Durant un oral le langage corporel joue un rôle déterminant. Isabelle Duvernois livre ses astuces pour être maître de son corps.
Cette année la mise en place de l’épreuve du «grand oral» au bac engendre appréhensions et angoisses pour les jeunes lycéens. Pour la psychologue Isabelle Duvernois, auteur de l’ouvrage «Décoder le langage du corps» (Larousse Poche), 70% de notre communication passe par le non-verbal. Elle nous dispense ses conseils pour dompter au mieux ces gestues qui nous trahissent.
Verrouillage des jambes, croisement des bras…
Maîtriser son langage corporel, c’est avant tout canaliser ces gestes autonomes et inconscients qui surviennent lorsqu’on rencontre une difficulté. Isabelle Duvernois traduit ce phénomène ainsi: «Tant que tout va bien, nos gestes sont naturels, détendus, parfois en harmonie avec ceux de nos interlocuteurs. Mais dès qu’une difficulté apparaît , soit que nous n’osions pas dire ce que nous pensons, ou que nous n’approuvions plus la nouvelle orientation de la discussion, notre corps a tendance à exprimer notre besoin de protection».
«Le simple fait de se toucher le visage ou la tête peut participer à notre apaisement»Isabelle Duvernois, auteur de l’ouvrage «Décoder le langage du corps»
Ces mécanismes de défense peuvent prendre des formes variées; verrouillage des jambes, croisement des bras ou encore recroquevillement sur soi-même. Pour notre psychologue, il existe des moyens très simples pour faire redescendre notre niveau de stress ainsi que notre inconfort induit par la situation.
Par exemple, le simple fait de se toucher le visage ou la tête peut participer à notre apaisement. «Lorsque que nous sommes stressés ou mal à l’aise, c’est comme si notre main se portait spontanément là où la main de nos parents ou d’un proche se posait pour nous consoler quand nous étions enfants», poursuit Isabelle Duvernois. Elle conseille également de positionner ses mains derrière le dos car cette posture «indiquerait une saine confiance en soi» et permet «d’accroître son assurance.»
Une posture courbée peut signifier l’indolence, l’indifférence, voir la condescendance
La posture est le reflet de notre situation interne à l’instant précis. Lors d’un oral, elle est avant toute prise de parole, la première impression que l’on donne au jury. Se tenir droit peut sembler d’une évidence banale mais cette posture reste encore parfois négligée par les futurs bacheliers. Notre experte rappelle à cet égard qu’une posture courbée peut signifier «l’indolence, l’indifférence, voir la condescendance, si cet excès de décontraction est pris pour de l’arrogance». Il convient également à ce titre d’éviter de se balancer d’un pied sur l’autre car cela peut faire mauvaise impression. «Vous pouvez donner l’impression de vous ennuyer, d’être nerveux, impatient ou hésitant» ajoute-t-elle. Toutefois, l’art de la posture se trouve dans un délicat équilibre car l’excès de rigidité «risque de se transformer en crispation durable.» Notre auteur prône alors un subtil équilibre qui consiste en «une posture détendue et attentive, droite mais dénuée de rigidité».
Utilisez des «gestes illustrateurs»
La bonne maîtrise du langage corporel se manifeste également lorsque la gestuelle est en harmonie avec les propos tenus. Pour ce faire, notre psychologue préconise des gestes illustrateurs comme celui de compter avec ses doigts les différents arguments avancés durant l’oral, car cela «donne plutôt une image ordonnée, analytique, rationnelle». Dans la même veine, elle propose également «des gestes idéographes» qui désignent une rotation du poignet et une agitation des mains. «Ces gestes sont souvent utilisés pour illustrer des réflexions intellectuelles» explique-t-elle. En revanche, notre experte nous met en garde contre «la communication paradoxale» qui intervient lorsque le langage corporel est en contradiction avec les propos énoncés. Dans ce cas-là «le message contradictoire met l’interlocuteur dans l’embarras, car il ne sait que choisir de la parole ou du geste».
L’importance de la voix
Bien souvent lorsqu’on est confronté à une situation de stress comme peut l’être un oral devant un jury, on perd ses moyens, on cherche ses mots et on a la voix hésitante. Or, la voix joue un rôle déterminant. Elle peut emporter la conviction, émouvoir ou enthousiasmer. Isabelle Duvernois conseille alors d’adopter une voix claire et posée qui «traduit le plus souvent une assurance tranquille et un point de vue sans équivoque». Il ne s’agit pas pour autant d’adopter un ton monotone mais une voix «vivante et bien modulée par des variations de la vitesse d’élocution et du volume» précise-t-elle, suscitant enthousiasme et intérêt chez la personne qui nous écoute.
Source : etudiant.lefigaro