Le ministère de l’Enseignement supérieur a mandaté une mission d’enquête à l’ENS de Lyon après plusieurs signalements d’étudiants victimes d’agressions sexuelles.
L’affaire avait fait grand bruit. En mars dernier, le ministère de l’Enseignement supérieur annonçait avoir mandaté une mission d’enquête à l’ENS de Lyon après plusieurs signalements d’étudiants victimes d’agressions sexuelles. L’une d’entre elles, ainsi que des élèves membres d’associations, s’était confiée au Figaro Etudiant.
Le mercredi 27 octobre a été publiée la synthèse du rapport de l’inspection générale de l’éducation, du sport et de la recherche sur la prestigieuse institution. La mission, conduite par trois inspecteurs, a «reconstitué une liste anonymisée de 27 situations de violences sexistes et sexuelles dont la première remonte à 2017». Ce, à l’aide d’auditions réalisées et «du recensement des éléments trouvés dans la presse».
Les résultats de cette enquête établissent que toutes les victimes présumées sont des étudiantes (à l’exception d’un cas où la victime pourrait être un homme). «Les personnes mises en cause sont pour la moitié d’entre elles des étudiants. Pour l’autre moitié, il s’agit de cinq enseignants (ENS ou hors ENS), de cinq autres personnels de l’ENS, de quatre personnes extérieures à l’ENS de Lyon ou non identifiées.» Il est par ailleurs précisé que «dans les neuf situations où les faits concernés relèveraient de la qualification de viol, les mis en cause sont des étudiants». La mission a constaté que «la présidence de l’école n’était informée que de quinze de ces situations».
«La présidence de l’ENS Lyon n’avait pas suffisamment pris la mesure du problème»
La présidence a traité au total 14 des situations. «Une seule a donné lieu à une procédure disciplinaire.» Le reste des cas signalés sont demeurés «sans décision formalisée de la part de l’ENS» ou déclarés «comme étant toujours ‘‘en cours d’instruction’’». La prestigieuse école a-t-elle protégé ses étudiants? «La mission considère que la présidence de l’ENS Lyon n’avait pas suffisamment pris la mesure du problème des violences sexistes et sexuelles au sein de l’école.» Les inspecteurs ont relevé un «manque de cohérence dans le traitement des situations» ou encore, un manque de réactivité. Ce qui a conduit à «une impossibilité de clôturer les instructions» et a contribué à «construire un sentiment d’incertitude, de peur et de défiance qui s’est installé chez les victimes présumées».
Une liste de sept recommandations a été établie par les inspecteurs. Parmi elles, la pérennisation de l’emploi de chargé de mission égalité discrimination dont le rôle doit être «clarifié» ; la redéfinition des rôles des référents égalité ou encore, «veiller à l’application des dispositions du règlement intérieur de l’ENS de Lyon ainsi que des nouvelles dispositions des règlements intérieurs des résidences relatifs à la consommation et la vente d’alcool». Sur ce dernier point, sont concernées les parties communes des résidences mais aussi, les cafétérias ou les soirées étudiantes.
Source : etudiant.lefigaro