Ils ne sont plus que trois candidats à briguer le poste de Frédéric Mion qui a démissionné à la suite des accusations d’inceste pesant sur Olivier Duhamel.
Plus que quelques heures. Depuis la démission du directeur de Sciences Po Frédéric Mion en février dernier, les étudiants de la prestigieuse institution attendent de savoir qui lui succédera officiellement. Ce mercredi 10 novembre, la Fondation nationale des sciences politiques (FNSP) et le conseil de l’IEP devrait proposer un nom du futur directeur choisi à la ministre de l’Enseignement supérieur. Ces derniers mois, la directrice de la formation initiale Bénédicte Durand a été nommée provisoirement à la tête de l’établissement. Pour autant, elle ne figure plus sur la «short list» des trois candidats retenus.
Parmi eux, l’on trouve Olivier Faron (administrateur général du Conservatoire national des arts et métiers), Christine Musselin (directrice scientifique de Sciences Po) et Mathias Vicherat (secrétaire général du groupe Danone). À la veille des résultats, les étudiants font leurs pronostics. Pour Laura*, 22 ans, étudiante en master 2, il se pourrait que la seule femme de la liste soit retenue. «Je pense qu’il est possible que ce soit Christine Musselin. Cela permettrait de bien représenter les valeurs féministes de Sciences Po. Nous sommes davantage de filles que de garçons dans cette école, ce serait donc représentatif.» Cela redorerait surtout l’image de l’institution, entachée depuis la publication de La Familia Grande par Camille Kouchner, dans lequel elle accuse Olivier Duhamel, alors président de la FNSP, d’avoir abusé sexuellement son frère. L’étudiante ajoute: «J’ai été étonnée que Bénédicte Durand ne soit pas dans la short list. Il aurait été logique que ce soit elle qui reste à la tête de l’institution.»
«Il est important d’avoir un directeur enseignant»
Julie aimerait elle aussi voir Christine Musselin nommée directrice, voire Olivier Faron. «Je trouve qu’il est important d’avoir un directeur enseignant ou chercheur», note la jeune femme de 21 ans. Mais pour elle, ils ne seront ni l’un ni l’autre retenus. «J’ai l’impression que Mathias Vicherat correspond plus aux attentes de l’administration, mais pas forcément à celles des étudiants. J’ai le sentiment qu’il ne sera pas connecté ni concerné par nos problèmes.»
De son côté, William, 23 ans, espère voir le secrétaire général du groupe Danone à la tête de Sciences Po. «C’est le plus jeune des candidats. Il peut sûrement apporter une dynamique et une modernité à l’école. Je le vois bien à ce poste.» Sa camarade Camille pense elle aussi que Mathias Vicherat sera retenu. «Il est dans les petits papiers. Il est jeune, un peu “beau gosse”. Ça change d’une universitaire un peu poussiéreuse», lance-t-elle.
«Oublier l’époque Frédéric Mion»
Si certains étudiants s’intéressent au profil de leur futur directeur, d’autres admettent ne pas vraiment s’en soucier. «Je n’ai pas trop suivi cette histoire de candidatures… Ce sont des noms qui ont été choisis par un comité qu’on ne connaît pas. La procédure est en plus très opaque», souffle Idriss. Son ami Jonas, voit de son côté cette nomination comme l’ouverture d’un nouveau chapitre de l’histoire de Sciences Po. «Ce directeur ne va pas forcément apporter un équilibre mais plutôt un statut quo, un calme à l’institution. Ce sera une manière d’oublier l’époque Frédéric Mion.»
Un avis partagé par Jonas. «Oui, c’est vrai. J’étais en faveur de sa démission. La nomination d’un nouveau représentant sera bonne pour l’institution et bonne pour l’image “pro féminisme” qu’elle essaie d’entretenir.» Une de ses camarades ajoute: «La confiance entre la direction et les étudiants est nécessaire. On doit être irréprochable quand on est à la tête d’une institution comme Sciences Po. Frédéric Mion ne l’était pas.» Tous espèrent que le nouveau directeur le sera.
Les organisations étudiantes face à la nomination
Du côté des organisations étudiantes, le président des Républicains de Sciences Po assure que cette nomination n’est pas au centre des préoccupations des élèves de Sciences Po. «Je ne suis même pas certain qu’ils soient au courant que l’annonce aura lieu demain…», souffle Alexandre Urvois, son président. «Il faut voir quel nom sera annoncé mais je ne suis pas sûr que la nouvelle direction change grand-chose par rapport à la politique qui a été menée par Bénédicte Durand ces derniers mois.»
L’association étudiante Nova considère les projets des trois candidats «d’une grande qualité» qui témoignent «d’un engagement fort pour Sciences Po». Les élus de Nova ont pu rencontrer Olivier Faron, Christine Musselin et Mathias Vicherat en amont des auditions du début du mois de novembre. Au cours de cet échange, l’association a pu mettre en avant ce qu’elle considère comme les sujets essentiels pour la communauté étudiante: l’égalité des chances, la lutte contre les violences sexistes et sexuelles ou encore, la place des étudiants dans la gouvernance. Ainsi, c’est à partir de cette discussion que «les élus de Nova vont voter en conscience pour le candidat qui présente à ce jour le projet le plus équilibré et le plus en accord avec nos valeurs», fait savoir l’organisation au Figaro Étudiant.
Source : etudiant.lefigaro