La dernière modification de l’uniforme était signée de la prestigieuse maison française Balenciaga. Le ministre a demandé à des étudiants de moderniser la tenue pour l’adapter aux réalités du terrain.
Le média consacré à l’art, Documentations, a révélé il y a quelques jours sur Twitter le courrier que Gérald Darmanin a envoyé à 24 écoles de mode et aux lycées professionnels dotés d’une filière «Métiers de la mode» afin que leurs étudiants planchent sur les «évolutions de la tenue des policiers» .
Une apparence plus moderne
En préambule de sa requête, le ministre rappelle que la dernière modification de l’uniforme remonte à 2004, signée de la prestigieuse maison française Balenciaga. Elle a évolué depuis, et consiste aujourd’hui en un «ensemble à dominante bleu marine composé d’une casquette, d’un blouson à doublure amovible, d’un pantalon bas droit et d’un polo bleu glacier».
Néanmoins, selon Darmanin, cela ne correspond plus aux attentes contemporaines. Il souhaite réviser la tenue afin de lui donner «une apparence plus moderne, plus en phase avec les nécessités du terrain et les réalités de la société». Le ministre leur a délivré les «grandes lignes directrices du cahier des charges». Plus de «casquette souple», «massivement rejetée» mais plutôt «un bonnet de police». «La nouvelle coiffe devra s’adapter à toutes les morphologies de têtes, de coiffures et chevelures pour les hommes ainsi que pour les femmes», indique-t-il. Avant d’ajouter que des insignes orneront le couvre-chef.
L’exercice est non-rémunéré
Pour le polo, il est satisfaisant mais pas question de conserver ce bleu «trop clair» selon les policiers. La broderie doit être aussi modifiée, afin de s’adapter au terrain. Gérald Darmanin joint même un «exemple de ce qui peut être présenté» afin de stimuler l’imagination des étudiants.
Les délais sont courts. L’exercice est par ailleurs non-rémunéré. Ce qui suscite l’indignation de certains étudiants sur les réseaux sociaux. Certains évoquent un «cauchemar», d’autres soulignent la précarité de cette profession à laquelle le ministre participerait.
Lorsque quelques internautes répliquent qu’une telle mission devrait être une fierté, d’autres objectent que si le gouvernement avait une nouvelle fois fait appel à Balenciaga, cela leur aurait coûté bien plus cher. Autrement dit, selon eux, tout travail mérite salaire.
Un procédé inédit pour un service public
Donald Potard, consultant en mode et actuel directeur d’International art Campus, explique au Figaro : «Ces commandes restent fréquentes mais émanent généralement de firmes privées et non, de l’État. Ainsi, le groupe l’Oréal avait eu la même démarche pour la conception des uniformes de ses vendeuses». Mais pour le service public, c’est inédit. «En général, ils font plutôt appel à des maisons connues», complète Donald Potard. À l’instar de Balenciaga pour la police, Christian Lacroix avait conçu les uniformes des employés de la SNCF. Néanmoins, selon Donald Potard, ce recours aux étudiants montre que les maisons de couture ne sont plus intéressées par ce type de commande. «Avant, cela représentait un certain prestige ou un profit pour eux, alors qu’aujourd’hui, ces marques n’y gagnent plus rien, ni visibilité, ni intérêt financier», ajoute t-il. Quant à la rétribution des élèves, il suggère: «Le vainqueur devrait au moins remporter une somme d’argent, au nom de la propriété intellectuelle, a minima un pourcentage sur le nombre de costumes réalisés».
Source : etudiant.lefigaro