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France / IEP : avec le concours commun annulé, c’est la douche froide pour les candidats

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L’admission aux Instituts d’études politiques de province repose désormais sur une épreuve à distance et le dossier scolaire. Une déception pour beaucoup de candidats qui comptaient sur le concours pour rattraper des bulletins moyens.

Une nouvelle fois, le concours commun des IEP a été annulé en raison de la crise sanitaire. Les modalités d’admission en première année ont été précisées sur le site du réseau des sept instituts d’études politiques (Aix-en-Provence, Lille, Lyon, Rennes, Saint-Germain-en-Laye, Strasbourg et Toulouse). Ainsi les candidats devront, le 24 avril prochain, passer une épreuve de «Questions contemporaines» à distance. L’évaluation prendra la forme d’une dissertation à composer dans une durée limitée à savoir trois heures. Les deux sujets au choix tourneront autour des thèmes «Le secret» et «Révolutions».

Seront également attentivement observés les résultats scolaires obtenus en première et en terminale. Le degré d’importance de ce critère d’admission est «très important», plus encore que celui de l’examen à distance qualifié d’«important». Le dernier critère, qualifié de «complémentaire», consiste en l’envoi d’une copie «réalisée dans le cursus antérieur ou actuel qui visera à attester des compétences de rédaction, d’argumentation et de problématisation du candidat», lit-on dans un communiqué. Exemple: un devoir sur table. Ce document est à téléverser par le candidat avant le 24 avril sur l’application Réseau ScPo. Enfin, «l’admission tiendra également compte d’informations relatives à l’environnement social et académique du candidat».

Les résultats scolaires comptent bien plus

«Très important», «important», «complémentaire»… Ces valeurs se traduiront-elles en des coefficients? «Les coefficients n’ont pas été déterminés à ce stade», explique Olivier Brossard, directeur de Sciences Po Toulouse. «L’épreuve à distance, bien qu’importante, ne pèsera pas autant que les résultats scolaires. Dans le total des pondérations, ce ne sera pas du cinquante-cinquante.» Ce qui inquiète ceux qui, depuis un ou deux ans, se préparaient à passer trois épreuves: histoire, langue et questions contemporaines.

«C’est difficile de juger sur les notes alors qu’il y a eu beaucoup de distanciel cette année» Manon, 17 ans, lycéenne

Manon, 17 ans et lycéenne, a suivi une prépa Tremplin IEP. «Cela a été un investissement financier mais aussi, personnel. J’ai fiché des cours, je me suis renseignée sur le concours alors que j’aurais peut-être dû investir ce temps dans mon lycée afin que mon dossier soit retenu.» L’élève a pourtant de bonnes notes, avec une moyenne générale qui tourne autour de 16,5. «Mais sur les 1200 sélectionnés, il y aura forcément meilleur que moi. Et puis, c’est difficile de juger sur les notes alors qu’il y a eu beaucoup de distanciel cette année».

Après l’obtention de son bac S, Ilies s’est tourné vers une prépa IEP. «Ce n’est pas l’annulation des épreuves communes qui pose problème, souffle le jeune homme de 19 ans. Mais je pensais qu’il y aurait une forme de reconnaissance par le réseau Sciences Po du travail de ceux qui préparent le concours depuis longtemps. Si j’avais su que le dossier scolaire compterait autant, je me serais concentré sur mes notes au lycée.»

Une décision qui inquiète ceux dont le dossier scolaire est moyen

Thomas est en hypokhâgne au lycée Châtelet à Douai. «L’an dernier, je préparais déjà le concours en suivant la prépa Tremplin IEP mais je n’ai pas été accepté.» Alors, cette année, l’étudiant de 18 ans a décidé de retenter sa chance. L’importance accordée au dossier scolaire le désole. «On privilégie ceux qui ont bossé au lycée et non ceux qui ont travaillé le concours.» L’étudiant poursuit: «Lorsque je me suis rendu aux portes ouvertes, les étudiants des IEP avec qui j’ai discuté m’ont conseillé de me concentrer sur le concours et moins sur mes notes de terminale. On me disait que de toute façon, j’aurais le bac

«On ne peut pas se dire ‘‘j’ai un mauvais dossier scolaire mais je mise tout sur les écrits et le miracle se produira’’. La réalité n’est pas celle-là»Olivier Brossard, directeur de Sciences Po Toulouse

Le directeur de Sciences Po Toulouse répond: «Ils nous disent cela tous les ans. Nous n’avons jamais conseillé de négliger les notes au lycée. Certains ont d’excellents dossiers scolaires et cela inquiète ceux dont le dossier l’est un peu moins. L’épreuve écrite leur donne le sentiment qu’elle remet les compteurs à zéro, qu’elle leur donne une chance par rapport aux formules 1 qui tournent à 18 de moyenne.» Mais selon le directeur, ceux qui réussissent le mieux le concours sont aussi ceux qui ont le meilleur dossier. «On ne peut pas se dire ‘‘j’ai un mauvais dossier scolaire mais je mise tout sur les écrits et le miracle se produira’’. La réalité n’est pas celle-là.»

De même, poursuit Olivier Brossard, l’épreuve à distance pèsera de manière non négligeable. «Étant donné que les écarts sont très faibles entre les candidats sur liste principale et liste d’attente, une place de plus ou de moins se joue à rien. Réussir l’épreuve à distance peut faire la différence entre le dernier reçu et le premier collé.» En outre, précise le directeur de Sciences Po Toulouse, l’épreuve que devront passer les candidats dans un mois a été «travaillée». «Les sujets seront formulés de façon à permettre une valorisation du caractère personnel du travail et de l’originalité de la réflexion.»

Le risque de la triche

Autre inquiétude: «À distance, il n’y aura personne pour nous surveiller. Cela va être plus facile pour certains de tricher», remarque Manon. S’il n’y aura en effet pas de surveillance via caméra, le directeur de Sciences Po Toulouse tient à préciser: «Nous allons donner des instructions de correction pour s’assurer que la copie a bien été réalisée par le candidat qui la rend et qu’elle n’est pas un copié-collé de fiches réalisées en prépa ou récupérées ailleurs.»

Les préparationnaires redoutent les tricheurs mais aussi, le nombre croissant de candidatures. Selon Thomas, la raison de cette augmentation tient de l’annulation du concours commun. «Il y en a qui vont se dire: ‘‘je le tente, même s’il y a une petite épreuve ce n’est pas ça qui va me bloquer’’. J’ai un ami qui va s’inscrire au concours alors qu’il n’a rien préparé. C’est désavantageux pour moi.» Si le nombre de candidats a effectivement augmenté, reconnaît Olivier Brossard, «c’est une tendance que nous avons déjà constatée l’année dernière». «À cette époque, nous avions +12% de candidats alors même que l’annonce de l’annulation du concours a été postérieure à la fin des inscriptions». Cette fois, conclut-il, «le constat de cette croissance est antérieur à l’annonce de l’aménagement des épreuves».

Source : etudiant.lefigaro

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