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Burkina / Année scolaire 2020-2021: des centaines d’élèves sous des arbres à Bittou
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4 ans depuissur
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Admin 1A la suite d’une forte pluie tombée le lundi 4 mai 2020, dans la commune de Bittou, province du Boulgou, des salles de classe se sont retrouvées sans toits. Depuis lors, la réfection desdites classes traine, obligeant les élèves à prendre les cours sous des arbres. Une équipe de Sidwaya s’y est rendue, le vendredi 26 mars 2021. Constat !
Martine Kéré est enseignante de la classe de CP2 à l’école primaire publique du secteur 5 de la commune de Bittou, dans la province du Boulgou. C’est sous un arbre de la cour de l’établissement que dame Kéré a aménagé pour dispenser les cours à ses élèves. Il est 11h 10mn, ce vendredi 26 mars 2021, quand nous arrivions sur les lieux au moment du cours de lecture, administré à ses élèves de la classe. Ils sont 58, assis qui, sur des tables-bancs disposés autour d’un arbre, qui, à même le sol, pour profiter de l’ombre, par manque de salle. « Nous suivons la direction de l’ombre autour de l’arbre pour éviter le soleil », explique Martine Kéré, décontractée. Ainsi, c’est à l’air libre, à la merci du vent et des beuglements des troupeaux, l’école étant à proximité d’un marché de bétail, que le savoir est transmis à l’ensemble des classes du secteur 5 de Bittou, excepté celle du CM2. Cette situation, les enseignants et les responsables de l’établissement la vivent depuis la rentrée scolaire 2020-2021. La raison est que les bâtiments de l’école ont été totalement endommagés à la suite d’un orage, dans l’après-midi du lundi 4 mai 2020. Après la tempête, les toits ont été décoiffés, détruisant au passage des vivres et des manuels scolaires. Les écoles de Bittou C, B et le lycée municipal de la commune ont également subi la furie de cette forte pluie, selon le directeur adjoint de l’école du secteur 5, Paulin Diessongo.
L’achèvement des programmes incertain
Depuis cette date, toute la communauté éducative, des enseignants aux responsables administratifs ne savent plus à quel saint se vouer. Pour l’inspecteur, Chef de la Circonscription de l’éducation de base (CCEB) de Bittou 2, Harouna Zané, c’est en effet une période difficile que le monde éducatif traverse dans son ensemble dans la commune. Il explique qu’après le passage du vent, une délégation du ministère en charge de l’éducation nationale s’est déportée
sur les lieux à l’effet de constater les dégâts et prendre les dispositions qui s’imposent. De cette mission, confie-t-il, promesse leur avait été faite de réfectionner les bâtiments, dans un délai de deux semaines. « Avec cette promesse, ils ont décoiffé toutes les toitures des écoles qui étaient partiellement touchées. N’ayant plus de salle de classe, il fallait reloger les enfants sous des arbres en attendant la fin des travaux. Et après, les ouvriers sont partis, laissant les élèves et les enseignants à eux-mêmes », relate M. Zané. A l’entendre, des démarches ont été entreprises auprès de l’autorité communale afin de remédier « diligemment » au problème. L’initiative a été sans succès, au grand dam du corps enseignant au regard des difficiles conditions dans lesquelles il travaille. En effet, dans un tel contexte, foi de M. Zané, il n’est pas évident que les programmes scolaires soient achevés avec pour conséquence des résultats en deçà des attentes, en fin d’année notamment. « Nous sommes suffisamment inquiets par rapport aux résultats de fin d’année de ces trois écoles. Toutefois, nous faisons de notre mieux pour parvenir à des résultats assez meilleurs avec le dévouement salutaire des enseignants qui, du reste, ont déployé d’autres stratégies pour atténuer la situation », confie le CCEB, souhaitant, par ailleurs, la réfection des classes dans les plus brefs délais. Ses vœux sont, à juste titre, partagés par le président du Comité de gestion des établissements scolaires (COGES) de la commune de Bittou, Idrissa Galbané. Ce sexagénaire estime cependant que la situation des écoles a empiré depuis « la descente » de l’entreprise CGE-BAT pour la « prétendue » réfection. Selon lui, elle est venue précipitamment décoiffer tous les toits alors que les élèves pouvaient se débrouiller avec le peu de toiture que le vent a laissée. « A l’école B, on avait pu raccommoder les toits pour pouvoir traverser l’année en attentant une solution et comme l’entreprise est venue décoiffer le bâtiment, le mal s’est aggravé », lâche-t-il, courroucé.
La lourdeur administrative indexée
Du côté de la mairie, la situation est aussi déplorée par le conseil municipal. En effet, à en croire le maire de la commune, Lassané Zampaligré, des démarches ont été menées auprès des partenaires pour résoudre au plus vite le problème, dès que la situation s’est posée.
Dans ce sens, soutient-il, le Fonds permanent pour le développement des collectivités territoriales (FPDCT), l’actuelle Agence nationale d’appui au développement des collectivités territoriales, est venu constater les dégâts avec des coûts estimatifs pour la réfection des établissements. « Comme cela tardait, le conseil municipal a essayé de débloquer de l’argent pour reconstruire l’école du secteur 5 et l’école C. Le budget avait même été élaboré. Après, c’est le ministère qui envoie des émissaires, à travers une entreprise qui nous dit qu’il devrait réfectionner les écoles », fait-il savoir. C’est fort de cette promesse, poursuit l’édile, que les fonds qui avaient été débloqués, à
hauteur de 26 millions F CFA, au profit des établissements endommagés ont été réorientés pour la construction de salles de classe dans le village de Douré. Pour l’entreprise adjudicataire chargée des travaux, CGE-BAT, le retard accusé est indépendant de sa volonté. Son Directeur général (DG), Harouna Zoetyandé, joint au téléphone, explique que c’est le quitus du ministère en charge de l’éducation nationale, pour une question d’avenant, devant entériner le démarrage des travaux qui constitue le nœud gordien du problème. Le DG de CGE-BAT insinue qu’afin de garantir la qualité des travaux en prenant surtout en compte d’autres aspects des bâtiments qui avaient été occultés, un avenant a été proposé au ministère qui, selon lui, a manqué de diligence. Ces avenants, indique M. Zoetyandé, s’élèvent à 17 millions F CFA pour la réfection de 14 établissements. « Si on savait que l’approbation des avenants allait prendre du temps, on n’allait pas décoiffer toutes les écoles », dit-il.
Pour lui, c’est la lourdeur administrative qui a occasionné tous les désagréments qui ont mis la communauté éducative de Bittou dans cette situation « peu enviable ».
Garantir la durabilité des bâtiments
Qu’à cela ne tienne, il rassure qu’après des échanges avec le ministère en charge de l’éducation, la réfection des écoles du secteur 5, C et B de la commune de Bittou interviendra durant les congés scolaires du second trimestre. « Les classes seront refaites pendant les congés afin que les élèves puissent revenir suivre les cours dès la rentrée du 3e trimestre », promet le chargé du suivi et du contrôle de CGE-BAT pour la réfection des écoles de Bittou, Sondow Sim. En attendant le retour à la normale, le directeur provincial de l’Education nationale, de l’Alphabétisation et de la Promotion des langues nationales du Boulgou, Pierre Bourbila Silga, déplore la situation actuelle des établissements touchés. Toutefois, des dispositions sont en train d’être prises, convainc-t-il, pour que la commune retrouve « incessamment » toutes ses écoles détériorées. Toute chose qui, reconnaît-il, devrait permettre aux enseignants de dispenser les cours dans de bonnes conditions pour le bonheur des apprenants. « C’est vraiment malheureux que les enfants soient dans la nature pour les cours. Sinon, la volonté de l’Etat a toujours été de faire diligence quand ces genres de situation arrivent. Mais, il reste qu’on est le plus souvent confronté, sur le terrain, a des difficultés », prétexte M. Silga. Au demeurant, indexant la qualité des travaux de construction desdites écoles qui, de son point de vue, serait à l’origine des dégâts, il souhaite que l’attention ne souffre d’aucune légèreté dans la réfection afin de garantir la durabilité des bâtiments.
Source : aouaga