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France / Les étudiants étrangers en zone rouge finalement autorisés à venir en France

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Les restrictions sanitaires empêchaient des milliers d’élèves acceptés dans des universités françaises d’atteindre l’Hexagone. Récit d’un bras de fer.

«Mon rêve, c’est la France», confie, amère, Rosario, 19 ans, originaire de Buenos Aires. Comme 8000 jeunes, elle est bloquée depuis juin: admise dans une université française mais interdite d’entrée sur le territoire en raison de la pandémie. «Je suis prête à tout pour y accéder.» En ce début août, une bonne nouvelle tombe: les études sont considérées comme un motif impérieux. Les jeunes internationaux peuvent désormais rejoindre l’Hexagone.

Un passe sanitaire hors de portée

Voilà quelques semaines que des milliers d’étudiants internationaux se battent pour poser leurs bagages en France. Carla en fait partie. Étudier à Paris est pour elle un rêve d’enfant. «Petite, je suis venue d’Argentine pour visiter la capitale. J’ai vu le bâtiment de la Sorbonne et je me suis promis d’y être élève plus tard», raconte la jeune femme de 24 ans. Si fin mai, l’université de ses rêves lui ouvrait les portes d’un master en relations internationales, il lui était impossible de les franchir. En effet, l’Argentine est une «zone rouge», marqueur d’une circulation active du virus.

Aux habitants de pays classés à risque (tels la Bolivie, le Brésil, le Chili, Cuba ou encore la Russie), la France demande un passe sanitaire. Une requête qui n’est pas à la portée de tous. Le test PCR ne suffit pas. «Pourtant, je veux bien me soumettre à un test au départ et à l’arrivée, une quarantaine. N’importe quoi», lâche Rodrigo, un Chilien de 28 ans. En effet, certains de ces étudiants n’ont accès qu’aux vaccins chinois Sinopharm ou russe Spoutnik, les doses de Moderna étant très limitées.

Rosario préfère ainsi ne pas se faire vacciner: «Le vaccin que j’aurai ne sera pas valable en France, donc pas la peine de gâcher des doses en Argentine.» Carla pensait simplement qu’elle devait faire la démarche, quel que soit le vaccin: «Après ma première dose de Sinopharm, j’apprends que cela m’éloigne en réalité du visa.» Même son de cloche du côté de Rodrigo qui a terminé le processus de vaccination en avril. «Je suis partant pour de nouvelles doses d’un autre vaccin si nécessaire», précise-t-il. Un cercle vicieux s’installe: ils ne peuvent venir en France sans un vaccin uniquement réalisable…en France. Ils cherchent une issue: Carla a déjà attrapé le Covid-19 mais à l’époque, les tests PCR n’étaient pas monnaie courante. Elle a fait un test sérologique qui a confirmé la présence des anticorps dans son organisme. Mais cela ne l’autorise pas à venir en France.

Une bataille pour faire reconnaître le caractère impérieux de l’enseignement

Seule solution: l’inscription des études dans la liste des motifs impérieux, autorisant des personnes des pays rouges à se rendre en France, même sans vaccin. S’amorce en début juin, une bataille pour faire reconnaître le caractère impérieux de l’enseignement. «Nous nous sommes retrouvés presque 1 000 Brésiliens dans une situation similaire et nous avons décidé d’agir. Nous avons lancé un appel à l’aide sur les réseaux sociaux et avons constaté que d’autres étaient dans notre cas. Des jeunes d’une dizaine de pays se sont joints à nous», relate Taiza, 28 ans. Elle ajoute, fièrement: «Le mouvement est né au Brésil.» Malgré leurs actions à répétition, aucune éclaircie à l’horizon et l’incertitude plane quant à l’avenir.

Reçue en licence de science politique à Paris, Rosario s’impatiente: «Au début, j’ai pensé qu’il suffirait d’attendre. Mais trois mois passent et je désespère.» Elle poursuit, agacée: «Je commence les cours le 20 septembre, donc j’aimerais être au clair: un déménagement à plus de 10 000 kilomètres ne se prépare pas en trois jours.» Outre les détails pratiques, ce flou les empêche d’envisager sérieusement un plan B. «Ici, dans l’hémisphère sud, l’année scolaire s’étale de mars à décembre donc je pourrai reprendre un cursus seulement dans sept mois», explique Carla. Rosario abonde: «J’ai eu mon baccalauréat en décembre et ai déjà perdu presque un an. Je ne veux pas rester plus longtemps sans rien faire.»

Pour Joëlle Garriaud-Maylam, sénatrice représentant des Français établis hors de France, cela relève d’une «aberration»: «Les tests sérologiques sont la solution idéale pour s’assurer de l’efficacité des vaccins et régler cette douloureuse histoire», développe-t-elle au Figaro Étudiant. Et de poursuivre: «Une procédure simple à l’origine est complexifiée, cela créé des nœuds qui n’ont pas lieu d’exister.» La parlementaire tempère: «Je comprends les hésitations du gouvernement malgré tout, au vu des enjeux, donc je me bats pour leur montrer une autre voie.»

Ce vendredi, la situation des élèves internationaux a connu une heureuse issue. Les études appartiennent dorénavant aux motifs impérieux permettant de venir en France depuis une zone rouge. Joëlle Garriaud-Maylam conclut: «Certains consulats ont commencé à produire des visas pour ces jeunes.»

Source : etudiant.lefigaro

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