Selon une étude menée par Syntec Conseil, seuls près de 55% des diplômés bac +5 de 2020 ont trouvé un emploi.
La crise sanitaire a, on s’en doute, affecté l’employabilité des jeunes. Mais le plus inquiétant est de voir que même les jeunes issus des meilleures formations ne sont pas épargnés par la crise. C’est ce que montre une étude menée par Syntec Conseil auprès de 750 diplômés bac +5 de 2020, interrogés dans la dernière semaine du mois de décembre.
Selon ce sondage, seuls près de 55% d’entre eux ont trouvé un emploi. Un taux qui reste très inférieur à celui d’avant la crise sanitaire, quand en 2018 selon l’Apec, 74% des jeunes diplômés bac +5 travaillaient au bout de six mois (88% des diplômés des grandes écoles). «Les jeunes sont globalement inquiets, commente Matthieu Courtecuisse, président du Syntec Conseil. D’ailleurs, 85% estiment que la recherche d’emploi est plus dure qu’ils ne l’imaginaient. De plus, ils sont deux fois plus nombreux à rechercher un emploi que durant la précédente crise 2008-2009».
Toutefois, il existe des différences selon la formation d’origine. Ainsi, les étudiants issus de filières scientifiques ont clairement l’avantage avec un taux avoisinant les 60% pour les écoles d’ingénieurs et les masters universitaires scientifiques, contre un taux d’emploi de l’ordre de 50% pour les masters universitaires en éco/ gestion et les diplômés d’écoles de commerce.
Pour les diplômés issus des filières les plus sélectives (grandes écoles les plus cotées et les IEP), le taux d’emploi monte à 80% pour les meilleures écoles d’ingénieurs, et 65% pour les meilleures écoles de commerce et les IEP.
Comment souvent, les femmes ont plus de mal que les hommes à trouver un emploi, avec une différence de 10 % (50% pour les femmes, contre 60% pour les hommes).
L’apprentissage, excellent tremplin vers un CDI
L’étude montre aussi que 25% des jeunes diplômés sondés ont décroché un travail après un stage, 14% à la suite d’une période d’apprentissage et enfin, 61% ont bénéficié d’une embauche directe. Ils sont 50% à être en CDI et 45% à avoir obtenu un CDD. À noter que les contrats d’embauche des jeunes diplômés ayant trouvé un emploi sont globalement moins stables qu’en temps normal (50% en CDI contre 69% en temps normal), précise l’étude. Ceux qui jouissent d’une plus grande stabilité avec un taux de CDI supérieur à 70% sont issus des grandes écoles. Tout aussi intéressant: le taux de CDI des diplômés de filières en apprentissage avoisine également les 70%.
Si une bonne partie des jeunes interrogés sont satisfaits de leur salaire, un certain nombre ont dû accepter une rémunération inférieure à ce qu’ils espéraient. C’est particulièrement le cas des diplômés qui espéraient gagner deux à trois fois le SMIC. «Les jeunes sont prêts à faire des compromis sur tout, le type de contrat, la localisation, le salaire, le secteur et la fonction. Ils sont pragmatiques», analyse Matthieu Courtecuisse.
«Ces jeunes ultra qualifiés qui ont dû rester en France représentent une opportunité pour le pays» Mathieu Courtecuisse, président du Syntec Conseil
Naturellement, la crise sanitaire a également eu un impact sur les départs à l’étranger. Parmi les diplômés Bac+5 qui visaient un premier emploi à l’étranger, plus des 2/3 se sont rabattus sur la France pour décrocher un job dans le contexte de crise durant l’année 2020. «Ces jeunes ultraqualifiés qui ont dû rester en France représentent une opportunité. Il faut que les entreprises fassent des efforts pour les garder car si on ne les embauche pas, l’an prochain, une fois la crise passée, ils ne seront plus là.»
Pour finir, il ajoute: «Nous verrons si la prime à l’embauche des jeunes est poursuivie après la fin janvier, et si cela suffit. Cette prime est essentielle, car à partir de mars il y aura une rivalité entre les diplômés 2020 qui cherchent un emploi et les jeunes qui cherchent un stage de fin d’études, lesquels sont évidemment moins chers»
Source : etudiant.lefigaro