Dans une interview au magazine Elle, le chef de l’État ravive le débat sur le port du crop top dans les collèges et lycées, en rappelant l’importance d’une «tenue décente» à l’école.
Après le retour du débat sur le burkini, c’est au tour du crop top à l’école. Dans une interview au magazine Elle, le président de la République se révèle assez conservateur sur ce bout de tissu qui laisse voir le nombril: «À l’école, je suis plutôt «tenue décente exigée», aussi bien pour les filles que pour les garçons. Tout ce qui vous renvoie à une identité, une volonté de choquer ou d’exister n’a pas sa place à l’école». Le chef de l’État rajoute que, malgré tout, «on peut tenir compte de la part de fantaisie d’un ado et tenir bon sur certains principes.» Mais ces principes, quels sont-ils?
Chaque année, avec l’arrivée de températures estivales, les collégiennes et lycéennes viennent à l’école avec des tenues plus légères. Un sondage a révélé en 2020 que 55 % des Français souhaitaient l’interdiction du crop top pour les lycéennes, ce qui a provoqué bien des remous sur les réseaux sociaux. Le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, avait par ailleurs semé la discorde au sein du gouvernement en septembre dernier, en rappelant qu’il faut venir à l’école «habillé d’une façon républicaine».
Des règles différentes dans le public et le privé
Les règles varient d’un établissement à l’autre. Dans les écoles privées, le règlement est souvent plus ferme. Il peut aller jusqu’à interdire les tenues de sport en dehors des heures d’EPS, les pantalons troués, les shorts trop courts, ou les hauts dénudés comme le crop top. Le collège Stanislas, à Paris 6e va plus loin. Il détaille dans son règlement intérieur que seuls sont admis les «chemises, polos, tee-shirts, chandails, couvrant la taille et les épaules, non décolletés, non transparents et adaptés à la taille de l’élève».
Dans ce collège, la surveillance des tenues est un combat de chaque instant. Un ancien élève raconte: «Une fois, le préfet des 4e-3e, excédé de voir trop d’élèves avec des chaussures non conformes, avait décidé de les confisquer pendant une journée, réduisant les collégiens à se promener en chaussettes».
Dans les établissements publics, les règles sont plus souples. Les élèves doivent venir avec une tenue vestimentaire «convenable», ce qui prend un sens différent selon les écoles. Dans certains règlements intérieurs, des vêtements sont explicitement interdits, comme les «jupes ultracourtes», et dans d’autres cas l’établissement ne mentionne que les vêtements «destinés à cacher le visage» ou à «manifester ostensiblement une appartenance religieuse», c’est-à-dire ceux interdits à l’échelle nationale.
Un cadre juridique encore flou
La réglementation autour des tenues vestimentaires est, le plus souvent laissée à l’appréciation de ceux en contact avec élèves. Ce qui provoque des tensions. «On m’a dit que j’étais habillée comme une prostituée, que je ne me respectais pas» raconte cette élève choquée, en classe préparatoire dans un lycée public de banlieue parisienne.
Mais est-ce légal d’imposer une tenue «correcte» à l’école? «Le cadre juridique sur les tenues correctes reste assez flou», répond Valérie Piau, avocate de l’éducation. «La loi n’interdit que le port de signes ou de tenues manifestant une appartenance religieuse, ainsi que tout vêtement recouvrant le visage». La notion de «tenue correcte» est définie par les règlements intérieurs. Ils sont réalisés par un conseil d’administration, composé de la direction, d’enseignants, du personnel, d’élèves et de parents d’élèves.
Certains établissements choisissent de répondre au problème en imposant des uniformes. Cette solution a été retenue à Saint-Jean de Passy, un établissement privé parisien du 16e, dès la rentrée 2017, pour les élèves de la 6e à la seconde. L’établissement justifie son choix sur son site internet, en expliquant qu’il permet d’endiguer «les jeux d’apparence, [qui] l’emportent trop souvent sur la recherche de la simple dignité de la personne». Une façon de clore le débat, même si le crop top risque de faire encore parler de lui.
Source : etudiant.lefigaro