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Côte d’Ivoire / Interview/ « Nous allons continuer d’améliorer la qualité des évaluations et des enseignements » (DRENA d’Agboville)

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Agboville, sept 2022 – Des décisions majeures ont marqué l’année scolaire 2021-2022 notamment la suppression des frais annexes et des cotisations des Comités de gestion des établissements scolaires (Coges), le rétablissement de la dictée et des coefficients par discipline dès le premier cycle, pour améliorer la performance des élèves et rehausser la qualité de l’école. Dans une interview accordée à l’AIP, la directrice régionale de l’Education nationale et de l’Alphabétisation d’Agboville, Péné N’Goran Antoinette relève les implications de ces mesures sur les résultats scolaires et s’engage à travailler pour remettre les élèves à niveau, améliorer la qualité des évaluations et des enseignements.

Mme la directrice, l’année scolaire 2022-2023 a démarré depuis le lundi 12 septembre dernier. A l’entame de cette nouvelle année, quel bilan faites-vous de celle écoulée, c’est-t-à dire l’année scolaire 2021-2022 ?

Dans l’ensemble, on peut dire que l’année scolaire a été bonne. Elle a été bonne en faisant allusion au passé par rapport à l’ambiance de turbulence qui existait au niveau des écoles d’Agboville. Pour l’année scolaire 2021-2022, nous avons passé une année scolaire assez paisible dans l’ensemble avec une certaine sérénité. Sérénité parce que les gens ont accepté d’aller à l’’école sans faire de perturbations. Cette sérénité est due à plusieurs choses. L’une des raisons est les dispositions prises par le gouvernement relatives à la suppression des frais annexes qui était un point de conflit essentiel entre les parents d’élèves et l’école. Ensuite, le concours de tout le monde pour amener les élèves à travailler. L’administration nous a soutenus, elle a été à nos côtés avec la chefferie également.

Sur le plan pédagogique, l’année scolaire s’est aussi bien déroulée puisque toutes les activités se sont bien déroulées. Les évaluations proposées ont été toutes faites dans la sérénité.

Au niveau des résultats scolaires, c’est mi-figue mi-raisin. Au niveau du premier résultat qui est le CEPE, nous avons connu un progrès de quatre points c’est-à-dire nous sommes passés de 52% à 56%. Mais nous restons très mesurés parce que le résultat ne veut pas dire forcément que le niveau des élèves a augmenté. Au niveau de ces résultats, la satisfaction vient du fait que nous avons fait un effort de qualité et c’est très important. Avec ce taux d’admis, nous estimons qu’on aura plus d’enfants capables de se prendre en charge au collège.

Au BEPC, nous avons une chute de plusieurs points en arrière. Nous sommes partir de 27% à 23%, mais nous comprenons bien la raison pour laquelle c’est ainsi. Cela peut s’expliquer aussi par le changement des coefficients qui a joué un tour à nos élèves. Parmi ces 23% qui représentent 2.051 admis sur plus de 8.000 candidats, nous avons la chance d’avons beaucoup qui sont orientés en seconde général et technique également. Au niveau du Baccalauréat, il faut dire enfin qu’il y a eu un mieux-être. Nous sommes passés de moins 30% à 35%. C’est une satisfaction.

Dans l’ensemble, il reste beaucoup à faire mais il faut reconnaitre qu’il y a eu quelques avancées en termes de qualité, de sérénité et de résultats.

L’année scolaire 2021-2022 a été marquée par l’application de décisions majeures. Il s’agit entre autres du rétablissement de la dictée et des coefficients par discipline dès le premier cycle. L’application de ces mesures a-t-elle eu un impact sur les résultats des élèves ?

L’impact est réel. Au niveau des classes intermédiaires il y a recul des résultats qui sont la cause des coefficients qui ont changé. Avant si vous avez des crédits en mathématiques ou autres matières de base, vous pouvez aller les chercher facilement en EPS, en arts plastiques, en musique ou EDHC. Maintenant ce n’est plus facile de payer les crédits. Ceux qui ne travaillent pas dans les matières de bases sont complètement en difficultés et ils ne peuvent pas facilement avoir la moyenne.

Est-ce qu’on peut dire que la décision relative à la dictée a eu un impact ? On peut répondre oui et non. Oui parce que désormais on prend conscience du fait que les choses ont changé et il faudrait qu’on sache écrire nos noms, qu’on sache les mots et qu’on apprenne la grammaire. C’est au fur et à mesure que les années vont passer qu’on pourra mieux apprécier. Aux compositions et examens, si les enfants ont échoué, c’est aussi la dictée qui fait maintenant coefficient 2 ou 3, qui a eu aussi un impact négatif.

Au secondaire public, si je ne me trompe, ils sont autour de 50% ceux qui ont la moyenne, là où on pouvait avoir 60 à 70% avant. Au niveau du secondaire au privé, nous sommes a un peu moins de 70%. Il faut dire que beaucoup d’élèves ont été exclus, beaucoup reprennent leurs classes à cause du changement de coefficients et moins sont admis en classe supérieure.

Avec ces mesures on pourra définir les compétences réelles des apprenants afin de corriger leurs lacunes.

Est-ce qu’on peut dire que les élèves n’ont pas de compétence dans les matières de base ?

C’est une réalité. D’ailleurs, ce n’est pas maintenant que les élèves ont moins de compétence dans ces disciplines de base. Si vous regarder les résultats du Bac sur plus de 20 ans, vous allez vous rendre compte qu’on a du mal à atteindre les 50%. C’est un problème d’incompétence qui ne date pas d’aujourd’hui, mais il y avait un mieux-être avant que maintenant. Les enfants arrivent au collège sans avoir réellement le niveau. Il y a d’autres qui arrivent sans savoir écrire leur propre nom. Ils ne comprennent pas ce qu’on leur dit en français. Ils ne savent pas écrire les mots. Ils ne savent pas lire. Ce n’est pas bon. Quand on parle de disciplines de base c’est le soubassement et si la base n’est pas acquise on ne peut pas construire là-dessus. Nous devons travailler pour améliorer ces choses.

Les différents COGES de votre circonscription ont-ils reçu leurs versements comme prévus ? Peut-on avoir le montant.

Oui. Depuis que la première tranche des 4,7 milliards FCFA a été versée, on a eu plus de 50% des Coges qui ont eu leur dotation virée mais beaucoup étaient dans une situation difficile du fait d’une confusion de numéros compte bancaire et du fait que des Coges avaient leurs comptes dans des structures bancaires qui n’étaient pas agréées. Certains venaient de s’installer donc ils n’avaient encore réuni tous les papiers administratifs. Il y a eu aussi des cas d’omission. Au niveau du secondaire, il faut dire que l’essentiel a été fait sauf deux structures, le lycée moderne 3 et celui de Céchi mais ça vient d’être résolu. Au secondaire, pour ceux dont les Coges remplissent toutes les conditions d’installation, de nomination et tout, ils ont tous reçu leur argent. Pour l’instant, il y a quelque rares cas au niveau du primaire.

Au niveau du primaire, on a retenu qu’il y a avait 33 Coges qui avait été omis. Mais avec la deuxième dotation de 12.082.280 FCFA qui vient d’être octroyé, on pense que ce problème pourra être réglé. Nous avons au total avec la première dotation et la seconde, 64.690.780 FCFA qui ont été versés aux Coges.

Pour l’année scolaire 2021-2022, nous avons eu l’ouverture deux collèges de proximité à Loviguié, à Aboudé et le collège d’excellence. D’autres écoles vont ouvrir ou fermer leurs portes à la rentrée?

Pour cette rentrée scolaire, nous attendons le collège de proximité de Guéssiguié. Pour l’instant, c’est ce que nous avons. Il n’y a pas de fermeture bien au contraire les écoles sont en train de progresser. Concernant l’école maternelle publique Les poussins, ce n’est pas une fermeture. L’école a été délocalisée à l’école primaire publique Plateau 4.

L’épineuse question d’enseignants se pose-t-elle à Agboville ?

Le problème d’enseignant se pose d’une autre manière chez nous à Agboville ici. Quand je prends le cas du secondaire, beaucoup trop de gens habitent la ville et personne ne veut sortir d’Agboville si bien que les lycées 1, 2 et 3 concentraient beaucoup d’enseignants. Avec l’ouverture des nouveaux collèges, d’autres ont été redéployés et nous avons équilibré un peu les choses. Mais le problème se pose d’une certaine façon dans les établissements satellites de Loviguié, d’Attobrou et d’Oress-Krobou surtout. Mais pour Oress-Krobou, nous avons reçu quelques affectations. Progressivement nous allons combler les déficits mais nous pensons que c’est surtout en mathématiques et en français que le problème se pose. Mais ce n’est pas grave grave, mais il est important que tous nos enfants du secondaire, aient leurs enseignants qu’il faut.

Au niveau du primaire, il n’y a pas mal de déficit. Il y a les départs à la retraite, les sorties progressives du fait des concours administratifs, du fait des maladies et aussi du fait que beaucoup cherchent à venir vers l’administration qui dépeuplent en quelque peu le cycle primaire. Par exemple vers Aboudé, il y a beaucoup de bénévoles. L’année dernière, on totalisait une centaine. Au moins une centaine d’enseignants sont venus dans notre direction régionale et cela va combler une bonne partie de nos déficits. Nous attendons aussi quelques stagiaires.

Des difficultés rencontrées au cours de l’année scolaire 2021-2022 ?

Malgré le succès que nous avons eu à plusieurs niveaux, on a eu beaucoup de difficultés financières au niveau des écoles primaires qui ont eu du mal à faire leurs compositions et beaucoup d’entre elles sont avec des dettes. Il y a eu aussi quelques difficultés liées aux incompréhensions avec les parents d’élèves surtout la difficulté de mise en œuvre des décisions prises par l’Etat de Côte d’Ivoire relativement à la suppression des frais annexes et autres. On a dû répondre à beaucoup de critiques, il y a eu beaucoup d’interpellations. On s’est battu jusqu’à ce que chacun comprenne. Cette année je pense qu’il y a beaucoup plus d’espoir que l’année dernière et on va évoluer.

Avez-vous des projections ou des choses que vous souhaiteriez améliorer pour l’année scolaire 2022-2023 ?

Nos projets s’intègrent dans les objectifs de l’Etat donc du ministère. Bien sûr qu’au plan local, nous avons quelques projets. L’un des projets que nous souhaiterions améliorer, c’est d’identifier parmi les nouveaux arrivants au collège ceux qui sont en difficulté. Nous allons reprendre le test de sondage de niveau que nous avons l’habitude de faire à la rentrée de telle sorte que le projet de mise à niveau en lecture et en écriture que nous avons commencé l’année dernière puisse être accentué et avec plus de volontariat. C’est un projet qui me tient à cœur. On voudrait pour ce projet, impliquer les autorités, les élus, tout le monde, pour que chacun aident à son humble niveau, chaque enfant en difficulté.

L’autre projet que je souhaiterais engager avec mes collaborateurs, c’est la récompense à travers une journée de l’excellence. Elle est nécessaire pour galvaniser ceux qui ont bien travaillés et pour emmener les autres à partir de cette saine émulation, à mieux faire. L’autre projet, c’est de travailler avec la vie scolaire pour sélectionner les activités au profit de nos élèves pour éviter quelques fois le trop plein d’activités. On va poursuivre les examens blancs à travers lesquels on pourra vérifier la valeur des élèves avant le vrai examen. Ça fait la deuxième année que nous les organisons avec beaucoup de succès. On ne peut pas tout faire. Nous allons travailler pour remettre nos enfants à niveau Si nous avons la capacité, continuer à améliorer la qualité des évaluations et des enseignements. C’est très important.

Source : AIP

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