Initié en 2015, le SMV s’adresse aux 18-25 ans. Avec une discipline militaire, l’objectif est d’aider les jeunes à renouer avec la vie active.
«J’ai arrêté l’école en cinquième, puis j’ai enchaîné les petits boulots», raconte Alexandre. À 21 ans, il a fraîchement terminé son service militaire volontaire. Une porte de sortie qui lui a offert les clés de sa nouvelle vie. Comme lui, 3 700 volontaires ont été formés de 2015 à 2019 et 66% d’entre eux sont arrivés sans diplôme. Au total, le SMV peut se targuer de bons résultats: le taux d’insertion dans la vie professionnelle six mois après le départ s’élève à 70%. Un chiffre inférieur à la réalité, même, d’après le général Brûlon, le commandant du SMV, puisque la statistique s’appuie sur le contrat d’embauche envoyé par les jeunes, preuve de leur insertion. Ce qu’ils ne font pas tous.
Le SMV est un engagement militaire d’un an qui permet aux stagiaires d’acquérir des capacités professionnelles avec, en tête, «l’estime d’eux-mêmes» et la «vision de la réussite», explique le général Brulon. Au programme: un mois de formation au savoir-être militaire, quatre mois d’instruction générale avec une remise à niveau scolaire et le passage du permis de conduire, puis quatre à sept mois d’apprentissage professionnel dans la branche choisie. «On leur donne toutes les briques pour construire leur parcours: encadrement, formation, réseau.», résume le général.
Se plier à la discipline militaire
Ce dispositif cible les jeunes dans des situations les plus délicates, d’exclusion scolaire, familiale ou sociale, dans l’impasse quant à leur avenir. Il est basé sur le volontariat: ceux qui le souhaitent candidatent, puis sont reçus pour passer une visite médicale et un entretien de motivation. Les seules obligations pour y accéder sont la nationalité française et une bonne condition physique. Aucun quota n’est établi mais les femmes représentent 29% de l’effectif.
Une fois arrivés au SMV, les jeunes découvrent l’encadrement militaire. Cela constitue le principe même du procédé: (ré)intégrer à l’univers professionnel via l’apprentissage de la discipline. Rien ne leur est épargné: réveil à 5 heures 30 et coucher à 22 heures 30 imposés, ils sont organisés par section et dirigés par une myriade de chefs. «L’autorité, on s’adapte car on sait qu’on est là pour ça», commente Ali, 21 ans, qui a fini son SMV en mai. À l’issue d’un échec au bac pro électricien, il ne sait plus vers quelle voie se diriger et il s’intéresse au milieu militaire. Sa journée d’appel (ou journée défense et citoyenneté, JDC) lui apprend l’existence du SMV qui lui permettait de s’orienter vers la maçonnerie. Un an plus tard, le permis en poche et l’acquisition de nombreuses compétences, il aspire à trouver un poste de coffreur-brancheur dans le bâtiment.
Un taux d’insertion professionnelle de 70%
Au cours de cette année particulière, les volontaires apprennent notamment la cohésion et le travail en groupe: «nous souhaitons leur faire comprendre qu’ils avanceront mieux ensemble», explique le général Brulon. Une dynamique qu’Alexandre a bien intégré. «Outre l’aspect professionnalisant, j’ai rencontré de véritables amis que je compte bien garder à mes côtés», relate-t-il. Cela lui a aussi apporté de la légitimité et de l’audace: «je me suis prouvé que je pouvais reprendre des études et connaître des succès», assure-t-il. La suite pour lui: le retour sur les bancs de la faculté afin de devenir moniteur sportif d’ici un an. Comme quoi, le SMV constitue une rampe de lancement vers une multitude de projets.
Une graine, qui finira par éclore
Vincent, 24 ans, a conclu son SMV en septembre 2018 dans la filière aéronautique. Il a été embauché au lendemain de son dernier jour de formation. Il se réjouit de cette année qui lui a permis «d’accomplir [s]es ambitions». Enfin, pour ceux qui peineraient encore au sortir du SMV, pas de panique, «nous avons planté une graine, qui finira par éclore», certifie le général Brûlon.
Source : etudiant.lefigaro