Une enquête menée par l’Ifop relève que les lycées situés en banlieues sensibles semblent davantage exposés à des formes d’expressions de la religion que dans d’autres établissements.
Ce jeudi 9 décembre se tient la journée nationale de la laïcité à l’école. Qu’il s’agisse de la maternelle, du primaire, du collège et du lycée, tous les établissements et leurs élèves sont tenus de respecter le principe de laïcité. Mais selon une enquête menée par l’Ifop pour la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) et la revue le Droit de vivre auprès de 1006 lycéens âgés de plus de 15 ans entre le 15 et le 20 janvier dernier, la réalité est tout autre.
D’après les chiffres, plus d’un lycéen sur deux (55%) a déjà été confronté à une forme d’expression du fait religieux en milieu scolaire. Les plus répandues sont les demandes de menus «confessionnels» (47%), les refus d’activités pédagogiques des jeunes filles au nom de leur religion – 31% pour des cours de natation et 26% pour des cours d’EPS mais aussi un rejet des références religieuses de certaines activités pédagogiques (24% de refus d’entrer dans un édifice religieux) ou des moments de vie scolaire (27% de contestations des repas de Noël).
16% constatent une organisation des élèves dans les cantines
Durant leur scolarité, les élèves sont par ailleurs nombreux à relever des situations de «volonté d’entre soi» durant la journée. Ainsi, 16% des lycéens du public ont déjà constaté à la cantine une organisation des tables en fonction de la religion des adolescents (33% dans les lycées classés prioritaires). Aussi, 15% des toilettes seraient séparées en fonction de leur religion (30% en milieu prioritaire).
Toujours selon l’Ifop, de manière générale, les lycées situés dans des banlieues sensibles semblent davantage exposés à ces formes d’expressions de la religion, puisque 63% des lycéens inscrits dans un établissement classé prioritaire en ont déjà observé au cours de leur scolarité. Le refus de donner la main à un ou une camarade est également rapporté par 46% des lycéens en milieu prioritaire, contre seulement 15% dans les autres établissements.
Un quart des musulmans ne «condamne pas totalement» l’assassin de Paty
Près d’un lycéen sur deux du secteur public déclare aussi avoir été témoin de contestations chez certains camarades au sujet du contenu des enseignements reçus en classe, au nom de leurs convictions religieuses. C’est notamment le cas en cours d’enseignement moral et civique (34%) ou évoquant la laïcité (30%), lors de cours sur des questions liées à la mixité (32%) ou consacré à l’égalité filles-garçons (31%) ou encore lors de cours d’éducation physique et sportive (29%).
Enfin, la question du droit à la critique des religions à l’école pose problème dans de nombreux établissements. Alors que la majorité des lycéens (61%) soutiennent le droit des enseignants à «montrer (…) des caricatures se moquant des religions afin d’illustrer les formes de liberté d’expression», ce n’est le cas que de 19% des musulmans. La plupart (81%) désapprouvent ce genre de pratique, au point qu’un sur quatre ne «condamne pas totalement» l’assassin de Samuel Paty.
Source : etudiant.lefigaro