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France / Rejoindre l’armée après une école de commerce: «On apprend à commander»

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Saint-Cyr a noué des partenariats avec des grandes écoles prestigieuses. Les futurs cadres obtiennent le grade d’officier et acquièrent d’autres compétences, comme le dépassement de soi.

«J’ai vécu l’expérience la plus forte de mes trente-deux ans d’existence», affirme sans hésiter Gaspard, sorti de l’Essec en 2013, à propos du double diplôme entre l’école de commerce et l’Académie militaire de Saint-Cyr Coëtquidan. Au fil des années, l’institution, qui dépend du ministère des Armées, a opéré un rapprochement avec les grandes écoles les plus prestigieuses. Elle propose depuis 2009 un partenariat grandes écoles (PGE) qui fournit une formation accélérée d’officier en six mois aux étudiants d’une soixantaine d’écoles de commerce, d’ingénieurs, de l’École normale supérieure et des instituts d’études politiques. Par ailleurs, elle a établi avec certaines, comme l’Essec, l’ESCP, CentraleSupélec ou encore Sciences Po Paris, un double cursus avec un an d’apprentissage théorique et militaire à Saint-Cyr.

«Ce sont toujours les établissements qui ont manifesté leur souhait de collaborer avec nous, et non l’inverse», se targue Éric Ghérardi, responsable des programmes doubles diplômes et partenariats grandes écoles à Sant-Cyr. Il analyse cela par les leçons de vie inédites qu’apporte un passage par l’armée. Gaspard abonde: «On nous inculque comment commander, alors qu’au travail, dans le civil, il s’agit plutôt de manager. La différence entre les deux, c’est que le commandement impose en plus de connaître son équipe et de créer des liens forts avec eux.» Selon lui, cette relation permet d’encourager ses subordonnés à donner le meilleur d’eux-mêmes, la clé du succès

«C’est incroyable, au bout d’une semaine, on s’initie déjà au tir au Famas»

Le dépassement de soi est une valeur très recherchée par les grandes écoles: «Cela pousse les étudiants à tester leurs limites et à les repousser encore plus loin», expose le lieutenant-colonel Damien, de la direction des ressources humaines de l’armée de terre. «C’est incroyable, au bout d’une semaine, on s’initie déjà au tir au Famas», se souvient avec émotion Brieuc, étudiant à HEC. Quant à Gaspard, il se remémore son moment le plus marquant et, surtout, éprouvant: les quinze jours de stage au Cefe, le Centre d’entraînement en forêt équatoriale. «Deux semaines en Guyane, en autonomie, à dormir deux à trois heures par nuit, à être mouillé en permanence et soumis à l’autorité des officiers, cela forge le caractère», assure-t-il. «En école de commerce, on était dans des chaussons à aller en cours dix heures par semaine et à profiter de loisirs à volonté, et on échange ce confort contre un milieu où on vous demande de vous adapter en permanence et de débrancher son cerveau pour suivre les ordres», développe l’alumni de l’Essec.

Pour casser les préjugés

Pour Saint-Cyr, l’intérêt de ces alliances est d’accoler son nom à celui de prestigieux établissements: «Lorsqu’on s’associe, on reconnaît que les deux diplômes ont la même valeur», souligne Ronan Doaré, directeur de l’enseignement à Saint-Cyr. Autre avantage: ce partenariat participe au rayonnement de l’armée. «Les étudiants sont immergés dans le quotidien des cyrards. Découvrir cette réalité permet de casser leurs préjugés, qu’ils pourront partager par la suite avec leur entourage», suggère Éric Ghérardi.

75 % d’entre eux deviennent militaires de réserve

Néanmoins, ce bref séjour parmi les militaires place les jeunes dans un entre-deux parfois délicat. «Lors de notre stage d’officier de trois mois, on a un statut inédit dans l’armée, puisque la fonction de stagiaire n’existe pas», souligne Maxence, à Néoma. Lorsqu’ils reviennent dans leur campus d’origine se pose alors la question de leur éventuel engagement. «J’ai longuement hésité à poursuivre dans l’armée. Finalement, j’ai compris que ce serait incompatible avec la construction d’une famille», souffle Brieuc. Toutefois, les étudiants interrogés ont tous rejoint la réserve, comme 75 % des élèves du PGE. «C’est le compromis idéal pour servir mon pays tout en reprenant mes activités», conclut Maxence.

Source : etudiant.lefigaro

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