Un nouveau décret oblige les recteurs à proposer une formation aux élèves titulaires d’une licence et non-admis en master.
Chaque année, nombre d’étudiants venant de décrocher leur licence se rendent compte à l’orée de l’été que toutes leurs demandes d’admission en master ont été rejetées. Depuis 2017, la sélection en master ne se fait plus entre le M1 et le M2, mais entre la troisième année de licence et la première année de master. C’est ainsi qu’avait été créé un «droit à la poursuite d’étude», stipulant que le rectorat, via la plateforme trouvermonmaster.gouv.fr, doit proposer à l’étudiant une formation. Mais ce n’est pas une science exacte, et nombre d’étudiants se retrouvent chaque année sans affectation, bien qu’ils aient démarché les services rectoraux.
C’est ainsi qu’a été publié, mercredi 19 mai, un décret du ministère de l’Enseignement supérieur «modifiant les conditions dans lesquelles les titulaires du diplôme national de licence non admis en première année d’une formation de leur choix conduisant au diplôme national de master se voient proposer l’inscription dans une formation du deuxième cycle.» La nouveauté tient au fait que l’étudiant concerné pourra, sous certaines conditions, saisir le recteur qui devra lui proposer «au moins trois propositions d’admission». Cette mesure prendra aussi effet dans les territoires de la Polynésie française et de Nouvelle-Calédonie.
De nombreuses conditions
Dans les faits, une fois le recteur saisi, ce dernier devra s’accorder avec les chefs d’établissements concernés. Le dossier de l’étudiant sera examiné par une commission d’accès au deuxième cycle. Du côté de l’étudiant, les conditions sont très strictes pour que sa demande soit recevable. Il doit, «à la condition qu’il existe deux universités dans cette région»: justifier cinq demandes d’admissions, que ces dernières soient compatibles avec sa licence, qu’elles concernent deux mentions de master au moins et, enfin, qu’elles soient adressées à au moins deux établissements.
L’étudiant saisit le recteur de son académie, «par l’intermédiaire d’un téléservice national», dans un délai de quinze jours à partir du moment où ayant reçu sa licence il n’a pas de réponse positive ou à compter de la notification du dernier refus. Si la saisine est reçue et validée, le recteur présente, in fine, «au moins trois propositions d’admission dans une formation conduisant au diplôme de master».
Plus 129% de saisines entre 2019 et 2020
Les propositions doivent tenir compte de plusieurs paramètres: projet professionnel de l’étudiant, offre de formation existante, capacité d’accueil de l’établissement et la compatibilité entre la licence et le master. Enfin, l’une des trois propositions doit être faite dans l’établissement où l’élève a eu sa licence ou, à défaut, dans un établissement de la région académique de ce dernier. À partir du moment où trois propositions sont sur la table, l’étudiant dispose d’un délai de huit jours pour répondre à ces dernières, sans quoi «il est réputé les avoir refusées», précise le décret.
Le nombre de saisines sur trouvermonmaster.gouv.fr a, en 2020, explosé, selon un rapport du Haut Conseil de l’évaluation de la recherche et de l’enseignement supérieur (Hcéres). Le site a enregistré plus de 11 500 saisines, ce qui représente une augmentation de 129% par rapport à 2019. Seules 7148 avaient été jugées recevables. Ces dernières se concentraient à près de 33% sur les masters de droit et de sciences politiques, suivies par les sciences (23%), l’économie et la gestion (15%). Mais le système n’est pas parfait. Le rapport dévoile que, lors de la dernière campagne, «159 étudiants ont reçu 3 propositions et 365 en ont reçu 2».
Source : etudiant.lefigaro