos professeurs», beaucoup craignant de manquer l’occasion d’étudier à l’université. «Ce n’est pas la conséquence de leurs actions mais l’application irréfléchie et imprudente d’un algorithme conçu pour se prémunir contre l’inflation des notes», a relevé Jolyon Maugham, avocat britannique dirigeant The Good Law project, une organisation à but non lucratif qui menaçait le gouvernement de poursuites en justice s’il ne revenait pas sur sa décision.L’évaluation sur laquelle le gouvernement est revenu lundi mettait aussi en exergue les disparités entre étudiants plus ou moins favorisés. Le député conservateur Robert Syms a ainsi raconté que trois notes attribuées à son fils avaient été revues à la baisse. «Il est contrarié, mais dans notre cas, il peut repasser les examens, et s’il doit faire une année sabbatique, (…) je peux le soutenir» financièrement, a-t-il expliqué sur Times Radio. Toutefois, «il y a beaucoup de gamins défavorisés qui sont mis dans une position difficile».
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Le dirigeant de l’opposition travailliste, Keir Starmer, a dénoncé sur Twitter des «semaines de chaos, de confusion et d’incompétence» du gouvernement, pointant du doigt l’»invisibilité» du Premier ministre Boris Johnson, actuellement en congés, pendant cette crise. La pandémie de nouveau coronavirus a bousculé l’année scolaire de millions d’élèves dans le monde et soulevé le problème de leur notation, qui relève souvent du casse-tête. En France, seules ont compté les notes des premier et deuxième trimestres pour la délivrance de l’examen. Les élèves ayant eu le bac du premier coup étaient 91,5%, un record absolu pour cette session exceptionnelle, qui pose la question de savoir comment l’enseignement supérieur pourra absorber ce flot de nouveaux bacheliers.
Source : etudiant.lefigaro.fr