Le premier ministre, Jean Castex, l’assurait encore dans la soirée du dimanche 14 mars : « Il faut avoir confiance dans ce vaccin et se faire vacciner. » Malgré les doutes exprimés ces derniers jours par certains pays européens sur les éventuels effets secondaires du sérum développé par AstraZeneca, l’exécutif français, lui, se voulait inflexible. Il n’y a « pas lieu de suspendre » les injections des doses produites par le laboratoire anglo-suédois, estimait le ministre de la santé, Olivier Véran, le 11 mars.
Et ce, malgré de premières – et très rares – alertes concernant des thromboses rencontrées chez quelques patients. « Le bénéfice apporté par la vaccination est jugé supérieur au risque à ce stade », avait défendu M. Véran lors d’une conférence de presse. Las, Emmanuel Macron a été contraint de mettre cette assurance entre parenthèses.
« Par précaution », l’usage du vaccin d’AstraZeneca est désormais suspendu en France, a annoncé le chef de l’Etat, lundi 15 mars, en marge d’un sommet franco-espagnol à Montauban (Tarn-et-Garonne). L’exécutif attend l’avis de l’Agence européenne des médicaments (AEM), qui pourrait être rendu jeudi, avant d’espérer « remettre vite » ce vaccin en circulation « si l’avis de l’AEM le permet », a prévenu M. Macron. Cette décision a été prise, selon lui, « en conformité avec notre politique européenne ».
De fait, c’est bien sous la pression de ses voisins que la France a été contrainte à ce virage. Après le Danemark, la Norvège, les Pays-Bas ou l’Islande, la décision prise par l’Allemagne, lundi après-midi, de suspendre à son tour l’usage de ce vaccin a tout emporté sur son passage. Obligeant le président de la République à s’aligner sur cette position quelques minutes plus tard. « Nous nous étions mis d’accord pour attendre l’avis de l’AEM [initialement prévu mardi], mais Berlin a tiré en premier sous la pression interne, soupire un ministre. L’inquiétude était là, la volte-face allemande ne nous permettait pas d’attendre. » « Notre stratégie est européenne, il est normal de se placer dans ce cadre », plaide le député (La République en marche, LRM) des Français de l’étranger Pieyre-Alexandre Anglade.
Au-delà de cet « effet domino », comme dit un macroniste, rien ne justifierait ce revirement sur le fond à en croire l’exécutif. « Il n’y a pas d’éléments avérés qui nous laissent douter à ce stade de ce vaccin », souligne-t-on à Matignon. Avant même de rendre son avis, l’AEM a d’ailleurs souligné dans un communiqué, mardi, que « les avantages du vaccin d’AstraZeneca dans la prévention du Covid-19, avec son risque associé d’hospitalisation et de décès, l’emportent sur les risques d’effets secondaires ». L’extrême prudence aurait donc guidé cette décision du gouvernement français.
Source : lemonde