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France / L’Unef dans la tourmente après une nouvelle polémique sur l’islam

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Le syndicat étudiant est accusé d’avoir placé «une cible dans le dos de deux enseignants» de l’IEP de Grenoble. Beaucoup lui reprochent sa proximité avec les étudiants musulmans de France (EMF).

L’Unef fait à nouveau polémique. Le syndicat étudiant de gauche, plusieurs fois mis en cause pour des positions controversées ces derniers mois, est cette fois-ci accusé d’avoir «collé une cible dans le dos» de deux enseignants de l’IEP de Grenoble. «L’attitude de l’Unef a été déplorable (…). Quand on a eu dans notre pays une alerte aussi puissante, aussi violente que la décapitation d’un enseignant pour le seul fait d’avoir enseigné et que certains syndicats étudiants mettent des cibles dans le dos d’enseignants sur des accusations prétendues d’islamophobie (…). Il y a une responsabilité majeure de l’Unef et j’espère qu’elle sera recherchée et poursuivie», a accusé hier Aurore Bergé, députée En Marche, au micro de Sud Radio. Sur Twitter, certains, comme le parlementaire européen Gilbert Collard ou le syndicat étudiant UNI, sont même allés jusqu’à demander la dissolution de l’Unef.

Jeudi dernier, à Sciences Po Grenoble, un «collage» sauvage accusant deux professeurs de l’établissement d’islamophobie a été découvert sur les murs de l’institut. Aux noms des enseignants étaient accolés les mots «fascistes» ou «l’islamophobie tue». Des affichages rapidement retirés mais plusieurs fois relayés sur les réseaux sociaux, notamment sur la page Grenoble en lutte mais aussi, sur le compte Twitter de la section Unef de l’IEP.

«Une maladresse» selon Mélanie Luce

«À Sciences Po Grenoble, des propos que nous considérons comme islamophobes, racistes et réactionnaires ont été tenus par des enseignants. Il est de notre devoir de les dénoncer», a expliqué l’Unef Grenoble dans un communiqué de presse, après avoir finalement supprimé le fameux tweet. Si la section locale du syndicat se défend d’avoir «participé au collage», elle reconnaît toutefois l’avoir partagé pour dénoncer «les violences de genre» et une «campagne islamophobe et sécuritaire». Contactée par Le Figaro pour évoquer le sujet, la présidente de l’Unef, Mélanie Luce, avoue une «maladresse» de la section locale de l’Unef qui n’aurait «pas dû partager ces photos». Elle rappelle toutefois que son syndicat «n’a rien à voir avec ce collage» et précise qu’«aucun désaccord ne justifie d’affichage ou de lynchage public».

«L’Unef ne représente plus ce qu’elle était il y a 20 ans»François Jolivet, député LREM

Ce n’est pas la première fois que les prises de position de l’Unef créent l’émoi ces dernières années. Certains commencent d’ailleurs à s’en inquiéter sérieusement. «Je suis atterré par cette affaire. Je trouve insupportables ces méthodes d’un autre temps. L’Unef ne représente plus ce qu’elle était il y a 20 ans, elle a été préemptée par certaines personnes et je m’interroge sur son rôle aujourd’hui. Aide-t-elle vraiment les étudiants en difficulté? Le tweet qu’ils ont partagé n’a absolument rien à voir avec du syndicalisme étudiant», déplore le député LREM François Jolivet.

«Un animal sans tête, qui se balade»

Un avis que partage l’essayiste Paul Melun. Cet ancien président de l’Unef à Sciences Po Bordeaux a observé, au fil des années, l’évolution idéologique de son syndicat. «À l’époque, c’étaient le Parti socialiste et le Parti communiste qui tenaient l’Unef. Maintenant, ce syndicat est devenu un animal sans tête qui se balade. En interne, il est l’objet de luttes et d’influence pour des lobbys de l’islam politique et des combats intersectionnels», juge-t-il. Cet ancien se rappelle d’un temps pas si lointain où l’Unef «parlait encore de sujets de fonds». «On évoquait la précarité étudiante, la sélection à l’université, les maquettes pédagogiques. J’ai assisté aux prémices de ce qu’est devenu l’Unef aujourd’hui et j’ai rapidement décidé de partir», se rappelle-t-il.

Un autre ancien militant raconte également ce changement idéologique de l’Unef. «Il y a eu un basculement progressif du social vers le sociétal. L’Unef a commencé à s’intéresser à la transphobie, à la non-mixité, à l’hétéronormativité. Il y avait aussi une véritable obsession pour la cause palestinienne et un antisionisme très important. Elle s’est éloignée petit à petit de la question des étudiants et a eu de moins en moins d’adhérents», se souvient-il. Avant de franchir un cap lors de la présidence de François Hollande, entre 2012 et 2017. «À cette période, les tendances minoritaires d’extrême gauche ont pris du poids et se sont montrées virulentes envers la majorité nationale. William Martinet, président du syndicat à l’époque, ne voyait plus comment maintenir l’unité en interne. Il y a eu une véritable radicalisation», témoigne cet ancien.

Une proximité avec l’EMF

C’est à ce moment-là que l’Unef commence à perdre du poids dans les universités. En 2016, elle perd sa place de première organisation étudiante de France, au profit de la Fédération des associations générales étudiantes (Fage). Et commence ainsi à vouloir nouer de nouveaux partenariats, pour ne pas se laisser distancer. Elle s’allie notamment, sur certains campus au mouvement des Étudiants musulmans de France (EMF). C’est par exemple le cas à Lyon 3 ou dans d’autres universités, où les deux organisations font liste commune pour les élections étudiantes. Mais l’EMF, créée en 1989 aurait, selon une enquête publiée il y a quelques semaines sur Le Figaro, des liens très forts avec l’Union des organisations islamiques de France (UOIF).

«Cette association étudiante (EMF), qui peut ressembler à bien des égards à de nombreuses organisations, est en réalité le bras des Frères musulmans à l’université»Mohamed Louizi, ancien cadre de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF)

«L’EMF est une antenne satellite des Frères musulmans français. Cette organisation a été créée par les islamistes politiques pour occuper le terrain estudiantin. Ils veulent investir tous les champs de la société, et la jeunesse est le nerf de la guerre», affirmait par exemple le militant universaliste et laïque Naëm Bestandji. Des accusations que confirmait dans cette même enquête Mohamed Louizi, ancien cadre de l’Union des organisations islamiques de France (UOIF). L’essayiste, qui a fait partie des Frères musulmans pendant plusieurs années, a également été un cadre de l’EMF. «Cette association étudiante, qui peut ressembler à bien des égards à de nombreuses organisations, est en réalité le bras des Frères musulmans à l’université. Ces établissements sont des laboratoires d’idées: tous les débats que l’on voit aujourd’hui au sujet de la laïcité, du voile, toutes les revendications communautaristes prônées par les Frères musulmans ont déjà été abordés dans des congrès étudiants dans les années 1991-1992», expliquait-il.

« S’il s’avérait qu’une organisation avec laquelle on travaille était gérée par des représentants de l’islamisme radical, nous prendrions immédiatement des mesures»Mélanie Luce (Unef)

Malgré ces accusations, la présidente de l’Unef, Mélanie Luce, estime qu’à ce stade, rien ne permet d’affirmer que l’EMF est liée aux Frères musulmans. «Ils nous disent que ce n’est pas le cas. Je ne suis pas chez eux pour vérifier ce qu’il s’y passe. Nous-mêmes sommes tellement victimes d’accusations non fondées qu’avant de prendre la moindre décision les concernant, nous attendons des preuves», estime-t-elle, précisant qu’avant de nouer un partenariat, l’Unef s’assure toujours qu’il y ait une «concordance idéologique» avec les organisations impliquées. «S’il s’avérait qu’une organisation avec laquelle on travaille était gérée par des représentants de l’islamisme radical, nous prendrions immédiatement des mesures», jure-t-elle. Par ailleurs, elle précise que l’Unef travaille avec l’EMF comme elle le fait également avec d’autres associations «juives, catholiques ou musulmanes».

«L’Unef n’abrite pas des islamistes»

La présidente de l’association répond également aux accusations de noyautage par des partisans de l’islam radical: «L’Unef n’abrite pas des islamistes et n’est pas complaisante avec l’islamisme radical. Il faut arrêter de délirer. À chaque acte terroriste, nous avons pris position fermement pour dénoncer ce qu’il se passait. Nous rejetons et combattons l’obscurantisme de l’islamisme radical et défendons la construction de l’esprit critique à l’université», lance-t-elle, précisant qu’à chaque occasion, elle et Maryam Pougetoux, vice-présidente de l’Unef qui avait notamment été au cœur d’une polémique après avoir porté le voile à l’Assemblée nationale, reçoivent «des menaces» et se font «harceler».

Des arguments qui ne convainquent pas tout le monde. «Ils ne sont sûrement pas gangrenés par des gens qui souhaitent promouvoir l’islam politique. Ils n’en ont d’ailleurs pas besoin: leurs partenariats, l’affichage de cette vice-présidente voilée, tout cet islamo-gauchisme suffit pour expliquer toutes les polémiques», conclut un ancien militant.

Source : etudiant.lefigaro

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