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France / Les souris courent dans les murs : le ras-le-bol des étudiants en cité U

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Les étudiants déplorent des conditions de vie parfois «intenables» dans leurs logements Crous, notamment à Lille et à Paris.

«C’est ignoble!» Il y a quelques semaines, le député communiste du Nord Alain Bruneel interpellait le gouvernement sur la vétusté des résidences universitaires. Une réalité partagée par de nombreux jeunes occupant un logement Crous, un organisme public qui gère les aides destinées aux étudiants (bourse, logement, restauration..). Au total, ils sont 175 000 à vivre dans ces résidences réparties partout en France, réservées en priorité aux étudiants boursiers à des tarifs bien en dessous du marché (250 euros par mois en moyenne).

Pour Mélodie, 23 ans, le prix n’est pas une excuse. Originaire de Nîmes, cette étudiante a subi une année «infernale» en colocation dans le bâtiment Philipe de Girard, situé dans le XVIIIe arrondissement de Paris. «Il n’y avait aucune surveillance de la résidence, un inconnu dormait toutes les nuits devant la porte d’entrée de mon appartement. La première fois, mon amie a hurlé en ouvrant et en le découvrant», rapporte Mélodie. Puis, cela devient récurrent. L’homme s’y installe «deux à trois fois par semaine». Selon la jeune fille, l’individu est «shooté au crack». «Il urinait, déféquait et laissait traîner sa nourriture, ses pilules», relate cette étudiante de l’IPJ, une école de journalisme parisienne. Afin de résoudre le problème, elle s’adresse à l’administration du Crous. «Pendant des mois, je les appelais quatre fois par semaine et leur envoyais des mails tous les jours. Ils affirmaient s’en occuper mais n’ont jamais agi». Une expérience difficile qui l’a conduite à fuir les résidences Crous.

«J’ai été infestée de punaises de lit»

Hugo* étudiant à l’Université Paris-Dauphine en licence de management des innovations, vit actuellement dans le même immeuble. Il évoque des soucis liés cette fois aux rongeurs. «Les souris courent dans les murs, elles entrent parfois dans les chambres ou font des bruits continus dans les parois», décrit-il. Des nuisances que connaît également Khadija, qui habite une chambre à la résidence Francis de Croisset, porte de Clignancourt à Paris. «En plus des souris, j’ai été infestée de punaises de lit», explique-t-elle. Hugo poursuit: «Il y a aussi de très nombreux vols de colis à Philipe de Girard. Je ne me fais plus livrer dans ma boîte aux lettres». Il termine en brossant le tableau d’une résidence délabrée. Malgré tout, le jeune homme apprécie le loyer au tarif imbattable de 325 euros pour 22 mètres carrés.

De son coté, Anniela Lamnaouar, vice-présidente en charge des affaires sociales à la Fage, principal syndicat étudiant confirme avoir reçu de nombreuses plaintes d’étudiants, notamment à Lille et à Paris. «La situation est très différente d’une résidence à l’autre. Dans certaines, le problème est réglé dans la journée, dans d’autres cela peut durer des mois», dit-elle. Elle appelle les étudiants concernés à s’adresser aux référents locaux du syndicat afin que la Fage puisse transmettre leurs doléances directement au Cnous, et qu’elles soient traitées dans les meilleurs délais.

Plus d’un million d’euros afin de renforcer la sécurité

Dominique Marchand, présidente du Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires), met en avant le prix des chambres très bas, même si elle le reconnaît: «Ce n’est évidemment pas une excuse pour proposer des logements en mauvais état». Et d’ajouter: «Il faut relativiser les critiques. Sur l’ensemble du parc, la grande majorité est de bonne qualité et fraîchement réhabilitée.» Elle avance que selon l’enquête annuelle de satisfaction organisée à l’automne 2020 et recensant l’avis de plus de 15 000 locataires Crous, 74% des sondés sont contents de l’état de leur chambre ou studio. La note moyenne s’élève à 7,2/10. Dominique Marchand assure qu’en réalité, les difficultés rencontrées ne relèvent pas de leur responsabilité: «Les deux motifs principaux de gêne (les insectes et la sécurité) dépendent de l’environnement dans lequel se trouvent les habitations. Mais nous faisons le nécessaire pour réparer les dégâts et instaurer des services supplémentaires.» Elle avance que depuis le mois de janvier, le Crous a dépensé plus d’un million d’euros afin de renforcer la sécurité aux abords des campus, au moyen de veilleurs de nuit, de gardiens et de vidéosurveillance.

Source : etudiant.lefigaro

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