En raison de la reprise de l’épidémie de Covid 19 qui sévit aux Antilles, les étudiants doivent se résoudre à l’enseignement à distance alors qu’en métropole, les cours reprennent en présentiel.
Une semaine avant la reprise des cours, la rentrée des étudiants de l’université des Antilles s’organise en «100% distanciel» avec «un mode de formation dégradé» en Guadeloupe et Martinique, une situation inédite provoquée par la quatrième vague de l’épidémie de Covid-19. C’est une rentrée «difficile», raconte à l’AFP Bertrand Troadec, doyen de l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation (Inspé) à Fort-de-France. «Le mode de formation à distance est un mode de formation dégradé. Mais on ne peut pas faire mieux».
Au total, environ 14.000 étudiants doivent reprendre les cours à partir du 13 septembre aux deux pôles de l’université, en Martinique et en Guadeloupe, îles toujours soumises à un confinement. L’enseignement à distance pourrait être maintenu «au moins jusqu’à la mi-octobre», en espérant que l’amélioration de la situation sanitaire se confirme, après un mois d’août dramatique. En attendant, la reprise des cours en distanciel provoque déception et stress chez les étudiants. Juliette Dehaan, 22 ans, est venue s’installer il y a quelques jours en Martinique. «Ce sera très dur de refaire toute l’année en distanciel, alors qu’en métropole, les cours reprennent en présentiel. C’est compliqué pour tous les étudiants, sans interactions sociales.» «Jusqu’ici, on n’avait jamais fait une rentrée 100% distanciel», souligne le directeur adjoint de l’Inspé, Cédric Ramassamy, se résignant à une rentrée particulière, même si cette composante du pôle Martinique de l’université a déjà pris le virage du numérique.
Il suffit pour s’en convaincre de se rendre dans la salle de visioconférence, située au troisième étage d’un bâtiment aux murs défraîchis et aux escaliers glissants. Après avoir longé des couloirs déserts, on arrive dans une pièce avec deux caméras dotées d’une reconnaissance faciale, quatre écrans qui permettent de garder un œil sur les étudiants connectés. Pour cette réunion de rentrée du 6 septembre, ils sont plus de soixante-dix attentifs pendant près de deux heures.
Cédric Ramassamy détaille les plateformes de «e-learning» qui seront utilisées pour les inscrits au Master MEEF: la plateforme Moodle mais aussi l’application E-cursus développée par l’université des Antilles. Pour autant, les aléas de la vie étudiante ne se gèrent pas toujours par écrans interposés, en quelques clics. «Les problèmes d’inscription, de paiement de la scolarité, seront difficiles à gérer à distance. Les étudiants sont chez eux, le personnel administratif est chez lui, c’est beaucoup plus compliqué», reconnaît le directeur adjoint. Autre problématique identifiée par les responsables de l’université: les étudiants en «rupture numérique» qui ne possèdent pas le matériel informatique adéquat et souffrent parfois aussi d’une connexion internet «variable sur le territoire», explique Bertrand Troadec.
Le retour sur les bancs de l’université reste conditionné à l’évolution de la situation sanitaire
«Il y a des quartiers, des zones où la qualité du réseau n’est pas bonne», regrette-t-il. «Aucun étudiant ne sera laissé sur le bord de la route», promet cependant à l’AFP le président de l’université des Antilles, Pr Eustase Janky. «En fonction des difficultés, on interviendra au cas par cas pour que les élèves qui en ont vraiment besoin puissent bénéficier du matériel», assure-t-il. Priscilla Valony, étudiante de 20 ans, tente de se rassurer: «J’ai acheté un nouvel ordinateur et même si parfois j’ai de petites coupures de connexion, je reste motivée». Le retour sur les bancs de l’université reste conditionné à l’évolution de la situation sanitaire et à la couverture vaccinale, très inférieure aux Antilles par rapport à la métropole. À partir du 9 septembre, un centre de vaccination sera installé sur le campus de Schoelcher. «J’espère que les étudiants et les enseignants-chercheurs iront se faire vacciner», indique le président de l’université des Antilles qui veut rapidement pouvoir accueillir les étudiants «au moins en demi-jauge».
Source: etudiant.lefigaro