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France / Comment les recruteurs détectent les faux diplômes

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Il n’est pas rare que les candidats s’inventent de fausses références. Recruteurs et écoles s’organisent pour lutter contre la fraude.

«Grand diplômé de Polytechnique, certifié ENA et HEC, grand maître d’Harvard, je résous tous tes problèmes de management et de restructurations». Les candidats à un premier emploi vont-ils inonder de faux diplômes et fausses références les mails des recruteurs pour décrocher le Saint Graal d’un CDI?

Selon la Dares, les offres d’emploi pour les jeunes ont chuté de 14% en 2020 par rapport à 2019. Et avec la crise qui s’éternise, la tentation est grande de s’inventer un faux parcours. Aujourd’hui, rien de plus facile que de confectionner un faux diplôme avec le logiciel Photoshop. Certains sites peuvent aussi en générer un en quelques minutes. Il suffit pour cela d’entrer son nom et prénom, et de payer une centaine d’euros. Si nous mentionnons à titre d’exemple le site faux-diplome.org (sic), au risque de lui faire de la publicité, c’est que les documents qu’il propose sont si mal faits qu’il y a fort peu de chances que vous cédiez à la tentation d’avoir recours à ses services.

« Dans 50% des cas de fraude, les candidats n’avaient jamais mis les pieds dans l’école ou l’université mentionnée (…)Rafael Melinon, directeur général adjoint de Verifdiploma

Il n’empêche que le phénomène prend de l’ampleur. Selon Verifdiploma, société spécialisée dans la vérification des diplômes pour les recruteurs, le taux de faux diplômes monte à 6% parmi les 115 000 vérifications effectuées en 2020. «Dans 50% des cas de fraude, les candidats n’avaient jamais mis les pieds dans l’école ou l’université mentionnée, et 50% avaient bien suivi la formation, mais n’avaient pas obtenu le diplôme», précise Rafael Melinon, directeur général adjoint de la société, qui compte 150 entreprises clientes. En outre, «25% à 30% des CV sont entachés de fausses informations (dates, stages, etc.)».

Annulation du recrutement

Du coup, l’entreprise a mis au point une procédure de vérification rigoureuse: «Quand un candidat atteint la liste des présélectionnés, cela déclenche la vérification du diplôme. Ils sont informés de cette démarche et doivent donner leur autorisation, recueillie par signature électronique», ajoute Rafael Melinon, qui ajoute, étonné: «Le plus curieux, c’est que les 6% de faux diplômés sont détectés parmi ces candidats qui ont pourtant été prévenus que leur parcours serait vérifié». Un comportement risqué, puisque selon une jurisprudence de 1995, les employeurs peuvent demander l’annulation du recrutement en cas de recours à un faux diplôme (Cass. soc., 17 oct. 1995, n° 94-41.239).

«Avant l’embauche, chaque candidat doit nous fournir son diplôme»Meritis, cabinet de conseil

Les recruteurs, de leur côté, ont mis en place des procédures plus ou moins exigeantes, selon leur expérience. «Avant embauche, chaque candidat doit nous fournir son diplôme», indique-t-on chez Meritis, un cabinet de conseil en transformation des systèmes d’information comptant 600 consultants. Une procédure a minima, donc, puisque «c’est une problématique que notre DRH a rencontrée seulement deux fois en 8 ans». La société de conseil opérationnel Novencia nous indique «ne pas avoir mis en place de système de détection. «Nous recrutons des ingénieurs et nous testons leurs compétences techniques via des tests de développement lors du recrutement. Il est donc assez difficile de mentir sur son diplôme, certaines bases ne s’apprennent pas sans un cursus scolaire».

Un simple QR code dans le CV des diplômés de l’EM Lyon

Les écoles, elles aussi, s’organisent. Ainsi, l’École polytechnique nous informe qu’il existe plusieurs vérifications possibles concernant les élèves diplômés de l’X: tout élève diplômé est inscrit au journal officiel. L’école répond très souvent aux entreprises qui en font la demande, et la DSI (direction du système Informatique) a mis en place une vérification automatique. Quant à l’Edhec, elle indique: «les recruteurs nous appellent régulièrement pour une vérification de l’authenticité des diplômes». L’EM Lyon va plus loin, avec la mise en place d’une certification de son diplôme via la blockchain: en incluant un simple QR code dans leur CV, les étudiants permettent aux recruteurs d’accéder directement à l’attestation authentique en ligne. Ainsi, 2 174 attestations électroniques sécurisées ont été décernées en avril 2020, et tous les alumni depuis 1980 recevront bientôt la leur. Dès lors, il sera très difficile désormais pour un faux étudiant de se prétendre «grand diplômé et alumni officiel doté des palmes académiques magistrales de l’EM Lyon».

Source : etudiant.lefigaro

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