Ces épreuves, qui devaient se tenir en mars, sont remplacées par le contrôle continu en raison de la crise du Covid-19.
Dans un courriel adressé aux enseignants, Jean-Michel Blanquer a annoncé l’annulation des épreuves de spécialité du nouveau baccalauréat, qui devaient se tenir au mois de mars, au profit du contrôle continu. Ainsi, les enseignements de ces spécialités, qui comptent pour un tiers de la note finale, seront évalués «sur la base des moyennes des trois trimestres de terminale».
Du côté des syndicats et fédérations, c’est le soulagement qui prévaut. «Le maintien de ces épreuves au mois de mars posait d’énormes problèmes. Il y a des lycées qui ont adapté leurs effectifs et où les élèves ne sont pas forcément en 100% présentiel», explique Jean-Rémi Girard. «Les collègues s’inquiétaient car ils n’étaient pas en capacité de finir le programme», indique le président du Snalc.
Rodrigo Arenas, président de la Fédération des conseils de parents d’élèves (FCPE), se réjouit de la décision du ministre. «Nous sommes satisfaits pour nos enfants qui sont dans un stress incommensurable. Passer un examen national alors qu’ils ne sont pas préparés de façon égale n’était pas envisageable.»
«Un report en juin aurait favorisé les critères d’objectivité»
Jean-Rémi Girard précise cependant que le Snalc aurait préféré un report des épreuves en juin. «Nous sommes attachés aux épreuves nationales et anonymes. Nous pensons que c’est une meilleure garantie d’égalité. Ce n’est pas ce qui a été retenu mais nous préférons une solution imparfaite à l’absence de solution tout court.»
Frédérique Rolet, secrétaire générale du Snes-FSU obtempère: «Un report en juin aurait favorisé les critères d’objectivité car tous les élèves auraient alors eu le même sujet. On se souvient des bricolages l’année dernière pour harmoniser les résultats du contrôle continu et essayer de palier les différences de notation entre les établissements.»
Pression des parents et de la direction
Cette année encore, il y aura donc une commission d’harmonisation. «On va avoir un peu plus de temps pour veiller à ce qu’elle fonctionne mieux», assure Jean-Rémi Girard. «Nous serons vigilants à ce qu’il n’y ait pas de pression sur les collègues au niveau des évaluations.»
Selon lui, avec le contrôle continu apparaît le risque «que des parents, et plus rarement la direction, fassent pression pour que les notes soient augmentées». Fédérique Rolet renchérit: «Les collègues vont devoir organiser beaucoup d’examens puisqu’il règne l’idée que pour le contrôle continu soit possible, il faut beaucoup de notes.» De même, indique-t-elle, Jean-Michel Blanquer «incite à ce que les professeurs organisent des bacs blancs. Il y aura une course à l’évaluation».
La secrétaire générale du Snes-FSU s’inquiète du stress que certains élèves pourraient éprouver à l’idée d’être en contrôle continu. «Ils ont aussi peur que sur Parcoursup, une attention particulière soit accordée à leur lycée d’origine. Ils craignent que leur établissement soit soupçonné d’avoir noté de façon trop bienveillante.»
«Leur bac vaut davantage que le nôtre»
Une question alors se pose: avec la quasi disparition des épreuves communes du bac (l’épreuve de philosophie et le grand oral sont pour l’instant maintenus), les futurs bacheliers auront-ils des difficultés une fois dans l’enseignement supérieur? «Le bac, ce n’est pas un bout de papier», répond Jean-Rémi Girard. «C’est aussi un examen qui permet aux élèves d’appréhender une situation de stress semblable à celle qu’ils retrouveront une fois étudiants. Il faudra accepter que les élèves n’ont peut-être pas été aussi bien préparés que d’habitude et qui, pour certains, seront en difficulté.»
À ceux qui considéreront que le baccalauréat n’aura que très peu de valeur cette année, Rodrigo Arenas avance: «Nous sommes dans une perception aujourd’hui que cet examen ne vaut rien. Mais nos enfants sont des super-héros parce qu’ils ont passé des examens l’an dernier et suivent leur scolarité dans une situation qu’aucun parent n’a connu.» Il ajoute: «Leur bac vaut davantage que le nôtre. Nous l’avions passé dans des conditions idéales.»
Source : etudiant.lefigaro