Pour couvrir les besoins en enseignants, les gouvernements qui se succèdent recrutent aussi bien pour le sous-secteur de l’enseignement primaire que celui de l’enseignement secondaire, des enseignants qui ne sont malheureusement pas traités comme des agents de l’Etat. Après l’expérience de la vacation qui a duré plusieurs années, le régime de la rupture a fait une nouvelle option qui consiste à sédentariser lesdits enseignants au niveau du sous-secteur de l’enseignement secondaire. Après la première année d’expérience de la sédentarisation, le gouvernement de la rupture a, contre toute attente, procédé à l’augmentation du quota horaire des enseignants pré-insérés appelés « Aspirants au Métier d’Enseignant ». Cette situation a suscité une vague de réactions dans le rang des responsables syndicaux à divers niveaux et le Chef de l’Etat a dû inviter les Confédérations et Centrales Syndicales accompagnés des porte-parole des AME pour une séance de travail le 08 octobre 2020. Au cours de cette séance de travail, le Chef de l’Etat a fait une déclaration très importante qu’il nous paraît nécessaire de rappeler ici. « Les trente (30) heures ne constituent pas du fétichisme. Si on peut y aller avec 18heures et 20heures, allons-y ». Malheureusement, ces propos n’ont pas été concrétisés. Les AME continuent toujours d’exécuter entre 26heures et 30heures et ce, en violation de l’article3 de l’arrêté N°2019-069 du 27 novembre 2019 portant charge horaire hebdomadaire des professeurs des enseignements secondaire général, technique et de la formation professionnelle. Cet acte viole également les dispositions de la Convention N°111 de l’Organisation Internationale du Travail (OIT) concernant la discrimination (emploi et profession) ratifié par le BENIN le 22 mai 1961.
Lors des séances de négociations, le gouvernement a promis faire une évaluation de la situation des AME afin de régler les problèmes auxquels ils sont confrontés. Devant l’Assemblée Nationale, en réponse aux questions des députés sur les problèmes liés au quota horaire d’une part et à la durée du contrat d’autre part, le Ministre des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle a également annoncé que le gouvernement est en train de prendre les dispositions pour régler les problèmes évoqués et améliorer les conditions de vie et de travail des AME. Comme la pratique du gouvernement de la rupture en matière de respect de l’engagement pris ne rassure pas toujours, les AME ont décidé de manifester leur mécontentement en réclamant le paiement de douze (12) mois de salaire, le retour au quota horaire hebdomadaire normal et leur recrutement en qualité d’Agents de l’Etat. Cette réclamation est normale et correspond aux dispositions de la recommandation N°205 de l’OIT concernant l’emploi et le travail décent au service de la paix. En effet, l’OIT recommande que les Etats membres favorisent l’emploi durable et le travail décent, la protection sociale et l’inclusion sociale. Un travail décent procure à celui qui l’accomplit, un salaire qui lui permet de satisfaire ses besoins fondamentaux, une assurance maladie et une protection sociale pour le reste de sa vie où il n’est plus en activité. Au regard de ces caractéristiques, le travail qu’accomplissent les AME est loin d’être décent.
Face à la réclamation de cette catégorie d’enseignants en vue de l’amélioration de leurs conditions de vie et de travail, le gouvernement, à travers le Directeur du Cabinet du Ministre des Enseignements Secondaire, Technique et de la Formation Professionnelle a préféré les menaces et les intimidations en procédant à la suspension des signataires de la motion et beaucoup d’autres AME qui ont respecté le mot d’ordre de leurs responsables.
Pour le SNESTP-BENIN, l’option du gouvernement qui consiste à suspendre les responsables signataires de la motion est loin d’être la solution au problème réel qui se pose. A travers la manifestation de mécontentement des AME qui a commencé déjà par le boycott des devoirs surveillés dans plusieurs lycées et collèges publics pendant la semaine allant du lundi 29 novembre au vendredi 03 décembre 2021, il faut comprendre qu’il s’agit de l’expression d’un ras-le-bol. Le gouvernement n’aurait donc trouvé aucune solution au malaise profond que vivent les AME en obtenant par les menaces et les intimidations, la suspension de leur motion de protestation. Même si ladite motion est déjà suspendue, nous restons convaincu que les activités pédagogiques seront mal exécutées par les enseignants concernés car, aucun enseignant maltraité, déçu et démotivé ne peut faire une bonne prestation et améliorer la qualité de l’offre éducative. Il urge alors que le gouvernement prenne la mesure de la situation. C’est pourquoi le SNESTFP-BENIN fait les propositions ci-après :
– Réhabiliter tous les responsables des AME ainsi que leurs collègues suspendus pour fait de grève
– Ouvrir les négociations avec les Secrétaires Généraux des Confédérations et Centrales Syndicales et les Représentants des AME ;
– Examiner les réclamations objet de la motion de protestation des AME et y apporter les solutions appropriées ;
– Régler en urgence la question du retour au quota horaire hebdomadaire normal pour respecter les dispositions de l’arrêté N°2019-069 du 27 novembre 2019 mais aussi la déclaration solennelle du Chef de l’Etat en date du 08 octobre 2020 à travers laquelle il a indiqué clairement que les trente (30) heures ne constituent pas du fétichisme. Ce retour à la légalité permettra à plusieurs admis dans la base non encore déployés d’avoir aussi des heures ;
– Définir une perspective claire par rapport à l’avenir des AME en faisant d’eux des Agents de l’Etat parce que le besoin existe.
Le SNESTFP-BENIN espère que le gouvernement agira pour le bonheur du système éducatif béninois en privilégiant les négociations et en faisant preuve de bonne foi lors desdites négociations. Cette bonne foi passe par le respect des engagements pris. C’est le seul moyen de décrisper la tension et de sauver l’école béninoise.
Source : acotonou