Écouter ses interlocuteurs, élargir son réseau…. Même sans quitter l’Hexagone, la façon de travailler des Chinois peut vous aider à déjouer cette chausse-trappe que constituent vos premières expériences professionnelles.
Les Chinois ont beaucoup à nous apprendre. Mathilde Aubinaud, spécialiste de la communication a écrit avec Philippe Branche, qui a longtemps travaillé en Chine, un livre intitulé Mieux comprendre la Chine (VA Éditions). Une façon de travailler, de nouer des relations particulièrement inspirante pour les jeunes Français qui se lancent dans la vie professionnelle.
■ Utiliser le Guanxi, le réseau «made in China» pour trouver des alliés dans l’entreprise
Votre réseau est toujours plus étendu que vous ne le pensez. L’approche chinoise vous permettra de mieux vous l’approprier. Le Guanxi, littéralement «porte pour accéder à un groupe», renvoie aux relations interpersonnelles entre individus. Né de l’héritage confucéen, ce concept repose sur des valeurs comme l’utilitarisme et la réciprocité. Il s’inscrit dans une perspective à long terme. Ainsi, donner avant de recevoir est un principe qui peut s’avérer très utile dans les relations professionnelles que vous tisserez. La notion de réseau chinois recouvre différentes relations tant personnelles, qu’économiques ou politiques.
Si en France on a une vision plus restreinte du réseau, surtout mobilisé lors d’une recherche de travail, elle est en Chine exploitée de manière plus vaste. La perception du réseau en Chine ne se réduit pas à la seule sphère professionnelle mais prend également en compte les voisins, les amis et l’entourage familial. La capacité à tisser des liens avec vos futurs collègues, en vous connectant par exemple via Linkedin, est importante avant même que vous ayez commencé à travailler. Cette lecture du réseau à la chinoise nous invite donc à repenser notre vision classique des réseaux au sein même de l’entreprise.
■Les premières semaines, soyez plus que jamais attentif à vos interlocuteurs
Des ressources humaines à la comptabilité, en passant par le service juridique, vos interactions seront variées. Le caractère chinois pour dire «connecter» raccorde deux oreilles. Ainsi, en Chine, échanger consiste d’abord à écouter. Le caractère de droite connecte ceux qui écoutent. Essayez, dès le début de votre nouveau travail, de comprendre ce que vos collègues font et quels sont leurs enjeux au sein de l’entreprise. Posez aussi un maximum de questions. L’empathie et l’attention portées à votre interlocuteur sont cruciales. Il est donc important de bien se préparer et de retenir rapidement noms, concepts et acronymes de votre nouvel environnement.
■Respecter la hiérarchie en gardant la face
Décontenancé, surpris, embarrassé… Autant de postures que vous ne souhaitez pas à votre interlocuteur, client comme collègue. En Chine, le Mianzi se réfère à la réputation de l’individu, l’estime de soi ou encore le prestige. Ce concept concerne tant la vie personnelle, familiale que professionnelle. Le Mianzi peut être mieux assimilé en comprenant que la Chine est une société extrêmement hiérarchisée. La position occupée par un Chinois par rapport à d’autres personnes exige un certain degré de respect et invite à certains comportements. C’est un concept que l’on possède et qu’on peut donc littéralement perdre ou donner. On veillera ainsi à ce que son interlocuteur, client comme collègue, garde sa réputation et son estime de lui-même. Évitez donc tout démenti public, écrit comme oral.
■Avec vos futurs collègues, ne soyez pas direct
Madame Wang, professeur à l’Université des langues de Pékin explique: «Le mode de communication en Chine et en Occident est très différent. Il en va par exemple pour l’expression du “non”. Il s’agira plutôt de demeurer évasif et vague ou de détourner le sujet. Je pense que la chose la plus importante est le respect et la compréhension mutuelle». Dans la conception du travail, la stratégie qui serait judicieuse d’adopter serait la prudence (littéralement voir avant, soit prévoir en latin). Il s’agit d’une approche indirecte, perçue parfois comme un détour chez les Occidentaux. En chinois, faire attention se dit d’ailleurs: «petit cœur». Une expression poétique qui pourrait témoigner de la sensibilité en Chine. Les Occidentaux, quant à eux, s’inscrivent le plus souvent dans une démarche directe et n’ont pas peur du non. Mais ces deux formes ne sont pas forcément incompatibles: une inspiration réciproque est possible.
■ Pour les premières années: créer des relations durables
La principale approche au travail en Chine est l’empathie et non pas l’imposition. La négociation plutôt que la confrontation. Maintenir le lien avec un client ou un collègue. En Chine, les relations professionnelles sont aussi personnelles. Ne vous contentez pas d’un mail sympathique tous les 6 mois. Prenez le temps d’échanger avec votre client, de l’appeler par différents canaux. Exprimez toujours une sincère gratitude. En Chine, on ne salue pas un client rapidement mais on va raccompagner l’invité ou le client au pied de la porte ou jusqu’à l’aéroport. Ce geste, cette attention et ce temps pris sont particulièrement appréciés et vous permettront d’avoir des appuis futurs pour votre carrière.
Source : etudiant.lefigaro