Les établissements primaires des villages de Tougousso et de Gbéléla (sous-préfecture de Samango, département de Gbéléban), fermées depuis l’année scolaire 2017-2018, ont rouvert, offrant ainsi l’opportunité à de nombreux enfants, en âge d’aller à l’école et jusque-là dans l’impossibilité, d’accéder à l’instruction.
Un jour ordinaire d’école à Tougousso. Des salles de classe ouvertes. Des voix d’enfants fusant de l’intérieur, sous le regard d’enseignants. Un tableau plus que banal à l’allure cependant de l’inédit ce matin du vendredi 5 décembre 2020, après la longue période sans école dans ce village.
En visite sur les lieux, après avoir, une quinzaine de jours, auparavant procédé solennellement à la réouverture, le médiateur délégué Folon/Kabadougou, Lanciné Touré, peine à cacher sa joie, lui qui durant tout ce temps était au cœur des pourparlers pour que le savoir prime sur toute autre considération.
Au contact des enfants, l’ancien enseignant qu’il a été retrouve ses réflexes, apprenant au tableau des gribouillis, avant d’exhorter au travail. Et d’exprimer sa gratitude aux populations pour le choix de l’instruction et de l’intérêt supérieur de leurs enfants. Sans omettre d’associer toutes les bonnes volontés qui ont contribué à l’apaisement des cœurs.
« C’est aussi cela le devoir du médiateur. Les enfants retrouvent la joie d’aller à l’école dans leur village. Je suis plus que comblé », a-t-il traduit entouré d’écoliers, en pleine cour de récréation, avant de gagner Gbéléla pour le même constat et le même message.
Histoire de la fermeture des deux écoles
La mesure de fermeture des écoles de Tougousso et de Gbéléla, de six classes chacune plus une maternelle, date du retour des congés de toussaint 2018. La décision est liée à de vieilles querelles locales, relevant davantage du domaine de l’administration du territoire, au milieu desquelles s’est retrouvée prise l’école, sans y avoir un lien direct.
Les communautés de ces deux villages, au nom des considérations historiques, ont de tout temps refusé leur rattachement à la sous-préfecture de Samango et à la préfecture de Gbéléban. Une querelle d’une cinquantaine d’années aux manifestations multiples dont la non reconnaissance de quelque autorité que ce soit provenant de ces deux circonscriptions administratives.
C’est ainsi qu’à Gbéléla et à Tougousso l’on ne va pas admettre que les instituteurs en poste dépendent de l’Inspection de l’enseignement préscolaire et primaire de Gbéléban. Non plus du conseiller pédagogique de Samango. Les deux responsables sont ainsi, menaces à l’appui, interdits de séjour dans les deux villages. Les instituteurs, en poste, également interdits, sous menaces de représailles, de participer à des réunions soit à Samango soit à Gbéléban.
L’ambiance délétère va conduire les autorités compétentes, par mesure de prudence, à décider du redéploiement des enseignants dans d’autres villages de la circonscription éducative et de la fermeture officielle de deux écoles.
Une décision qui laisse de marbre les deux communautés villageoise, accrochées à leur volonté de voir leur école ne dépendre que de l’IEP 1 d’Odienné. Plusieurs missions de bons offices conduites sous l’auspice de la délégation locale de l’institution le Grand médiateur vont se heurter à l’intransigeance des deux villages, jusqu’à une date récente.
Le dénouement de la situation
« Ils ont adressé, au retour des congés de Toussaint (2020), un courrier au directeur régional appelant à la réouverture de leur école. Le médiateur délégué a été saisi. Avec le directeur régional, ils se sont déplacés sur place et ont obtenu toutes les garanties de la part des populations quant à la sécurité des enseignants et de leurs responsables venant de Samango et de Gbéléban dont ils continueront de dépendre », a confié le secrétaire général 1 de la direction régionale de l’éducation nationale du Kabadougou, Prospère Gounkanou.
Depuis trois semaines environ l’école a repris à Tougousso et à Gbéléla. Des mesures urgentes prises ont permis la mise à disposition d’un enseignant dans chacun des établissement école qui sera appuyé par deux bénévoles pour l’encadrement d’un effectif réparti entre le niveau maternel et Cours élémentaires (CE). Les systèmes des classes jumelés permettra de faire fonctionner les deux écoles pour cette première année de reprise.
A Tougoussso près de 150 enfants ont répondu à l’appel de la réouverture dont plus de 70 au CP1 et une vingtaine à la maternel. A Gbéléla une cinquantaine d’enfants sont inscrits.
Source : AIP