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France / Sciences Po: les conventions d’éducation prioritaire fêtent leurs 20 ans

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Le dispositif, fer de lance de l’égalité des chances et de la diversité à Sciences Po, continue de se renforcer avec 63 nouveaux lycées conventionnés.

C’est «jour de fête», rue Saint-Guillaume, selon Bénédicte Durand, administratrice provisoire de Sciences Po. Cela fait maintenant 20 ans qu‘ont été mis en place, sous l’ère de l’emblématique Richard Descoings, les Conventions éducation prioritaire (CEP), ce processus visant à «renforcer la démocratisation» de l’institution et la diversité sociale. De 12 diplômés en 2006 à 134 en 2020, le dispositif a vocation à se renforcer, comme l’expliquaient, lundi 31 mai, les équipes de direction de l’Institut.

Le dispositif CEP est une voie d’accès sélective destinée aux élèves issus des lycées relevant de l’éducation prioritaire. Ces candidats sont sélectionnés, mais bénéficient d’une voie d’admission spécifique. Quand le concours existait encore, ils en étaient exemptés. La sélection se faisait sur dossier et oral. Mais au fil des années, ce dispositif a progressivement été dévoyé. Les parents bien renseignés, notamment les enseignants, ont bien perçu l’intérêt de scolariser leurs enfants dans les lycées conventionnés, afin de bénéficier de cette voie d’accès parallèle. «Nous avons constaté une baisse régulière du taux de boursiers», reconnaît Bénédicte Durand. L’objectif annoncé, à ce jour, est donc de porter à 50% les élèves boursiers dans les ateliers préparatoires des lycées à partir de 2021. À terme, l’objectif est d’atteindre les 100% de boursiers en CEP.

63 nouveaux lycées conventionnés

Le 25 mai dernier, le Conseil de l’Institut a validé l’intégration de 63 nouveaux lycées conventionnés, ce qui porte leur nombre à 166. L’objectif, d’ici 2022, est d’en compter 200. Une diversité territoriale se met en place, puisque dix nouvelles académies rejoignent le dispositif, ce qui porte le total à 28 sur 30 académies, celles de Nantes et Rennes n’ayant pu se joindre au programme. Aujourd’hui, les élèves issus des Conventions éducation prioritaire représentent 10% de la cohorte d’étudiants intégrant Sciences Po chaque année. D’ici 2023, ils seront 15%, soit la moitié des 30% de boursiers que l’école s’engage à accueillir annuellement en première année. À terme, «l’objectif général, c’est qu’ils représentent 30% du contingent», assure Bénédicte Durand.

Les conditions pour devenir un lycée CEP portent «sur le niveau social des élèves mais aussi sur sa capacité à constituer des ateliers de préparation» comportant a minima 50% de boursiers. Ces ateliers de préparation, a-t-il été précisé, ne forment pas qu’à Sciences Po, mais doivent permettre d’éveiller aux autres parcours de l’enseignement supérieur.

Depuis la création des CEP, le pourcentage de boursiers à Sciences Po est passé de 12% en 2006 à 25% en 2020.

Enfin, pour lutter contre «l’autocensure» et «l’inégalité d’accès aux formations sélectives», il s’agit de désenclaver les territoires, comme le précise Sciences Po dans un communiqué de presse en date du 31 mai 2021. «Comme 70 % des élèves défavorisés n’étudient pas dans les zones d’éducation prioritaire(…) l’enjeu est de compter des lycées conventionnés non seulement dans les zones de l’éducation prioritaire, mais aussi dans les territoires ruraux et les petites villes ou encore dans les territoires d’outre-mer, jusqu’à présent peu représentés dans le programme.»

«Souffle de démocratisation»

Une autre nouveauté tient à la procédure d’admission, qui depuis cette année a mis fin au concours de Sciences Po. Cette procédure repose désormais sur quatre dimensions qui «prennent en compte le candidat dans un environnement global»: résultats au baccalauréat, qualités académiques et trajectoire personnelle du candidat, écrits personnels et, enfin, l’entretien oral qui intègre un commentaire d’image. De leur côté, les ateliers et leurs contenus évoluent. Ils devront travailler à renforcer les compétences «expressives», c’est-à-dire l’écriture, la lecture, l’expression orale et l’anglais, les compétences «méthodologiques», à savoir l’analyse, la synthèse ou la recherche documentaire, et les compétences «sociocomportementales», incluant l’écoute, la capacité à travailler en équipe ou l’autonomie. Mais, au moment des résultats, nombre de candidats refusés ont dénoncé, sur les réseaux sociaux, des conditions de sélection plutôt floue. «La nouvelle procédure se termine. Ce n’est pas encore le moment de l’analyse», explique l’école, avançant que ces critiques sont «ordinaires».

Pour la première fois en 2021, le dépôt de dossiers de candidature pour Sciences Po se faisait sur Parcoursup. Avec cette nouvelle modalité, l’école a enregistré trois fois plus de candidats boursiers admissibles, selon l’administration. «Un souffle de démocratisation» dont se réjouit Bénédicte Durand. Cette «discrimination positive», que l’école met en œuvre depuis 20 ans, va-t-elle porter ses fruits?

Source : etudiant.lefigaro

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