Le ministère de l’Enseignement supérieur évoquait un retour de certains étudiants dès ce lundi. Qu’en est-il dans les faits?
Avant les fêtes de Noël, le ministère de l’Enseignement supérieur évoquait un retour de certains étudiants en présentiel dès le 4 janvier. C’est donc très progressivement que les universités ont organisé cette reprise.
Pour le moment, seuls des groupes de dix étudiants sont autorisés sur place. Mais dans les faits, remarque le président de l’université Cergy-Pontoise François Germinet, «nous n’avons pas repéré d’établissements accueillant de tels groupes dès le lundi 4, lors de notre réunion avec la Conférence des présidents d’université (CPU) ce matin». Cette semaine, poursuit-il, la majorité des établissements organisent une période de partiels. «Nous identifions en ce moment les étudiants les plus fragiles pour prévoir leur arrivée par groupes de dix à partir du 18 janvier», explique-t-il.
Eric Berton, président de l’université d’Aix-Marseille, reste vigilant. «Les consignes données par le gouvernement ne sont pas infaisables sur le terrain. Mais la situation sanitaire et son évolution nous oblige à être prudents.» Qu’a-t-il prévu? «Nous allons organiser une rentrée des étudiants en première année de licence en demi-jauge après le 20 janvier. Pour les autres promotions, il faudra attendre le 8 février.» Les prioritaires, pour l’instant, sont les jeunes «en situation de précarité numérique».
Le risque d’une «année sacrifiée»
Même son de cloche du côté de Sorbonne Université. «L’échéance pour nous est celle du 25 janvier avec une jauge à 50% pour l’ensemble des licences. Quant aux masters lettres, ils ne posent pas les mêmes difficultés puisqu’il s’agit de séminaires avec de très petits effectifs», avance Alain Tallon, doyen de la faculté de Lettres qui précise que pour les étudiants ne pouvant se rendre sur place, les enregistrements des cours seront proposés. «Cela ressemblera, si tout va bien, à la rentrée de septembre. Il est important que l’ensemble des étudiants puisse revenir. Nous mettrons en place un système de permutation afin que chacun puisse avoir un contact avec les enseignants.»
«Il y a un risque de décrochage réel. Il faut que tout le monde puisse revenir le plus tôt possible»François Germinet, président de l’université Cergy-Pontoise
Alain Tallon regrette néanmoins une réouverture «très tardive» des facs. «Les universités n’ont absolument pas été des foyers de contamination et il est absurde de les avoir présentées ainsi. Tout comme il est absurde d’avoir dit que parce qu’ils faisaient la fête, les étudiants ont contaminé la population. Je comprends le sentiment de stigmatisation que certains ont pu ressentir», affirme le doyen de Lettres. «Nos étudiants n’ont pas, du moins pas plus que le reste de la population, contribué à la diffusion du virus. Ils ont été très scrupuleux.»
François Germinet, lui, s’inquiète de la fragilité dans laquelle les étudiants se trouvent. «Il y a un risque de décrochage réel. Il faut que tout le monde puisse revenir le plus tôt possible. Sinon, on aura une année sacrifiée.» Le président de l’université de Cergy-Pontoise espère «être en capacité de dépister les étudiants près du site universitaire». «Nous commençons à travailler ces questions avec le ministère de l’Enseignement supérieur», affirme-t-il.
Source : etudiant.lefigaro